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Le Liban sous la houlette des grandes puissances

Le « Groupe d’appui » à l’ONU tente d’alléger les retombées de la crise syrienne sur le pays.

La délégation libanaise en réunion avec la partie russe présidée par Sergueï Lavrov, à New York, hier.  Photo Dalati et Nohra

Comme prévu, l’importante réunion ministérielle inaugurale du « Groupe d’appui international au Liban » a eu lieu hier au siège de l’ONU à New York en marge de la 68e session de l’Assemblée générale de l’ONU. Elle s’est déroulée sous la houlette du secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, en présence du chef de l’État Michel Sleiman, des ministres des Affaires étrangères des cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, dont notamment le secrétaire d’État américain, John Kerry, les ministres des Affaires étrangères de Russie, Sergueï Lavrov, de France, Laurent Fabius, du Royaume-Uni, William Hague, de Chine, Wang Yi, du haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés (Unhcr) Antonio Guterres, de l’administrateur du PNUD Helen Clark, du président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, du coordonnateur spécial de l’ONU pour le Liban, Derek Plumbly, ainsi que des chefs de la Ligue arabe, Nabil el-Arabi, et de l’Union européenne, Catherine Ashton.
Cette réunion est consacrée à l’examen des moyens de préserver la stabilité, la sécurité du Liban et de sauvegarder le pays dans le contexte de la crise syrienne, ainsi qu’au dossier des réfugiés et aux communautés vulnérables, au soutien structurel et financier au gouvernement du Liban et à l’appui à l’armée libanaise. Elle donne le coup d’envoi d’une initiative qui sera suivie d’autres réunions similaires avec la possibilité d’inclure d’autres partenaires.

Une initiative « rare... »
Prise par les Nations unies, cette « initiative est rare dans le contexte de cette semaine ministérielle au nom d’un pays particulier », a indiqué hier Derek Plumbly, coordonnateur spécial des Nations unies pour le Liban, lors d’un point de presse tenu à New York. « Pourquoi le Liban ? s’est-il interrogé, pour trois raisons : l’impact humanitaire, sécuritaire et économique de la crise syrienne, l’engagement renforcé de l’ONU vis-à-vis du Liban et la résilience libanaise. »
« Nous sommes tous concentrés sur la crise syrienne mais aussi sur son impact sur tous les pays voisins. Le Liban est probablement le plus vulnérable et le plus affecté par la crise syrienne, en termes de sécurité intérieure, des diverses pressions à la frontière avec la Syrie, avec la présence accrue des réfugiés. Si on inclut les réfugiés syriens et palestiniens, il y a plus de 800 000 qui sollicitent l’assistance de l’ONU au Liban, sans compter l’impact économique et social sur le pays. À l’heure actuelle, le pays est soumis à des pressions aiguës, » a noté M. Plumbly.

 

(Reportage : Ces enfants syriens réfugiés au Liban qui travaillent pour survivre...)


Il a rappelé aussi que « l’ONU a beaucoup investi au Liban, envers lequel elle s’est engagée à travers les résolutions du Conseil de sécurité, notamment la 1701, mais aussi par la présence des agences de l’ONU qui, à cause de la crise humanitaire des réfugiés, se sont renforcées dans le pays, tel par exemple le PAM (Programme alimentaire mondial) qui fournit une assistance alimentaire à des centaines de milliers de réfugiés ». « Il y a aussi la grande résilience des Libanais qui est mise à rude épreuve », a ajouté Derek Plumbly, avant de poursuivre : « Le Liban ne peut sortir de l’ornière que s’il reçoit un soutien international adéquat. C’est là une partie de l’objectif de cette initiative qui a pris forme le 10 juillet dernier avec la déclaration présidentielle adoptée par le Conseil de sécurité. »
« Cette déclaration très complète est la première depuis bien longtemps sur le Liban, a constaté M. Plumbly. Elle offre un aperçu complet sur le soutien à apporter aux institutions de l’État, sur la souveraineté, la stabilité et la sécurité du pays du Cèdre et réaffirme l’adhésion (de la communauté internationale) à la politique de dissociation suivie par le Liban durant la crise syrienne, sous la houlette du président Sleiman, conformément à l’engagement que les parties libanaises ont pris dans la déclaration de Baabda. »

Gérer l’impact de la crise syrienne
Car il s’agit avant tout d’un appui continu de la communauté internationale pour « garder le Liban à l’abri de l’impact de la crise syrienne. Dans sa déclaration présidentielle, le Conseil souligne qu’il importe que le Liban puisse compter sur un soutien ferme et coordonné de la part de la communauté internationale pour continuer à relever les nombreux défis lancés à sa sécurité et sa stabilité. Le Groupe de soutien répond à cette partie particulière de la déclaration », a insisté M. Plumbly. 

