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À La Une - Éclairage

Le 8 Mars croit en l’imminence d’une frappe occidentale en Syrie...

Le Liban et l’ensemble de la région retiennent désormais leur souffle... en attendant les frappes occidentales en Syrie et surtout leurs résultats et leurs conséquences. Les milieux du 8 Mars se comportent en tout cas comme si ces frappes sont inéluctables et que la décision de les mener a été déjà prise en haut lieu. Mais, selon eux, si l’idée existait depuis le début du conflit syrien, elle était plus une menace qu’un projet concret, l’Occident et ses alliés arabes et régionaux ayant sous-estimé la capacité du régime syrien à résister. Aujourd’hui, deux ans et demi après le déclenchement du conflit, le camp hostile au régime syrien serait désormais convaincu qu’il ne reste plus que ce moyen pour l’affaiblir.


En fait, toujours selon les milieux du 8 Mars, le coup terrible porté au projet du camp hostile au régime syrien a été la bataille de Qousseir qui a complètement renversé le rapport des forces sur le terrain en faveur de l’armée syrienne, en lui permettant de pacifier une zone stratégique centrale et de fermer quasiment la frontière libanaise aux forces rebelles. C’est d’ailleurs l’échec de l’opposition à Qousseir qui, selon ces mêmes milieux, aurait coûté son poste à l’émir du Qatar et surtout à son Premier ministre le très influent Hamad ben Jassem. L’émir avait en effet promis à plusieurs reprises la chute imminente du régime syrien et il en avait même parlé devant certains visiteurs libanais il y a déjà deux ans. La bataille de Qousseir a donc été déterminante et la première conséquence est que le Qatar a été dessaisi du dossier syrien... au profit du chef des renseignements saoudiens l’émir Bandar ben Sultan qui aurait demandé à ses alliés occidentaux, et en particulier américains, d’attendre quelques mois (on parle de six) avant de prendre la moindre décision, et en tout cas avant de tenir la conférence de Genève 2.

 

L’émir Bandar a d’ailleurs effectué une tournée en Europe et à Moscou dans le but d’obtenir un plus grand appui à l’opposition syrienne et de faire des propositions au président russe Vladimir Poutine. Il serait rentré de cette tournée avec la conviction que seule une grande opération sur le terrain peut modifier le rapport des forces. Avec l’aide de son demi-frère l’émir Salman ben Sultan, installé en Jordanie, il aurait commencé à préparer un plan militaire qui permettrait à l’opposition de reprendre l’initiative sur le terrain. Son idée était de travailler sur trois axes, d’abord Alep en raison de son symbolisme et de sa proximité avec la frontière turque, ensuite Lattaquié parce qu’elle est sur la côte et qu’elle est une partie du fief du président syrien, et enfin la capitale qui reste la clé de voûte du rapport de force en Syrie.


À Alep, c’est le statu quo militaire qui règne et il est clair que, pour l’instant en tout cas, la Turquie ne peut pas favoriser une large offensive des rebelles. À Lattaquié, il y a eu une attaque surprise qui a permis à l’opposition d’occuper une douzaine de villages avant d’être contrainte de s’en retirer au bout d’une semaine. Il restait donc la capitale par le biais d’une attaque par le Sud, en partant de la Jordanie. D’autant que dans ce pays, des agents du Mossad peuvent être mis à contribution, ainsi que les GI américains. Depuis cinq mois, une force d’environ 5 000 hommes a donc été formée et entraînée en Jordanie, sous la supervision de l’émir Salman (la presse britannique en a d’ailleurs parlé) dans le but d’aider la fameuse « brigade de l’islam » (formée de 25 000 soldats commandés par le colonel Zahran Allouche), postée dans la région de Ghouta et qui n’avait pas réussi jusqu’à présent à effectuer la moindre percée vers la capitale, en dépit de l’aide de Jabhat Fath al-Assima, affiliée au Front al-Nosra qui, elle, est installée à Jobar, un secteur qui ouvre la voie vers la Jordanie.


Ayant eu vent de ces préparatifs, le régime a mené mercredi dernier une opération préventive à Ghouta et il a réussi à occuper les tours abbassides qui surplombent la capitale et en même temps la région de Jobar. Cette opération a d’ailleurs été appelée « Le bouclier de la capitale » et l’armée a mobilisé pour cela cinq unités blindées. Si elle avait été menée à son terme, elle aurait permis aux forces du régime de remporter une nouvelle victoire stratégique, pacifiant toute la région allant de la capitale vers la Jordanie et le Liban, en passant par Zabadani et Qaboun, et arrivant pratiquement jusqu’au jurd de Ersal.


Les milieux du 8 Mars sont ainsi convaincus que l’affaire des armes chimiques a été immédiatement lancée pour contraindre le régime à arrêter son offensive et permettre ainsi aux forces de l’opposition de reprendre leur souffle et se réorganiser. Ceux qui appuient l’opposition syrienne seraient désormais convaincus que celle-ci ne sera pas en mesure de reprendre l’initiative sur le terrain sans une intervention étrangère. L’idée est toutefois de trouver un juste équilibre entre l’affaiblissement du régime, sans pour autant aboutir à une victoire des extrémistes du Front al-Nosra, dont les Américains ne veulent pas, le chef d’état-major le général Dempsey l’ayant répété à plusieurs reprises. C’est d’autant plus délicat que, sur le terrain, les extrémistes sont en train d’écarter l’Armée syrienne libre. Par exemple, c’est la brigade « al-Baraa », affiliée au Front al-Nosra et qui dépend directement du colonel Allouche, qui assure la protection de la commission d’enquête internationale dans la zone sous contrôle de l’opposition à Ghouta, alors que théoriquement c’est l’ASL et son chef régional Khaled Hbous qui auraient dû le faire.


En tenant compte de ces éléments, les milieux du 8 Mars sont convaincus qu’une frappe occidentale est de plus en plus plausible. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si l’ancien secrétaire d’État américain adjoint Jeffrey Feltman s’est rendu en Iran, en principe pour une mission de l’ONU, mais en réalité pour sonder les Iraniens sur l’idée d’une frappe occidentale en Syrie, le souci principal des Occidentaux étant naturellement d’éviter une quelconque réaction contre Israël. Presque en même temps, le sultan Qabous d’Oman, qui est quasiment le médiateur américain avec les Iraniens, s’est rendu à Téhéran dans le cadre d’une visite officielle au cours de laquelle il s’est entretenu avec l’ayatollah Khamenei et avec le président Hassan Rohani. En parallèle, le président russe s’est entretenu avec le Premier ministre britannique. Quel est le résultat de tous ces contacts ? Il est sans doute trop tôt pour le dire, mais la décision occidentale devrait être connue au cours des prochains jours.

 

 

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