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À La Une - Syrie

Obama affiche sa confiance, Hollande sa détermination

Les dirigeants des pays du G20 se retrouveront jeudi et vendredi à Saint-Pétersbourg.

A Washington on expose aux sénateurs les photos des victims de l’attaque du 21 août à l’arme chimique. Pendant ce temps, le sécrétaire d’Etat John Kerry et le secrétaire de la Défense Chuck Hagel témoignent tentent de convaincre le sénat d’intervenir en Syrie. AFP

En pleine campagne frénétique pour convaincre du bien-fondé des frappes « limitées » en Syrie, le président français François Hollande fait face à une demande croissante d’un vote au Parlement de la part de l’opposition, alors que son homologue américain Barack Obama commence à recevoir les uns après les autres les soutiens des principaux leaders du Congrès, notamment ceux des républicains.


Le locataire de l’Élysée a ainsi réaffirmé hier sa détermination à agir en Syrie et assuré vouloir élargir le groupe de pays impliqués dans une riposte à Bachar el-Assad en créant une coalition incluant les États-Unis, l’Europe et les pays arabes. C’est dans ce cadre que M. Hollande a dit attendre la réponse du Congrès américain, la semaine prochaine, « parce qu’elle aura des conséquences sur la coalition que nous aurons à former. Si la décision n’était pas positive, alors la France n’agirait pas seule, mais elle prendrait ses responsabilités, en soutenant notamment l’opposition démocratique en Syrie de manière à ce qu’une réponse soit apportée », a-t-il ajouté lors d’une conférence de presse à l’Élysée aux côtés du président allemand, Joachim Gauck. Ce dernier a également dénoncé le « viol du droit » en Syrie, rapportant que la chancelière allemande, Angela Merkel, jugeait « possible d’arriver à un accord international sur la réponse appropriée à l’égard de la Syrie ».

 

(Lire aussi : Vote au Congrès américain sur la Syrie : les scénarios possibles)


En réponse à l’interview publiée dans Le Figaro où le président syrien nie toute implication dans l’attaque au gaz du 21 août, des « mensonges », a répliqué François Hollande. Pour lui, « les preuves sont là et nul ne peut les contester », a-t-il assuré, au lendemain de la publication d’un rapport des services secrets français allant dans ce sens. À la lecture de l’interview d’Assad, qui a menacé la France de représailles, « je suis sorti renforcé encore dans ma détermination », a poursuivi François Hollande. « Celles et ceux qui avaient des doutes sur les intentions de Bachar ne peuvent plus maintenant en avoir. Il parle de liquider tous ceux qui ne sont pas d’accord avec lui. Liquider, il aurait pu dire gazer. »
En cas d’attaque, les intérêts français seront menacés, a prévenu Bachar el-Assad. Mais M. Hollande rassure : « Toutes les dispositions » sont prises pour faire face à ces mises en garde. Le président a notamment ajouté que tout laissait croire que le gaz mortel utilisé dans l’attaque chimique était le sarin. « Dans tous les cas, la France restera menacée tant que M. Assad est en poste », a-t-il asséné.

Vote ?
Pour ce qui est d’un éventuel vote au Parlement sur l’engagement français en Syrie, réclamé avec insistance par l’opposition, le président François Hollande n’exclut pas de le demander, a indiqué hier le ministre des Relations avec le Parlement Alain Vidalies.
Un vote des parlementaires français n’est « pas un sujet tabou pour François Hollande », a ainsi déclaré le ministre interrogé sur la radio RTL. Mais le débat parlementaire sur la question syrienne programmé aujourd’hui « ne peut être que sans vote. (...) Sur quoi on voterait ? », a relevé le ministre, alors que Barack Obama a conditionné des frappes américaines sur la Syrie à une autorisation du Congrès américain qui se réunira à partir du 9 septembre. Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault n’avait lui-même pas exclu en début de semaine qu’une consultation assortie d’un vote du Parlement puisse intervenir à un moment donné. En outre, selon un sondage CSA diffusé hier par BFM TV, près de trois Français sur quatre souhaiteraient que le Parlement français se prononce par un vote avant une éventuelle intervention militaire en Syrie.

 

(Lire aussi : C’est surtout au Liban qu’Assad concrétiserait ses menaces contre la France...)


