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Lifestyle - Société

« Il est sympa ton rouge à lèvres. On le partage ? »

Séduction ou harcèlement, un blog français scrute les dragueurs de rue.
Les témoignages sont parfois poétiques, mais le plus souvent vulgaires jusqu’à l’écœurement : Anaïs Bourdet, graphiste marseillaise, invite les femmes à partager leurs expériences de drague, voire de harcèlement de rue, dans un blog au succès tel qu’elle vient d’en faire un livre.
Alors que se tenait samedi dernier en France la 3e édition de la « Slutwalk » qui vise à lutter contre la culpabilisation des victimes d’agressions sexuelles, le viol et le machisme, cette jeune femme de 28 ans combat à sa manière le « sexisme ordinaire » trop souvent banalisé à son goût. La Slutwalk, littéralement « marche des salopes », est une série de rassemblements initiés en 2011 au Canada en réaction aux propos d’un officier de police de Toronto qui avait suggéré que pour diminuer les chances de viol, « les femmes devraient éviter de s’habiller comme des salopes ».
C’est en découvrant la vidéo d’une étudiante belge, Sofie Peeters, tournée à l’été 2012 en caméra cachée à Bruxelles, qu’Anaïs Bourdet a eu l’idée de lancer son site. Ce documentaire avait mis en évidence les sifflements, regards appuyés et insultes reçus quotidiennement par des femmes dans la rue. « Je me suis reconnue, et en discutant avec mes amies, je me suis rendu compte qu’on avait toutes des anecdotes sur le sujet », raconte Anaïs Bourdet.
Sur son blog baptisé « Paye ta shnek » (« Écarte les jambes », en argot alsacien), les témoignages ont rapidement afflué et la fréquentation est au rendez-vous. « Jusqu’à 30 000 visites par jour », dit-elle, encore « surprise » de l’écho rencontré par sa démarche. Elle y retranscrit les propos bruts, entendus dans la rue, de Marseille à Lille, dont elle a fait une sélection dans un ouvrage paru en juillet après une collecte de fonds sur une plateforme de financement participatif. Plus de 3 000 « tentatives de séduction en milieu urbain » sont compilées. Dans le chapitre « Zieuter », on découvre ainsi un florilège de remarques autour des yeux : « Photocopie de la mer », « Couleur bus RATP », « de chat » ou « qui crient braguette »...
Des hommes tentent la flatterie : « Si vous étiez une fleur, je vous aurais butinée jusqu’au cou. » D’autres tentent leur chance : « Mademoiselle ! Si tu veux m’épouser, y a pas de souci, je t’attends ici » ; « Il est sympa ton rouge à lèvres. On le partage ? », etc. Beaucoup n’hésitent pas à lancer aux passantes des grossièretés : « Vas-y, fais pas ta pute, donne-moi ton arobase », ou des apostrophes sexuelles : « Salutérus, ça vagin ? », sans oublier les insultes de très mauvais goût, le livre se concluant même par la rubrique « effrayer » avec des phrases du type « Hey ! Te baisse pas comme ça, tu vas prendre neuf mois. »
À chaque fois, les citations sont localisées (Paris gare du Nord, Lyon place Bellecour, Nancy en boîte...) pour montrer que « le machisme s’exprime partout et touche toutes les sphères de la société et tous les âges », insiste Anaïs Bourdet, alors que le film de Sofie Peeters, ciblant un quartier populaire à forte population immigrée, avait été accusé de racisme. « Le harcèlement de rue, ce n’est pas un délire de femme parano. Le but, ce n’est pas de blâmer la drague en général, mais de pointer des méthodes indélicates avec humour et ironie », et par là même de susciter une prise de conscience, poursuit la graphiste qui « se dit plus égalitariste que féministe ». « Souvent, les lecteurs sont morts de rire au début puis, au bout de plusieurs pages, ils finissent par être écœurés. »
Parmi la gent masculine, nombreux « tombent des nues », tandis que les internautes féminines y voient un « exutoire » et trouvent le courage de « baisser moins les yeux dans la rue ».
D’un point de vue juridique, ces invectives semblent « pouvoir relever de l’injure commise envers une personne en raison de son sexe », passible quand elle est publique d’une peine de six mois de prison et de 22 500 euros d’amende, relèvent, en préface du livre, les avocates Leila Hamzaoui et Valence Borgia. Pourtant, les décisions en la matière sont rarissimes car « le réflexe demeure l’évitement plutôt que la contre-attaque, quand bien même les mots proférés seraient particulièrement dégradants et choquants », déplorent-elles, appelant à « un changement radical des mentalités » pour « ne plus assimiler des propos sexistes à de la séduction potache ».
(Source : AFP)
Les témoignages sont parfois poétiques, mais le plus souvent vulgaires jusqu’à l’écœurement : Anaïs Bourdet, graphiste marseillaise, invite les femmes à partager leurs expériences de drague, voire de harcèlement de rue, dans un blog au succès tel qu’elle vient d’en faire un livre.Alors que se tenait samedi dernier en France la 3e édition de la « Slutwalk » qui vise à...

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