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À La Une - Syrie

Accord russo-US : Damas salue "une victoire", Washington maintient la pression

"L'option militaire doit demeurer, sinon il n'y aura pas la contrainte", selon Hollande.

Le président français, François Hollande, lors d'un entretien dimanche soir à la chaîne de télévision TF1. REUTERS/Francois Mori/Pool

Damas a salué dimanche comme "une victoire pour la Syrie" l'accord russo-américain sur le démantèlement de ses armes chimiques. Dans une première réaction officielle du régime baasiste, le ministre syrien de la Réconciliation, Ali Haïdar, a "salué" l'accord conclu samedi, en soulignant qu'il "aide les Syriens à sortir de la crise" et "a permis d'éviter la guerre contre la Syrie ayant privé d'argument ceux qui voulaient la déclencher".

 

A la veille de la remise au Conseil de sécurité de l'ONU du rapport sur l'utilisation d'armes chimiques en Syrie, le régime a également assuré qu'il se conformerait aux décisions des Nations unies sur le démantèlement de son arsenal chimique. "Nous acceptons le plan russe de nous débarrasser de nos armes chimiques. Nous avons en fait commencé à préparer notre liste" de cet arsenal, a affirmé le ministre de l'Information, Omrane al-Zohbi. "Nous ne perdons pas de temps", a-t-il ajouté.

L'opposition syrienne, qui avait exprimé sa frustration après l'accord, a pour sa part appelé la communauté internationale à imposer également au régime syrien une interdiction d'utiliser les missiles balistiques et l'aviation contre les civils.

(Lire aussi: Assad envoie ses armes chimiques au Liban et en Irak, accuse l'opposition syrienne)

 

Maintenant la pression sur Damas, le chef de la diplomatie américaine John Kerry a pour sa part prévenu que la menace de frappes américaines restait "réelle". M. Kerry, en visite à Jérusalem, a rappelé que les Etats-Unis n'avaient évacué "aucune option", bien que l'accord signé à Genève ait éloigné une menace immédiate de frappes américaines.

 

"Ce n'est pas la guerre froide"

De son côté, le président américain Barack Obama s'est dit satisfait, dans un entretien à ABC News diffusé dimanche mais enregistré vendredi (avant l'annonce de l'accord), que son homologue russe Vladimir Poutine ait pris la responsabilité de pousser son "client", le président syrien Bachar el-Assad, à démanteler ses armes chimiques.

"M. Poutine et moi-même avons de grands désaccords sur tout un éventail de problèmes", a déclaré M. Obama. "Mais je peux lui parler. Ce n'est pas la guerre froide. Il n'y a pas de compétition entre les Etats-Unis et la Russie", a-t-il ajouté. "Tout cela est regardé à travers le prisme de l'opposition russo-américaine. Mais ce n'est pas de cela qu'il s'agit. Il s'agit de s'assurer que les pires armes ne soient pas entre les mains soit d'un régime meurtrier, soit de certains membres de l'opposition, opposés aux Etats-Unis comme à Assad", a-t-il encore déclaré.


Annoncé samedi par M. Kerry et son homologue russe Sergueï Lavrov, l'accord fixe des échéances précises au régime syrien: Damas a une semaine pour présenter une liste de ses armes chimiques, et celles-ci doivent être enlevées et détruites d'ici la fin du premier semestre 2014.

 

(Repère : Principaux points de l'accord russo-US sur l'élimination des armes chimiques syriennes)


Mais pour Olivier Lepick, de la Fondation pour la recherche stratégique, basée à Paris, il est impossible que l'arsenal syrien soit détruit d'ici là. Le calendrier "est totalement fantasque", selon lui. "Je ne pense pas que cela soit possible, étant donné la guerre civile... Même en temps de paix, cela prendrait des années", a-t-il indiqué à l'AFP.

 
Le processus doit être fixé dans une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU mentionnant le chapitre VII de la Charte qui ouvre la voie à de possibles sanctions, y compris un recours à la force en cas de manquement du régime syrien à ses engagements. Mais ce point reste encore entouré d'ambiguïtés, et les conditions de la mise en œuvre de l'accord donnent lieu à d'intenses tractations diplomatiques. 


Lundi à Paris, le président français François Hollande réunira à l'Elysée M. Kerry, arrivé dimanche soir en France, et les chefs de la diplomatie britannique et français, William Hague et Laurent Fabius, pour "mettre en forme la prochaine résolution du Conseil de sécurité".

 

Dimanche soir, M. Hollande a affirmé que l'accord russo-américain représentait "une étape importante, mais pas un point d'arrivée". Une résolution à l'ONU sur la mise sous contrôle de l'arsenal chimique syrien, dont le principe a été agréé samedi par les Etats-Unis et la Russie, pourrait être votée "d'ici à la fin de la semaine" prochaine, a ajouté le président français lors d'un entretien à la chaîne de télévision TF1. Dans le même temps, "l'option militaire doit demeurer, sinon il n'y aura pas la contrainte", a-t-il ajouté.

 

 

Une menace militaire crédible

En visite dimanche à Pékin, M. Fabius a de son côté réaffirmé que l'accord représentait "une avancée importante", précisant que "la France tiendrait compte du rapport des inspecteurs de l'ONU lundi sur le massacre de Damas pour arrêter sa position".
Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a indiqué que ce rapport allait "conclure de manière accablante" à l'utilisation d'armes chimiques, sans qu'il n'entre dans le mandat des inspecteurs de déterminer qui est responsable de l'attaque du 21 août. 

 

(Lire aussi: Le recours au chapitre VII de l'ONU en Syrie, une victoire pour les USA)


Considéré comme une avancée par de nombreuses capitales, dont Pékin, qui depuis plus de deux ans opposait une fin de non-recevoir aux appels internationaux à exercer davantage de pression sur le régime syrien, cet accord suscite moins d'enthousiasme en Turquie et en Israël.
S'exprimant après sa rencontre avec M. Kerry, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a reconnu que le démantèlement de l'arsenal chimique syrien rendrait la région "beaucoup plus sûre", mais a ajouté que "pour que la diplomatie ait une quelconque chance de réussir, elle doit être accompagnée d'une menace militaire crédible". 

 
Les Etats-Unis estiment à 45 le nombre de sites liés au programme d'armes chimiques en Syrie et sont d'accord avec la Russie pour évaluer le stock à 1.000 tonnes, selon un responsable américain.
Tout en laissant entendre que la Russie pourrait dans l'avenir soutenir un recours à la force en cas de non-respect de l'accord, le chef de la diplomatie russe a prévenu que Moscou vérifierait minutieusement toutes les informations accusant le gouvernement syrien.

MM. Kerry et Lavrov ont convenu d'une nouvelle réunion "à New York autour du 28 septembre", afin de fixer une date pour une conférence de paix sur la Syrie.

 

(Lire aussi: Kerry et Lavrov, un couple diplomatique inattendu)


A New York, les Nations unies ont formellement accepté samedi la demande d'adhésion de la Syrie à la Convention de 1993 interdisant les armes chimiques.

Saluant cette adhésion, Marzieh Afgham, la porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, a estimé en outre qu'il "est inquiétant que le régime sioniste soit le seul dans la région du Proche-Orient à ne faire partie d'aucune convention sur les armes de destruction massive", a rapporté l'agence Fars.

 

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