À la veille de ce débat tant attendu, la classe politique française affiche des divisions qui contrastent avec le consensus qui avait entouré l’intervention au Mali au début de l’année. La plupart des ténors de la droite, dont l’ancien Premier ministre François Fillon, pointent « l’isolement » de la France, lâchée par la Grande-Bretagne, fragilisée par la prudence des États-Unis et privée de tout soutien de l’ONU. L’UMP a exigé hier la publication du rapport des experts de l’organisation sur l’utilisation de gaz de combat par le régime syrien et une résolution du Conseil de sécurité en préalable à toute intervention militaire de la France en Syrie.

Boehner + Cantor
À Washington, la campagne lancée par le président Barack Obama pour convaincre le Congrès de donner son feu vert la semaine prochaine à des frappes en Syrie est bel et bien lancée. Et semble bel et bien réussie.
Réunissant à la Maison-Blanche les principaux responsables parlementaires américains, dont ses adversaires républicains qui contrôlent la Chambre des représentants, Barack Obama s’est dit confiant sur les chances de réussite d’une résolution autorisant le recours à la force en Syrie en représailles de l’utilisation d’armes chimiques. Le président a tenu à prévenir que « ce que nous envisageons est quelque chose de limité. C’est quelque chose de proportionné. Cela affaiblira les capacités d’Assad ». M. Obama a néanmoins ajouté avoir « une stratégie plus large qui va nous permettre de renforcer les moyens de l’opposition ».
À l’issue de la réunion, le président de la Chambre, le républicain John Boehner, a officialisé son soutien à une intervention militaire, tout comme son numéro deux, Eric Cantor. La chef de la minorité démocrate de la Chambre, Nancy Pelosi, s’est aussi déclarée favorable à des frappes.
Le soutien-clé de M. Boehner devrait augmenter la dynamique en faveur de frappes, même si sa capacité à convaincre le groupe de représentants proches du Tea Party, hostiles à une intervention, reste à prouver. La Chambre des représentants et le Sénat seront de retour en session lundi prochain, et les votes dans chacune des chambres pourraient intervenir dans la foulée. Le président américain a par ailleurs appelé le Premier ministre japonais Shinzo Abe pour tenter de constituer une coalition la plus large possible en prévision d’une action militaire.

 

(Lire aussi : Boroujerdi aurait coordonné avec Nasrallah « les réponses possibles à une frappe US »)



Crédibilité
De son côté, le secrétaire d’État américain John Kerry a plaidé hier devant le Sénat pour une action militaire de Washington afin de « protéger les valeurs et la sécurité nationale » des États-Unis, faute de quoi son pays continuerait d’être le « spectateur d’un massacre ».
« Un refus d’agir saperait la crédibilité des autres engagements de l’Amérique en matière de sécurité, y compris la promesse du président d’empêcher l’Iran d’acquérir une arme nucléaire », a mis en garde pour sa part le secrétaire américain à la Défense, Chuck Hagel, lors d’une audition devant la commission sénatoriale des Affaires étrangères, selon la version écrite de son intervention.
Sur place, les Américains apparaissent largement opposés à des frappes de leur pays contre le régime syrien. En effet, 36 % des personnes interrogées disent soutenir cette éventualité, contre 59 % qui s’y opposent (5 % se disent sans opinion), selon un sondage réalisé pour ABC et le Washington Post.

G20 tendu
En attendant, les dirigeants des pays du G20 se retrouveront jeudi et vendredi à Saint-Pétersbourg, accueillis par une Russie inflexible dans son refus d’une intervention militaire en Syrie, sujet qui devrait l’emporter sur la crise financière.
La chancelière allemande Angela Merkel a déclaré hier qu’elle espérait encore un consensus international pour répliquer à l’attaque chimique présumée du régime syrien lors d’un sommet du G20 cette semaine et a appelé à de nouveaux efforts diplomatiques pour convaincre la Russie de soutenir une réponse internationale unique contre le régime syrien.
Pour sa part, l’Inde préfère attendre le rapport des experts de l’ONU sur l’utilisation d’armes chimiques en Syrie avant de trancher sur la question de savoir qui en est l’auteur, contrairement à ce qu’a dit le chef du gouvernement britannique David Cameron lors de son discours devant les parlementaires le 29 août, a indiqué hier le ministère indien des Affaires étrangères.

 

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