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À La Une - L’éclairage

Les développements sécuritaires et sur la scène syrienne favorisent l’option du gouvernement « rassembleur »

Les derniers attentats terroristes qui ont pris pour cible la banlieue sud et la capitale du Liban-Nord semblent avoir eu pour répercussions immédiates de faire pencher la balance en faveur de la formation d’un gouvernement qualifié de « rassembleur ». En clair, cela signifie que l’idée de la mise sur pied d’un cabinet « neutre » paraît avoir été écartée au profit d’une équipe ministérielle regroupant des personnalités proches des factions politiques locales sans pour autant être membres de partis ou affiliées d’une façon trop flagrante, et provocatrice, à un courant politique précis. En d’autres termes, un cabinet de ministres non partisans.


Les différents milieux politiques locaux s’accordent sur le fait qu’une telle option est dans le contexte présent la seule voie possible pour sortir le pays de la crise conjoncturelle dans laquelle il est plongé depuis la démission du Premier ministre sortant Nagib Mikati en mars dernier. À l’évidence, ce sont les derniers soubresauts sécuritaires dans le pays, dans le sillage des attentats à la voiture piégée qui ont endeuillé la banlieue sud chiite et des quartiers sunnites de Tripoli, ainsi que la perspective d’une prochaine frappe occidentale contre le régime syrien, à la suite de l’attaque à l’arme chimique contre la Ghouta, qui ont changé la donne en ce qui concerne le dossier gouvernemental. C’est du moins ce qu’affirme un ministre qui suit de près les efforts déployés par le Premier ministre désigné afin de former le nouveau gouvernement.

 

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Le constat dans ce cadre est particulièrement inquiétant. Des forces occultes s’emploient à tout mettre en œuvre, sans lésiner sur les moyens, afin de provoquer une sédition sunnito-chiite dans le pays. Certes, le ministre de l’Intérieur, Marwan Charbel, souligne qu’il existe une volonté régionale et internationale d’empêcher une conflagration entre chiites et sunnites au Liban. Il reste qu’il faut se rendre, malgré tout, à l’évidence : les attentats itinérants qui se sont multipliés récemment dans le pays ont créé une vive tension à caractère sectaire qui entraîne le pays sur la pente raide et qui aggrave encore plus le profond clivage qui ébranle l’échiquier local depuis plusieurs années. Conséquence logique : le Premier ministre désigné estime qu’il serait illusoire de ne pas tenir compte des derniers développements et que, de ce fait, l’option d’un cabinet dit « neutre » n’est plus de mise dans les circonstances présentes.

Aplanir les obstacles
À la lumière de cette nouvelle donne, Tammam Salam ne manque pas de saluer la dernière prise de position du président Michel Sleiman qui, dans une récente déclaration, a défini pratiquement une feuille de route pour faire face au complot terroriste qui a commencé à prendre pour cible le Liban. Se basant sur cette ligne directrice définie par le chef de l’État, le Premier ministre désigné entreprend d’élargir le champ de ses contacts afin de paver la voie à un gouvernement rassembleur, non partisan, mais néanmoins représentatif de l’ensemble du spectre politique libanais. M. Salam aurait ainsi décidé de maintenir une concertation discrète, loin des feux de la rampe, avec le chef du législatif et leader du mouvement Amal, Nabih Berry, dans le but d’aplanir les obstacles qui continuent d’entraver la naissance du nouveau gouvernement. Car, malgré tout, les obstacles subsistent...

 

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Les milieux proches du Hezbollah s’obstinent en effet à vouloir, contre vents et marées, capitaliser sur l’arsenal militaire que le parti chiite possède afin d’imposer leurs conditions au niveau de la composition du nouveau gouvernement. Il ressort des déclarations publiques faites par les ténors de la formation pro-iranienne que le Hezbollah tente toujours d’obtenir le tiers de blocage et une représentation ministérielle pour le 8 Mars qui soit proportionnelle au poids politique de chaque faction au sein de l’Assemblée nationale. L’objectif recherché par le Hezbollah dans ce cadre est de tirer profit au maximum de l’effet dissuasif que représente son arsenal militaire afin d’imposer sur l’échiquier politique un rapport de force qui soit durablement en sa faveur.


Il reste que selon certaines sources politiques, les développements sécuritaires et la nouvelle conjoncture se rapportant au conflit syrien pourraient amener le Hezbollah à réviser quelque peu ses calculs ponctuels concernant la formation du nouveau gouvernement, d’autant qu’une redistribution des cartes n’est peut-être pas exclue, à en croire les mêmes sources, en ce sens que l’on pourrait assister à une rupture du clivage vertical entre les coalitions du 14 et du 8 Mars. Cette éventualité est d’autant plus envisageable, affirment encore les sources susmentionnées, que le front du 8 Mars paraît se fissurer de plus en plus, à en croire du moins les positions publiques affichées depuis un certain temps par le chef du Courant patriotique libre, le général Michel Aoun. Celui-ci reproche au Hezbollah ses dernières positions concernant l’ajournement des élections législatives et le report de la mise à la retraite du commandant en chef de l’armée. Sans compter que le général Aoun a intérêt, à l’évidence, à prendre ses distances à l’égard du Hezbollah et serait tenté de jouer la carte d’une troisième voie en se démarquant aussi bien du 8 Mars que du 14 Mars, dans la perspective des prochaines échéances électorales.

 

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À cette apparente dissonance entre le général Aoun et le Hezbollah viennent aussi se greffer un quasi-divorce avec le leader du mouvement Amal, et chef du législatif, Nabih Berry, ainsi que des divergences à peine voilées avec le chef du courant des Marada, Sleimane Frangié.


Si cette cassure au sein du bloc du 8 Mars se confirme, elle constituerait incontestablement une nouvelle donne dont le Premier ministre désigné devrait tenir compte dans ses démarches pour la formation de son gouvernement.


Mais bien au-delà de ces considérations purement internes, et somme toute politiciennes, M. Salam est amené également à inclure dans ses calculs ministériels un nouveau paramètre bien plus important : les retombées de l’opération militaire que les puissances occidentales, soutenues en cela par la Ligue arabe et les pays du Golfe, semblent préparer contre le régime syrien. Ces frappes occidentales ne devraient pas avoir pour effet de déboulonner carrément – dans l’immédiat du moins – le régime Assad, mais elles seraient quand même suffisamment ciblées, et minutieusement planifiées, pour modifier sensiblement le rapport de force sur le terrain. Ce qui ne manquerait pas d’avoir des retombées par ricochet sur la conjoncture libanaise, à la lumière, surtout, de l’implication du Hezbollah dans les combats aux côtés des forces loyales au régime syrien.

 

 

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