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Liban - Exécutif

Le « souci rassembleur » de Sleiman vivement contré par le 8 Mars

Pour le Hezbollah, le président Michel Sleiman « pèche par excès d’optimisme en prévoyant d’achever la répartition des portefeuilles dans les cinq jours qui suivent ». Baabda s’explique.

Les concertations menées par le président de la République Michel Sleiman à New York en marge des travaux de l’Assemblée générale de l’ONU auront abouti à un appui international quasi unanime à la neutralité et la stabilité du Liban. C’est dans ce cadre que s’inscrirait par exemple l’annonce par le président américain à son homologue libanais de l’octroi d’une aide de 8,7 millions de dollars US à l’armée libanaise. Des sources diplomatiques informées de la teneur des entretiens de la délégation libanaise à New York rapportent que le président s’est entendu, avec « la majorité » des responsables et personnalités avec lesquels il s’est entretenu, sur l’importance de consolider la présence de l’armée sur tout le territoire et, corollairement, de mettre un terme à toute présence d’armes en dehors de la légitimité étatique. C’est dans ce contexte que le plan sécuritaire en banlieue sud pourrait, du moins dans la forme, être perçu comme un nouveau pas dans ce sens. Les entretiens auraient en outre inclus la question du retrait d’Israël des fermes de Chebaa et des collines de Kfarchouba, afin de sceller la mise en œuvre de la 1701. 


Le discours prononcé à l’ONU par le chef de l’État, qui s’articule, d’une part, sur la déclaration de Baabda, comme seule voie d’immuniser la sécurité du pays, et, d’autre part, sur le respect des résolutions internationales, seules garantes de cette sécurité, annoncerait-il la relance du processus de formation du nouveau cabinet ? Et, surtout, son intention exprimée au Figaro la veille de former un gouvernement au plus vite d’ici à début d’octobre, parce que « la chance donnée à la formation d’un cabinet consensuel a trop duré », a-t-elle des chances d’aboutir ? 

 

(Lire aussi: De New York, Sleiman appelle les États amis à préserver la neutralité du Liban)


Ces propos ont produit des réactions divergentes hier entre le 14 Mars (le député Ammar Houry a estimé que les « chances de former un nouveau cabinet sont en hausse continue ») et le 8 Mars (pour le député Sélim Salhab, « aucune entente n’existe jusque-là à ce niveau »).
Le Hezbollah maintient en tout cas, avec la même intransigeance, son refus de la formule préconisée par le chef de l’État, à savoir un gouvernement de nature et de composition politiques, basé sur la formule des trois huit, qui n’accorde donc à aucune partie un tiers de blocage, qui obéit en outre au principe de l’alternance des portefeuilles, et se fonde sur la déclaration de Baabda.

 « La déclaration de Baabda n’est pas légitime »
Le parti de Dieu tente de tourner en dérision ce texte, mettant en valeur le triptyque armée-peuple-résistance, et écartant surtout toute chance pour le gouvernement de voir le jour de sitôt, si la formule des trois huit est maintenue. Ainsi, le député du bloc de Fidélité à la résistance Kamel Rifaï a estimé que « le président Michel Sleiman pèche par excès d’optimisme en prévoyant d’achever la répartition des portefeuilles dans les cinq jours qui suivent, avec le Premier ministre désigné Tammam Salam ». Réitérant l’attachement du Hezbollah à « des nominations représentatives du poids des blocs parlementaires », il a accusé le 14 Mars d’entraver la naissance du nouveau cabinet en exigeant l’alternance dans les portefeuilles. Il s’est surtout dit désolé du choix par le chef de l’État d’inclure dans son discours à New York la déclaration de Baabda, puisque celle-ci « est une recommandation sans effet contraignant. N’émanant pas des institutions constitutionnelles, ce texte est sans légitimité ». Il a réclamé dans ce cadre un retour à la table de dialogue. Une source du Hezbollah citée par al-Manar a affirmé en outre que le cabinet de fait accompli n’a aucune chance d’obtenir le vote de confiance au Parlement, assurant que le Hezbollah « ne reviendra pas sur ses constantes ».

