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Nos Lecteurs ont la Parole

Laissez-nous vivre en paix !

Par Nadine GARABEDIAN
Depuis 40 ans, nous vivons une histoire tragique de guerre, de violence, de haine et d’intolérance. Une guerre civile ou de religion, appelez-la comme vous voulez, mais qui nous détruit et qui nuit à notre pays socialement, économiquement et humainement. Cette commedia dell’arte a suffisamment duré et n’a cessé de se répéter, mettant en danger l’intégrité de notre pays, et ce afin de satisfaire vos projets. Quarante ans de désolation, de tristesse, de pauvreté, avec de temps en temps des lueurs d’espoir et de sérénité. Hélas, les quelques hommes qui essayaient de libérer ce pays du joug du confessionnalisme, de l’intrusion étrangère, et redorer le blason du Liban ont disparu les uns après les autres... Rappelons-nous : l’imam Moussa Sadr, Kamal Joumblatt, Bachir Gemayel, Maarouf Saad, Rachid Karamé, le mufti de la République cheikh Hassan Khaled, René Moawad, Dany Chamoun, Rafic Hariri, Samir Kassir, Georges Hawi, Gebran Tuéni. Tous sont libanais, chiites, sunnites, druzes, maronites, catholiques.... Vous n’avez pas honte de perpétuer cette guerre afin de satisfaire l’appétit de nos ennemis ? 
Vous torturez, effrayez, volez, démantelez le Liban ; vous le dépossédez de ses biens, vous le ruinez. Du nord au sud, ce pays est en sang, et vous continuez à déstabiliser ce qu’il en reste. Mais vous rendez-vous compte qu’il ne fait que 10 452 kilomètres carrés, et vous le divisez.... Par combien ? Dix-huit, m’avez-vous dit ? Pour en faire 580 kilomètres carrés pour chacune de vos confessions. Le monde n’a plus rien à faire d’un pays de détraqués et d’assassins. Le monde vous a vendus aux uns et aux autres, et vous pensez qu’on ne le sait pas. Nous sommes conscients que chacun d’entre vous a ses propres intérêts et que nous, notre seul intérêt est le Liban. Nous avons honte pour vous ; vous n’êtes même pas capables de vous entendre. Oh ! Si, pour voler le peuple, le ruiner, le martyriser. Depuis quarante ans les riches sont devenus plus riches et les pauvres plus pauvres. Et 40 ans après, les pauvres sont toujours exilés sur leur propre terre. Alors, aujourd’hui, nous vous demandons d’arrêter. Vous avez failli à vos engagements ; nous n’avons plus besoin de vous. Notre condition est effroyable. Vous aviez fait une promesse que vous n’avez pas tenue. C’était la promesse que chacun de nous serait assuré de son droit inaliénable à la vie, à la liberté et à la poursuite du bonheur. Au lieu de faire honneur à cette obligation sacrée, vous avez rendu le peuple intolérant, haineux. Vous avez semé les graines de la haine, de la conspiration et de l’intolérance. Notre peuple a besoin de justice et de liberté. Et vous, vous avez oublié les martyrs de la guerre, ces hommes qui se sont engagés pour l’indépendance du Liban. 
Mais nous ne pouvons croire que Dieu nous a oubliés. Nous ne saurons croire qu’il n’y a plus d’opportunités nationales. Alors nous exigeons à partir de maintenant que vous nous donniez ce que nous souhaitons, sinon le peuple dans sa totalité s’opposera à vous. Nous voulons retrouver notre dignité, notre liberté, notre sécurité et notre justice. Nous voulons des réparations. Il est temps que vous renonciez au sectarisme et au confessionnalisme pour reprendre le chemin lumineux de la justice. Il est temps d’ouvrir les portes de l’humanité à tous les enfants du Liban. 
L’année 2013 n’est pas une date finale, mais le début de notre combat. Le Liban ne connaîtra ni repos ni sérénité tant que le peuple ne jouira pas de ses droits civiques. 
Notre combat se fera dans la dignité, le silence et l’humilité ; notre protestation, dans le calme et l’honneur. Nous opposerons à vos armes des fleurs aux couleurs de l’arc-en-ciel parce que nous sommes tous libanais et nous faisons allégeance à une même nation et à un même drapeau. Vous ne pourrez plus nous pousser à la haine et à la méfiance, mais nous nous aimerons et nous nous donnerons la main. 
Chrétiens et musulmans se sont rendu compte qu’ils sont unis par un même destin. Nous irons toujours de l’avant. Notre espoir est de nous voir tous égaux, assis à la table de la fraternité, de voir nos enfants vivre une nation où ils seront jugés non pas sur leur religion, mais par le contenu de leur caractère, et pourront marcher main dans la main comme des frères et des sœurs. C’est alors que nous pourrons travailler ensemble, prier ensemble, lutter ensemble, nous révolter pour la liberté ensemble. Ce jour-là est proche où nous pourrons vivre en paix.
Depuis 40 ans, nous vivons une histoire tragique de guerre, de violence, de haine et d’intolérance. Une guerre civile ou de religion, appelez-la comme vous voulez, mais qui nous détruit et qui nuit à notre pays socialement, économiquement et humainement. Cette commedia dell’arte a suffisamment duré et n’a cessé de se répéter, mettant en danger l’intégrité de notre pays, et ce...

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