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Liban - L’éclairage

Le message de Sleiman, une feuille de route vers la sortie de l’impasse

Le message du président de la République, Michel Sleiman, aux Libanais, lu samedi dernier à la télévision, a eu l’effet d’un appel à un sursaut de conscience et, selon les termes d’un ancien ministre, d’une sonnerie d’alarme, le chef de l’État ayant exhorté tout le monde à adopter une attitude « courageuse » et « responsable » en se distanciant des intérêts extérieurs.


Dans ce message, le président Sleiman tire les leçons des attentats de la banlieue sud et de Tripoli, mais aussi des informations sur un plan terroriste visant le Liban et par lequel on cherche à rallumer la guerre civile dans ce pays.


Pour un ministre familier du dossier, ce complot vient dans le sillage des menaces que les dirigeants syriens ont lancées à diverses reprises contre le Liban après le déclenchement des troubles en Syrie. On n’oublie pas, en effet, qu’en accusant l’Occident de mettre en œuvre « un complot planétaire » contre Damas, ils avaient mis en garde contre une explosion dans toute la région en guise de riposte, à commencer par les pays voisins de la Syrie comme le Liban et la Jordanie.
De même, aux yeux du 14 Mars, il est clair que c’est le régime syrien qui se tient derrière les récentes explosions au Liban et le plan terroriste en question.

 

 

(Lire aussi : Le Liban s’enfonce dans une véritable psychose du pire...)

 


Or, pour faire face à cette réalité et au plan terroriste, le chef de l’État ne s’est pas contenté de vœux pieux dans son message. Il a esquissé une feuille de route pour sortir le pays de l’impasse et défini les mesures à prendre. Il a ainsi évoqué la nécessité de la mise en place d’un gouvernement « qui rassemble » et d’une reprise du dialogue national. Et ce dernier doit selon lui déboucher sur une concrétisation et une application de la déclaration de Baabda, qui insiste sur la neutralité du Liban dans le jeu des axes, ainsi que sur le respect de la politique de distanciation à l’égard de la guerre en Syrie.


Mais que veut dire un gouvernement « qui rassemble » ? Le président de la République s’est, en effet, abstenu d’utiliser l’expression gouvernement d’union nationale. Pour nombre d’observateurs, il pourrait donc s’agir d’un cabinet dont la composition serait plus ou moins apolitique, ou qui serait du moins formé de ministres proches des diverses forces politiques mais sans y être directement affiliés ainsi que des technocrates, des experts à la retraite, etc.


Quoi qu’il en soit, la question qui se pose est de savoir comment les diverses parties politiques vont se comporter face à l’appel du chef de l’État. La teneur du message présidentiel a, semble-t-il, était bien accueillie par l’ensemble des protagonistes, mais rien n’est encore dit pour ce qui est de la feuille de route mise au point par M. Sleiman.
Car si ce dernier déploie un maximum d’efforts pour qu’un cabinet voie le jour le plus rapidement possible, et si le Premier ministre désigné, Tammam Salam, demeure attaché aux constantes qu’il avait définies dès le début pour son gouvernement, il reste cependant que tout le monde cède à l’heure actuelle à l’attentisme. Des développements assez dramatiques sont, en effet, à prévoir en Syrie dans les prochains jours avec le risque d’une frappe occidentale destinée à punir le régime de Bachar el-Assad, fortement soupçonné d’avoir perpétré le massacre à l’arme chimique de la Ghouta de Damas.

 

 

(Lire aussi : La Syrie et le Liban au cœur du discours de Hollande aujourd’hui)

 


Un homme politique propose que les membres de la conférence nationale de dialogue commencent par répondre à l’appel du chef de l’État à reprendre leurs réunions sous son égide et conformément à l’ordre du jour qu’il a établi. Ceux qui viendraient au dialogue seraient admis à figurer au gouvernement (non pas eux-mêmes nécessairement, mais leurs représentants), étant entendu qu’ils auraient avalisé la déclaration de Baabda, et ceux qui ne viendraient pas en seraient exclus.


Mais nombre d’observateurs excluent que certaines parties politiques changent leur position. Dans les milieux du 14 Mars, notamment, on souligne que l’implication du Hezbollah en Syrie, contraire à la déclaration de Baabda, est une décision iranienne que la direction du parti au Liban n’est pas en mesure de contester. Par conséquent, il serait vain de s’attendre de la part du Hezbollah à un assouplissement quelconque sur ce plan.
Une décision courageuse est donc nécessaire pour traduire dans le concret le message de Sleiman.

 

 

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