La cataracte, une affection fréquente due au vieillissement de l’œil

Baisse progressive de la vue, éblouissement à la lumière vive, double vision ou vision déformée et obscurcie... La cataracte est une affection qui touche plus d’une personne sur cinq à partir de l’âge de 65 ans. C’est aussi la première cause de cécité dans le monde, selon l’Organisation mondiale de la santé, avec plus de 18 millions de cas. Le point avec le Dr Alexandre Assi, chirurgien ophtalmologiste.

Qu’est-ce que la cataracte ?
Bien que la cataracte soit la maladie de l’œil la plus connue, de nombreux mythes persistent sur cette affection. Contrairement à la croyance populaire en fait, la cataracte n’est pas une « peau » qui se développe sur l’œil. Elle ne se propage pas non plus d’un œil à l’autre, même si elle peut se développer dans les deux yeux à la fois.
La cataracte consiste en fait en une opacification progressive du cristallin, qui est la lentille naturelle de l’œil et qui se trouve derrière l’iris. Le cristallin joue le même rôle qu’une lentille d’objectif d’un appareil photographique, permettant donc de focaliser et de produire une image nette sur la rétine au fond de l’œil. Le cristallin est normalement transparent. Son opacification, c’est-à-dire la perte de sa transparence normale, empêche les rayons lumineux de parvenir intacts jusqu’à l’intérieur de l’œil ou les déforme. Ceci embrouille la vision de près comme de loin et entraîne une mauvaise perception des détails. Le mot cataracte a d’ailleurs été choisi pour décrire cette impression de regarder à travers une chute d’eau : du latin cataracta, qui signifie chute d’eau.

Existe-t-il différents types de cataracte ?
Oui. Nous distinguons plusieurs sortes de cataracte qui peuvent se former à tout âge. La plupart d’entre elles sont causées par une modification de la composition chimique du cristallin.
La cataracte sénile, qui peut apparaître dès l’âge de 40 ans, est due à un processus normal de vieillissement. C’est la cause la plus fréquente de l’opacification et du durcissement du cristallin. De ce fait, toute personne risque de développer une cataracte, sachant que les personnes qui ont des antécédents familiaux de cataracte sont à plus haut risque de développer cette affection.
Chez l’enfant, la cataracte peut être héréditaire ou avoir été causée par une infection ou une inflammation, affectant la femme enceinte et son bébé (notamment la rubéole ou la toxoplasmose). C’est ce qu’on appelle la cataracte congénitale qui est parfois présente dès la naissance.
Des traumatismes aux yeux peuvent eux aussi causer une cataracte à tout âge. Une lésion produite par un coup, un choc, ou l’exposition à une chaleur intense ou une brûlure chimique peut endommager le cristallin et entraîner son opacification.
Enfin, certaines affections ou maladies chroniques, notamment le diabète de type 2, peuvent aussi entraîner une cataracte. Celle-ci peut aussi apparaître suite à une radiothérapie de la région faciale, ou à un traitement prolongé de corticostéroïdes ou d’autres médicaments anticancéreux.

Quels sont les symptômes de la cataracte ?
À mesure qu’elle se développe, la cataracte entraîne une baisse progressive de la vision, qui s’obscurcit et parfois se déforme. Ceci rend la lecture difficile et entraîne souvent une perception fade et moins vive des couleurs. Les objets paraissent comme s’ils étaient vus à travers une vitre sale.
Dans certains cas, le patient se plaint d’une vision double ou d’éblouissements en présence de lumières vives. Ceux-ci gênent considérablement la conduite automobile nocturne.

Quand faut-il consulter pour une cataracte ?
La cataracte est détectée durant un examen de la vue par un chirurgien ophtalmologiste. Toute gêne visuelle dans la vie professionnelle ou personnelle exige une consultation chez le médecin.

Peut-on prévenir une cataracte ?
Comme la majorité des cataractes constitue un phénomène naturel de vieillissement, il n’existe pas de mesures réelles de prévention. Certaines mesures de précaution pourraient cependant permettre de ralentir le développement d’une cataracte, telles que la protection des yeux contre les rayons ultraviolets, en portant des lunettes de soleil qui assurent une protection contre les rayons UVA et UVB, un contrôle du diabète et une abstention du tabagisme.
Il est à signaler en outre que les cataractes progressent de façon variable. Il n’est donc pas possible de prévoir l’évolution de cette affection pour un patient donné. Par ailleurs, la progression de la cataracte n’est pas associée au degré d’effort des yeux.

En quoi consiste le traitement de la cataracte ?
Contrairement aux idées reçues, la cataracte ne se traite ni avec des gouttes oculaires ni avec des rayons laser. De plus, aucun médicament ne peut restaurer la transparence d’un cristallin opacifié.
L’unique traitement de la cataracte est la chirurgie qui consiste dans l’ablation du cristallin malade. Il ne faut pas attendre que celui-ci s’opacifie complètement pour opérer le patient. La chirurgie doit en fait être faite dès que la cataracte atteint un stade qui affecte la qualité de la vue et/ou la qualité de vie du patient.
L’opération consiste à enlever le cristallin obscurci et à le remplacer par une nouvelle lentille transparente synthétique. C’est un implant intraoculaire qui restera en permanence dans le globe oculaire. L’opération est pratiquée sous anesthésie locale et dure environ vingt minutes. Elle améliore la vision de façon remarquable s’il n’existe pas d’autres causes de détérioration de la vision, comme un problème rétinien... La récupération visuelle est quasi immédiate. Généralement, un seul œil est opéré à la fois.

Le patient doit-il prendre des précautions post-chirurgicales ?
Dans la très grande majorité des cas, l’œil opéré de cataracte est indolore. Les soins locaux sont réduits à l’instillation de gouttes pendant quelques semaines qui suivent l’intervention.
L’activité professionnelle et la conduite automobile sont déconseillées pendant une période limitée qui peut atteindre les quelques jours, en fonction de la vitesse de récupération d’une acuité visuelle satisfaisante.
Dans environ 30 % des cas, il se produit, au cours des mois ou années qui suivent l’intervention, une opacification de la membrane (sac capsulaire) qui tient la lentille synthétique en place. Cette « cataracte secondaire » devient responsable d’une nouvelle baisse de vision. Son traitement est rapide et indolore, et consiste à réaliser en ambulatoire et à l’aide d’un laser une petite ouverture de la membrane opacifiée.

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