 

(Lire aussi: De New York, Sleiman appelle les États amis à préserver la neutralité du Liban)


Les appels lancés pour un plus grand soutien international par le président Michel Sleiman et d’autres parties au Liban ont donc été entendus. Initiée par le secrétaire général, l’idée de former un groupe international de pression a été discutée parmi les cinq pays membres permanents du Conseil qui forment le noyau de ce groupe, la France jouant un rôle pivot. C’est Ban Ki-moon qui a pris l’initiative de lancer l’événement à l’occasion de la semaine ministérielle à l’ONU, a indiqué M. Plumbly.
Le premier objectif de cette conférence est de soutenir le Liban, de renforcer le message politique, à savoir l’appui à la sécurité, à la stabilité et la sauvegarde du Liban de l’impact de la crise syrienne. C’est aussi de mettre en évidence, promouvoir et défendre une assistance matérielle mais non seulement dans les domaines où le Liban est affecté de manière aiguë par la crise syrienne. Il ne s’agit pas d’une réunion de bailleurs de fonds. D’autres réunions de discussions et de forums dans le contexte des programmes et activités spécifiques de l’Unhcr suivront. C’est lors de cette plate-forme qu’une aide supplémentaire sera préconisée dans le cadre de la Banque mondiale.
L’armée et les FSI, dont le rôle est primordial au Liban-Sud en coopération avec la Finul le long de la ligne bleue, et à l’intérieur du pays, a reçu le soutien international des bailleurs de fonds. Le secrétaire général estime que le soutien financier international est nécessaire. « C’est quelque chose que nous espérons faire avancer. Le président Obama a annoncé mardi des fonds supplémentaires pour l’armée dans ce contexte », a rappelé Derek Plumbly.

Réfugiés et crise économique
Le deuxième programme de soutien est celui des réfugiés. « Nous sommes de plus en plus à la recherche d’une solution à la crise des réfugiés qui est aussi celle des collectivités qui les accueillent si généreusement, tels les municipalités, les services publics et les écoles », a estimé le coordonnateur onusien. « La pression constituée par les réfugiés est aussi un autre facteur déterminant pour la stabilité et la sécurité du pays », a-t-il ajouté. Le troisième élément est la charge supplémentaire portée par le gouvernement libanais.
Ce dernier, en collaboration avec les agences de l’ONU sur le terrain et la Banque mondiale, a mis en place un plan d’évaluation, bien documenté et échelonné sur une période de deux ans 2012-2014, sur l’impact de la crise syrienne sur le commerce, le tourisme, les investissements, ainsi que sur les raisons qui ont contribué à la perte des recettes de l’État. « C’est une situation grave que le Liban vit notamment dans le secteur de la santé et l’éducation », a observé Dereck Plumbly.

Répartition des réfugiés dans d’autres pays
La réunion ministérielle du Groupe d’appui international examinera ces « impacts négatifs » pour tenter d’obtenir une assistance supplémentaire. Dans le cas des réfugiés, une réunion au niveau ministériel se tiendra le 30 septembre à Genève, sous la houlette d’Antonio Guterres (Unhcr), pour essayer de trouver d’autres formes d’assistance traditionnelle dont le Liban pourrait avoir besoin.
Beyrouth y sera représenté avec tous les États voisins. Le Liban se concentre particulièrement sur la possibilité de réinstallation des réfugiés dans certains pays. L’Allemagne a tout récemment accueilli 5 000 réfugiés. « Dans le contexte de l’économie libanaise et l’impact économique et social, nous sommes au début d’un processus de discussion avec la Banque mondiale, les institutions des Nations unies, le gouvernement libanais et les bailleurs de fonds sur la façon dont la réponse doit être conçue et prise avant octobre. En marge de la réunion de la Banque mondiale, un accent particulier sera mis sur les programmes à développer et les mécanismes à fournir pour attirer les donateurs. C’est d’une importance vitale pour le Liban et c’est ce que nous espérons obtenir de cette réunion » a-t-il conclu.

 

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