 

(Lire aussi: Le Liban sous la houlette des grandes puissances)


Si, par ailleurs, l’initiative du président de la Chambre Nabih Berry peut ébranler cet immobilisme, ce sera uniquement par un retour au dialogue national, ce qui ajournerait la formation du cabinet. Il semblerait pourtant que cette initiative, fort critiquée par le 14 Mars faute de mentionner explicitement la déclaration de Baabda, trouve une oreille attentive à Baabda. Des sources du mouvement Amal citées par l’agence d’information al-Markaziya affirment en effet que le président Berry attend le retour du chef de l’État pour lui communiquer les points de vue des différentes parties en vue de la relance du dialogue. En outre, les députés réunis hier à Aïn el-Tiné dans le cadre de la rencontre parlementaire de mercredi ont transmis le conseil du président de la Chambre d’éviter tout propos sur un cabinet de fait accompli, « parce que cela n’est dans l’intérêt de personne ».

« L’anecdote » critiquée par Joumblatt
De plus, les discours sur l’importance d’un « cabinet consensuel et fédérateur » se sont multipliés hier, y compris chez le chef du Front de lutte nationale, le député Walid Joumblatt. Ce dernier a souhaité, dans une allusion à peine voilée au 14 Mars, « l’inspiration à tous ceux qui s’opposent à la participation des autres au cabinet, sachant que nul ne peut effacer l’autre ». « Seul le choix d’arrondir les angles, de faire preuve de flexibilité et de renoncer aux conditions impossibles est susceptible d’aboutir », a-t-il affirmé au quotidien as-Safir. De même, dans une interview à la chaîne al-Manar, il est allé jusqu’à qualifier « d’anecdote » les propos présidentiels publiés par Le Figaro, qui contrediraient les précédentes déclarations du chef de l’État et du Premier ministre désigné sur un cabinet rassembleur. Il a estimé que « la formule des trois huit a besoin d’être révisée, à l’heure où seul un cabinet fédérateur permet de relever les multiples défis auxquels fait face le Liban ».

Le rôle de l’Arabie
Devant ces réactions, des sources de Baabda ont tenu à « clarifier » la position du chef de l’État exprimée au quotidien français. « Ce qui a été écrit sur des délais fermes n’est pas précis. En évoquant des délais, le président a voulu transmettre son souci de convaincre les parties d’atténuer leurs conditions. Loin de lui l’idée de signer le décret de formation d’un cabinet de fait accompli », ont précisé ces sources. C’est dans ce cadre d’ailleurs que le vice-président de la Chambre Farid Makary a évoqué hier « le souci rassembleur » du président Sleiman, rappelant que ce dernier se rend dans les prochains jours en Arabie saoudite, où il s’entretiendra entre autres avec l’ancien Premier ministre Saad Hariri. Le 8 Mars semble en tout cas s’en remettre à l’Arabie saoudite, « qui a une grande influence sur certaines parties au Liban » comme l’a rappelé hier le député berryste Ali Khreiss, revenant sur « le rôle fondamental de l’Arabie ».
Devant ce schéma, un ultime appel au respect des échéances lancé par le député Boutros Harb : « Il n’est pas normal que le chef de l’État accepte que l’élection présidentielle se déroule à l’ombre d’un gouvernement d’expédition des affaires courantes, c’est pourquoi il est déterminé de former un cabinet, quitte à en assumer la responsabilité avec le Premier ministre désigné. »

 

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ÉVIDEMMENT.... !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

09 h 01, le 26 septembre 2013

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Commentaires (4)

  • ÉVIDEMMENT.... !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    09 h 01, le 26 septembre 2013

  • QUI D'AUTRE LANCE DES CLOUS SOUS LES PNEUS ?

    SAKR LOUBNAN

    05 h 39, le 26 septembre 2013

  • J'insiste...des pantins.sans réel pouvoir de décision....qui obéiront quand les grands auront décidé.Pour ceux qui n'auraient pas encore compris,et qui ne voient pas qu'un accord d'envergure se dessine entre russes et américains sur le MO,je rappelle que ces "ennemis" viennent d'envoyer les astronautes et leurs cosmonautes,pépères tranquilles,et ensemble,sur un Soyouz russe,rejoindre l'ISS occidental pour se faire une petite rave cosmique.Etonnant,hein,pour des gens qui se détestent....mais allez vous enfin comprendre que la fin de la récré a été sifflée...et que ce ne sont nos abadayes à la petite semaine qui feront la loi au Liban?

    GEDEON Christian

    05 h 18, le 26 septembre 2013

  • Ils sont tous pitoyables...parce que la vérité est qu'ils feront ce qu'on leur dira de faire,quand on leur dira de le faire "en haut lieu"...des pantins...

    GEDEON Christian

    04 h 51, le 26 septembre 2013

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