Le Hezbollah se veut rassurant vis-à-vis de la Finul

Le Hezbollah va-t-il riposter à la frappe des alliés contre la Syrie quand bien même celle-ci serait limitée géographiquement et dans la durée ? Faut-il craindre une réaction contre les intérêts occidentaux au Liban et des actes visant les représentations diplomatiques ? La Finul serait-elle en outre la cible privilégiée d’éventuelles attaques ?

Selon un ministre informé, il faut attendre que la frappe ait lieu avant de se prononcer sur la réaction pour voir quelle sera son ampleur. De son côté, le Hezbollah, qui a effectué récemment une large manœuvre militaire et humanitaire dans les localités du Sud, assure à qui veut l’entendre qu’il ne s’aventurera pas à riposter de manière irréfléchie, mais attendra la partie syrienne qui déterminera la modalité de la réaction, le parti chiite ne pouvant la devancer. Des sources averties font état d’informations selon lesquelles des éléments du Hezbollah ont récemment rejoint les positions de leur artillerie et des batteries de missiles. Il reste cependant à savoir si la riposte militaire viendra à partir de la Syrie, et quelles seront les cibles visées, les modalités de la réaction et le timing approprié.

Les milieux de la Finul assurent que la force onusienne ne bougera pas du Sud et poursuivra sa mission telle qu’elle a été définie dans le cadre de la 1701. Une source sécuritaire rappelle à ce propos que les forces de la Finul sont des forces multinationales qui œuvrent sous l’étendard des Nations unies. Elles ne représentent pas seulement leurs pays respectifs mais bénéficient d’une ombrelle internationale. Elles ont été déployées au Sud suite à l’adoption de la résolution 1701 et sur base d’une requête libanaise après la guerre de 2006. Par conséquent, commente une source sécuritaire, toute attaque contre la Finul équivaudrait d’abord à une attaque contre le Liban et son armée, contre les Nations unies et, en dernier lieu, contre la communauté internationale qui contribue à ces forces.

Des milieux ministériels écartent d’ailleurs la possibilité que le Hezbollah puisse réagir contre la force onusienne, les responsables du parti chiite s’étant efforcés dernièrement de rassurer les Casques bleus, renouvelant leur attachement à assurer leur protection et leur sécurité, le parti de Dieu étant le premier responsable si ces forces venaient à subir un revers quelconque.

Les sources rappellent à ce propos que les forces onusiennes se trouvent dans les régions qui sont sous l’influence du Hezbollah et dans un milieu favorable à la résistance. Cette prudence dont fait preuve le parti chiite à l’égard des forces onusiennes est également motivée par le fait qu’il vient d’être placé par l’UE sur la liste des organisations terroristes. Il fera par conséquent en sorte de ne pas se faire reprocher une éventuelle attaque contre des forces dont il a la responsabilité, assurent les milieux du 8 Mars.

Au niveau du commandement du parti, l’on craint en outre des sanctions économiques que pourrait adopter le Conseil de sécurité, sanctions qui risquent de nuire à certains responsables et éléments du parti qui pourraient subir des pressions à l’étranger, comme ce fut le cas dans des pays relevant du Conseil de coopération du Golfe où des Libanais accusés de coopérer avec le Hezbollah ont été expulsés de ces pays. Si le parti devait se retrouver dans une telle situation, cela ne ferait que compliquer encore plus sa participation au gouvernement, sa position devenant encore plus vulnérable par rapport aux Libanais, notamment dans le cadre de négociations sur la stratégie de défense.
Autant de facteurs qui sous-tendent la thèse selon laquelle le parti de Dieu a intérêt à montrer patte blanche à l’égard de la Finul, ce qu’il tente de faire dès à présent en donnant au commandement des Casques bleus des assurances en ce sens.

Le Hezbollah, soulignent des milieux ministériels, est pleinement conscient du fait que la phase actuelle est extrêmement délicate et le parti n’ira certainement pas jusqu’à provoquer la communauté internationale par une riposte ciblant la force multinationale. Il optera plutôt pour une réaction « à froid » selon un plan d’action bien étudié dans le cadre d’une réplique à une éventuelle frappe occidentale, de manière à cibler directement les intérêts occidentaux et américains.

Les forces du 14 Mars craignent plutôt une réaction contre des intérêts occidentaux de la part de partis alliés au régime syrien, à travers des actes isolés non planifiés.
Des sources parlementaires confient d’ailleurs que les éléments relevant des partis pro-Assad ont commencé à s’armer et à effectuer des patrouilles la nuit, une tendance que l’État tente de renverser pour mettre un terme au principe de l’autosécurité auquel le Hezbollah a eu recours au lendemain de l’attentat de Roueiss, dans la banlieue sud.
Dernier risque à craindre, enfin, une action de la part de groupuscules fondamentalistes ou islamistes qui, cherchant à se venger pour une raison ou une autre, pourraient être tentés par des actes terroristes contre des intérêts occidentaux.

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