Rechercher
Rechercher

À La Une - Liban

Attentats de Tripoli : mises en garde unanimes contre la sédition

La capitale du Nord "n’est pas seule visée, tout le Liban est visé".

Au moins 42 personnes ont été tuées vendredi à Tripoli, au Liban-Nord, dans l'attaque la plus sanglante depuis la fin de la guerre civile.  REUTERS/Mohamed Azakir

Les responsables libanais ont unanimement condamné les deux attentats sanglants qui ont ensanglanté, vendredi, Tripoli, au Liban-Nord, mettant en garde contre la menace de discorde qui plane sur le pays. Avec un bilan d'au moins 42 morts et des centaines de blessés, l'attaque de vendredi est la plus meurtrière depuis la fin de la guerre civile au Liban en 1990.

 

Le chef de l'Etat Michel Sleiman, qui a interrompu ses vacances pour rentrer au Liban, a fermement dénoncé "un massacre qui s'inscrit dans le cadre d'une série d'explosions visant à semer la discorde au Liban" et appelé les Libanais "à la vigilance et à la solidarité afin de faire échouer le plan des ennemis de la paix et de la stabilité au Liban".

 

Au Liban, les tensions confessionnelles au Liban, déjà fortes, sont exacerbées en raison du conflit syrien qui divise profondément le pays entre pro-Assad, représentés notamment par le Hezbollah, dont les hommes prêtent main-forte aux troupes du régime baathiste, et anti-Assad, représentés notamment par des éléments sunnites qui soutiennent la rébellion syrienne.

 

Pour le président du Parlement, Nabih Berry, la même main est derrière les attentats de Tripoli, ville majoritairement sunnite, et l’attentat de Roueiss. "Les attentats criminels de Tripoli sont l’œuvre de cette même main meurtrière qui a laissé ses empreintes noires sur les corps des victimes de la banlieue-sud", a déclaré M. Berry. Une voiture piégée a fait 27 morts, le 15 août dernier, à Roueiss, dans la banlieue-sud de Beyrouth, fief du Hezbollah chiite.

 

Le Hezbollah a d'ailleurs condamné les attentats qui visent à "semer le chaos et la destruction au Liban", exprimant toute sa solidarité avec les habitants de la ville.

 

Allant dans le même sens, le mufti de la République, Mohmmad Rachid Kabbani, a déclaré que "l'explosion de la banlieue-sud (en allusion à l'attentat de Roueiss, ndlr) n'est pas l'oeuvre des sunnites, celle de Tripoli n'est pas non plus l'oeuvre des chiites". Il a également appelé les Libanais à l'unité et à la solidarité. 

 

Originaire de Tripoli, le Premier ministre démissionnaire Nagib Mikati, a aussi interrompu ses vacances à l’étranger pour retourner au Liban. "Tripoli et ses résidents montreront une nouvelle fois qu’ils sont plus forts que les complots et qu’ils ne seront pas entraînés dans la discorde", a déclaré M. Mikati. "Nous les appelons à la retenue et nous leur assurons que nous resterons à leur côté à tout moment, spécialement durant cette période critique", a-t-il ajouté.

 

Le Premier ministre désigné, Tammam Salam, rentré lui aussi précipitamment de Grèce, a également estimé que les attentats meurtriers de Tripoli étaient "inscrits dans un plan diabolique visant à semer la sédition". Dénonçant la "main de la discorde a frappé Tripoli", l’ancien Premier ministre Saad Hariri a appelé tous les responsables à faire face aux crimes qui visent le Liban.

 

"Tripoli n’est pas seule visée mais tout le Liban est visé. Ces actes lâches visent à semer la discorde. Nous appelons les citoyens au calme", a déclaré, de son côté, le ministre démissionnaire des Finances, Mohammad Safadi, lui aussi originaire de la capitale du Liban-Nord.

Autre Tripolitain, le ministre démissionnaire de la Jeunesse et des Sports, Fayçal Karamé, a appelé les services de sécurité à lutter contre le terrorisme qui "désormais pullule dans tout le Liban". "Un gouvernement devrait être formé au plus tôt. Il faut que les responsables sachent que si nous continuons sur cette voie, il n'y aura plus de Liban", a-t-il ajouté.

 

Même son du cloche du côté du ministre de la Défense, Fayez Ghosn, qui a mis en garde contre davantage d’attentats à la voiture piégée. "Nous mettons en garde contre les attentats à la voiture piégée qui peuvent frapper à n’importe quel endroit", a déclaré M. Ghosn à la chaîne LBC. "Nous mettons en garde tous les Libanais. Nous avons des informations selon lesquelles de nouveaux attentats de ce type vont être perpétrés. Nous nous dirigeons vers plus d’actes terroristes", a-t-il ajouté.

 

Le chef du Courant patriotique libre (CPL), Michel Aoun, a appelé les Libanais à être responsables et à éviter les "réactions irréfléchies pour ne pas tomber dans une situation plus grave". Il a aussi estimé que les mesures de sécurité adoptées par les services de sécurité n'étaient pas suffisantes.

 

 

Appels à la retenue

Le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, a, lui aussi, appelé les habitants de Tripoli à la retenue, et à éviter tout recours à la violence et aux armes.

 

Le chef du Parti socialiste progressiste (PSP), Walid Joumblatt, a estimé qu’Israël était "le seul bénéficiaire des divisions interlibanaises et arabes". "Ce qui s’est passé à Tripoli est un acte criminel affreux", a déclaré M. Joumblatt, appelant à la formation d’un gouvernement d’entente nationale qui "protègerait le Liban et empêcherait de tels attentats".

 

Mais pour les responsables tripolitains, "le responsable des attentats de la banlieue-sud et de Tripoli et celui qui tue le peuple syrien est le même", en allusion au régime de Bachar el-Assad. Lisant un communiqué à l'issue d'une réunion de ces responsables de la ville, le député Mohammad Kabbara a appelé les Tripolitains à la retenue et à la coopération avec les services de sécurité.

 

Les autorités syriennes ont pour leur part dénoncé un "lâche acte terroriste contre nos frères de Tripoli".

 

Sur le plan international, les Etats-Unis ont condamné l'attaque. L'ambassade US à Beyrouth a par ailleurs publié un avis appelant ses ressortissants à la prudence, leur rappelant d'éviter tout voyage au Liban et demandant à ceux qui y travaillent de "considérer attentivement les risques qu'ils prennent".

 

La France a pour sa part estimé que "le Liban ne doit pas se laisser entraîner dans une spirale de violence héritée de la crise syrienne". La chef de la diplomatie de l'Union européenne (UE), Catherine Ashton, s'est, elle, déclarée "horrifiée" et souhaité "une enquête rapide".

 

Dans une déclaration unanime, le Conseil de sécurité de l'ONU a "condamné fermement les attentats terroristes", et souligné "l'importance pour toutes les parties libanaises (...) de s'abstenir de toute implication dans la crise syrienne".
Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon avait auparavant "appelé tous les Libanais à faire preuve de retenue, à rester unis et à aider les institutions de l'Etat, en particulier les forces de sécurité, à maintenir l'ordre et le calme à Tripoli et dans l'ensemble du pays".


Voir

Attentats de Tripoli : les images du drame


Lire aussi

Taha, habitant de Tripoli : "Je me sens en danger, mais surtout perdu..."

 

Le dialogue politique, seul remède préventif à la dégradation sécuritaire, l'éclairage de Jeanine Jalkh

 

L’armée et les services de sécurité ont décidé de réagir..., l'éclairage de Scarlett Haddad

 

Les responsables libanais ont unanimement condamné les deux attentats sanglants qui ont ensanglanté, vendredi, Tripoli, au Liban-Nord, mettant en garde contre la menace de discorde qui plane sur le pays. Avec un bilan d'au moins 42 morts et des centaines de blessés, l'attaque de vendredi est la plus meurtrière depuis la fin de la guerre civile au Liban en 1990.
 
Le chef de l'Etat Michel...

commentaires (1)

Les autorités syriennes ont pour leur part dénoncé un "lâche acte terroriste contre nos frères de Tripoli". Chacun appréciera cette déclaration fraternelle à sa juste valeur.

Paul-René Safa

07 h 25, le 24 août 2013

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • Les autorités syriennes ont pour leur part dénoncé un "lâche acte terroriste contre nos frères de Tripoli". Chacun appréciera cette déclaration fraternelle à sa juste valeur.

    Paul-René Safa

    07 h 25, le 24 août 2013

Retour en haut