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Économie - Liban - Enquête

Facebook, plate-forme de tous les trafics

De l’oiseau exotique aux contrefaçons de grandes marques de luxe, certaines pages sur Facebook proposent à la vente toutes sortes d’objets illicites et parfois dangereux, sous le nez des autorités impuissantes.

« À vendre, copie de qualité »... Capture d’écran.

C’est une page Facebook, comme l’on en trouve de plus en plus de nos jours, qui héberge (en théorie) des ventes ou des trocs de particulier à particulier. Au milieu des « posts » proposant des habits neufs ou des canapés d’occasion, un message se détache : « Vends toucan pour 2 000 dollars. » Le fait que cet oiseau exotique appartienne à une espèce protégée n’a pas eu l’air de perturber les créateurs de la page, qui n’ont jamais réagi.


Sur une autre page, conçue dans la même veine, un certain Roy vend de « vraies et fausses Ray-Ban » à des prix défiant toute concurrence. Cet entrepreneur ingénieux a reçu le soutien inconditionnel des administrateurs de la page, les premiers à avoir « aimé » ses annonces plutôt franches.


Dans l’indifférence générale, des particuliers comme des professionnels postent tous les jours, sur des pages comme Second Hand Beirut, Buy And Sell in Lebanon, Buy & Sell (Customer to Customer), des incitations à acquérir des contrefaçons ou des produits dont la vente est régulée, voire proscrite.


Mais, tandis que les mauvaises copies de sacs Vuitton ou les téléphones portables « tombés du camion » représentent plus un danger pour le portefeuille du consommateur crédule que pour sa santé, il en va autrement des Tasers ou des fusils de chasse – qui, en théorie, ne peuvent être vendus qu’à un particulier muni d’un permis de port d’armes – écoulés sans régulation aucune.


Tout aussi grave, les publicités de certaines pilules amaigrissantes, interdites en Europe en raison de leur dangerosité, fleurissent sur les pages Facebook libanaises. Pouvant contenir des composants chimiques nocifs pour la santé, ces produits tombent normalement sous le coup de la loi promulguée en mars 2010, qui limite « la fabrication, l’importation, l’entreposage et la commercialisation des produits à base de plantes médicinales, quels qu’ils soient, aux seuls pharmaciens », et en interdit toute publicité. Sauf que, comme de coutume, la loi n’est quasiment jamais appliquée et les ministères concernés se renvoient la balle.

Une lutte inégale
Il n’existe pas aujourd’hui au Liban de cellule de surveillance spécifique chargée de repérer, de dénoncer ou d’agir contre les trafiquants en tout genre qui sévissent sur Internet.
Il existe toutefois une entité, qui dépend du département de la protection du consommateur – autorité rattachée au ministère de l’Économie, dont le rôle est de traiter les « ventes à distance », terme générique englobant entre autres le téléachat et la vente sur Internet.

 

Mais il convient de le noter, cet organisme n’effectue pas de surveillance en soi. « Il agit après avoir reçu la plainte d’un consommateur mécontent », ou après avoir été alerté par un particulier, indique à L’Orient-Le Jour le directeur du département de la protection du consommateur, Fouad Fleifel. « Le numéro de téléphone du vendeur indélicat est tracé, son adresse relevée, et, après enquête, une perquisition intervient si nécessaire pour s’assurer que la marchandise répond aux normes », précise-t-il.


Selon le président de l’Association libanaise pour la franchise (en anglais Lebanese Franchise Association, ou LFA), Charles Arbid, cette entité est « active », « motivée », et son savoir-faire « est en train de se construire doucement ». Et, en parallèle, rappelle-t-il, elle n’agit pas dans l’isolement. Sur le terrain, les douanes sont également actives, étant habilitées à saisir aux frontières les produits illégaux importés.

La contrefaçon représenterait 20 % du PIB
Au final, la régulation des trafics sur Internet même repose essentiellement sur l’esprit citoyen des administrateurs et des utilisateurs de Facebook, car eux seuls ont le pouvoir réel d’influer sur les ventes de produits illégaux – en autorisant ou interdisant la prolifération des « posts », en acceptant d’acheter ou pas les objets en vente. En choisissant, ou pas, d’être complices.


Il est difficile d’avoir des chiffres précis sur la part que représente le marché englobant les trafics divers et variés sur Facebook. Cela étant, le marché de la contrefaçon au Liban est estimé par certains comme représentant à lui tout seul quelque 20 % du produit intérieur brut (PIB).


En outre, selon le ministre sortant de l’Économie, Nicolas Nahas, près de 1 900 plaintes ont été enregistrées en 2011 auprès du département de protection du consommateur. Sur 1 400 000 téléphones portables vendus dans le pays, plus d’un million d’entre eux ne sont pas passés par la case des douanes. « Dans certains domaines comme ceux des logiciels informatiques, le piratage et la contrefaçon atteignent des taux de plus de 70 % », avait révélé l’année dernière le président de l’Association des commerçants (ACB), Nicolas Chammas.

 

 

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