Rechercher
Rechercher

À La Une - Syrie

Geagea à « L’OLJ » : Placer Maaloula sous protection internationale...

« La pire chose que l’on puisse infliger aux chrétiens de la région est la crainte », estime le leader des FL.

Samir Geagea

Les combats pour la prise de Maaloula, village à majorité chrétienne situé au nord-est de Damas, alimentent depuis mercredi des informations non vérifiées sur le massacre de ses habitants par des rebelles jihadistes. Pourtant démenties par des dignitaires présents géographiquement à proximité du site, ces informations confortent la théorie de l’alliance des minorités, que le chef des Forces libanaises Samir Geagea a veillé à discréditer depuis le début de la crise syrienne.


Dans une entrevue à L’Orient-Le Jour, le leader chrétien rappelle la teneur de l’approche qui défend la présence des chrétiens au Moyen-Orient à travers un angle exclusivement humaniste, dépouillé des épouvantails susceptibles d’alimenter une frilosité contraignante et oppressive chez les minorités de la région.


« Ce qui se passe à Maaloula est une transposition identique de la guerre qui secoue toutes les contrées syriennes, souligne dans ce cadre M. Geagea. Maaloula, chrétienne, subit ce que Homs, sunnite, endure. » Précisant d’abord ne pas détenir de données, jusque-là, ni sur le nombre de victimes parmi les habitants de cette contrée ni sur l’ampleur des dégâts, il restreint toutes les informations concrètes qu’il détient dans une phrase, dont la teneur est incontestable : « Le combat bat son plein, à l’heure actuelle, entre les forces régulières, d’une part, et l’opposition, d’autre part. » S’il relève qu’aucune précision supplémentaire ne se dégage des médias locaux et régionaux reconnus, il ne manque pas de citer la déclaration de mère Pélagie Sayyah, l’abbesse du couvent Mar Takla à Maaloula, et du patriarche grec-orthodoxe Mgr Youhanna X Yazigi, qui ont démenti tout massacre dans la localité.

 

(Lire aussi : Les combats reprennent à Maaloula)


En tout état de cause, et en dépit du manque d’informations vérifiées, les politiques et médias du 8 Mars, en l’occurrence « la chorale du 8 Mars et les alliés du régime syrien, s’érigent en protecteurs des chrétiens en stigmatisant un soi-disant massacre ». « S’ils tiennent ce discours, ce n’est ni pour des raisons liées à quelque souci pour les chrétiens ni même par élan humanitaire, mais uniquement pour un investissement politique en faveur du régime de Damas », déplore-t-il, assimilant toute la campagne menée par « les cors du 8 Mars » à une tentative de « consolider un prétexte » qui leur bénéficierait politiquement. « La soi-disant protection des chrétiens est un commerce politique par excellence, un commerce qui se nourrit de la mort et de la tragédie des peuples », affirme le leader des FL.


Vidéo publiée le 9 septembre 2013 par des rebelles syriens. 


Si, par hypothèse, les informations sur un massacre à Maaloula sont vérifiées, Samir Geagea estime que « la seule solution dans ce cas serait de protéger ce village et son patrimoine religieux historique ». Il revient sur les refuges troglodytiques et les églises datant des premiers siècles dans ce village, où la langue araméenne continue d’être parlée par certains habitants. Dès lors, si le régime syrien et ses alliés au Liban sont mus par une authentique volonté de protéger les chrétiens de Syrie et de la région, « la seule solution, et la plus efficace, qui se présente est de réclamer une protection internationale du site de Maaloula ». « Que la Syrie profite de son siège de membre non permanent au sein du Conseil de sécurité de l’ONU pour réclamer cette protection le temps que se termine la crise. L’opposition syrienne ne la contestera certainement pas », propose le chef des FL.

 

(Lire aussi : Au Liban, les rumeurs autour de Maaloula alimentent une véritable psychose chrétienne)


Indépendamment de sa pertinence, cette initiative ne se rallie-t-elle pas à la logique qui différencie le sort des chrétiens de celui du peuple syrien dans son ensemble ? Samir Geagea répond à cette question par la négative, et explique que la solution qu’il propose n’est qu’une réponse à « une situation dont nous avons connaissance à l’heure actuelle ».


S’il interprète la position du Vatican pour la paix en Syrie comme le « prolongement naturel de la position pacifique traditionnelle de l’Église catholique, exprimée même à l’époque hitlérienne », il dénonce toutefois le prosélytisme d’acteurs politiques chrétiens régionaux qui « sortent les chrétiens de leur contexte naturel ». « Il n’est pas normal de détacher cette partie du tissu qui l’a toujours couvé, à l’heure où ce tissu s’insurge pour réclamer la liberté, souligne M. Geagea. Quelle théorie de déplacement forcé des chrétiens peut-elle toujours tenir dans ce schéma ? »
« La pire chose que l’on puisse infliger aux chrétiens de la région est la crainte », ajoute le leader des FL, rappelant que le régime syrien a toujours été le parrain des fondamentalistes, citant le cas de Fateh el-Islam et celui des takfiris d’Irak « biberonnés par les services de renseignements syriens », relève-t-il.

 

 

 

Lire aussi

Guerre syrienne et paradoxe occidental, la perspective de Michel Touma

 

Le cinquième évangéliste, le point de Christian Merville

 

Le Hezbollah se veut rassurant vis-à-vis de la Finul, l'éclairage de Philipe Abi-Akl

 

Mikati : La politique de dissociation à l’égard du dossier syrien est indispensable

 

Voir aussi notre dossier

Repères : vers une intervention militaire étrangère en Syrie 

 

 

Les combats pour la prise de Maaloula, village à majorité chrétienne situé au nord-est de Damas, alimentent depuis mercredi des informations non vérifiées sur le massacre de ses habitants par des rebelles jihadistes. Pourtant démenties par des dignitaires présents géographiquement à proximité du site, ces informations confortent la théorie de l’alliance des minorités, que le chef...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut