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Liban - Éclairage

Le dialogue politique, seul remède préventif à la dégradation sécuritaire

« L’heure de la vengeance a sonné. » C’est par ces termes qu’une source sécuritaire informée décrit le déchaînement des groupuscules jihadistes ou takfisristes contre le Hezbollah et les régions chiites en général.


Sans aucun doute, la source faisait allusion à une contre-attaque orchestrée par des sunnites suite à l’ingérence du parti chiite en Syrie et l’aversion suscitée par sa participation aux combats. À la nuance près que cette animosité ne restera pas confinée aux seules régions chiites comme cela s’est vu jusqu’à présent, mais risque de se propager à l’ensemble des régions, toutes communautés confondues, l’objectif étant de semer une discorde sunnito-chiite qui transformerait le Liban en un véritable champ de confrontation intercommunautaire.


Quelle que soit leur importance, les efforts déployés par les services de sécurité ne sont que des palliatifs, des remèdes ponctuels et partiels, souligne la source qui persiste à dire que seul le politique, le dialogue national en tête, peut arrêter le cycle infernal dans lequel s’est déjà enlisé le pays.


Il faut bien se rendre à l’évidence : le Liban n’est plus, depuis un certain temps déjà, à l’abri des groupes subversifs de tous genres, notamment depuis que le Liban a ouvert ses portes devant l’afflux de centaines de milliers de réfugiés syriens qu’il est souvent difficile de passer au crible, et en présence surtout de frontières aussi poreuses.


Les services sécuritaires en provenance de l’étranger avaient déjà tiré la sonnette d’alarme en soumettant des rapports d’une rare gravité : des camions transportant plusieurs tonnes d’explosifs ont déjà été introduits il y a plusieurs semaines au Liban. Destination : la banlieue sud. Les jours qui s’ensuivirent devaient malheureusement donner raison à ces informations macabres. La suite du feuilleton noire escompté est tout aussi inquiétante si elle n’est pas contrecarrée à temps : des personnalités du Hezbollah seront visées, des diplomates aussi. L’assassinat hier de Houssam al-Mouri, chef d’un groupuscule armé rattaché au Hezbollah à Tripoli, pourrait s’inscrire dans l’ordre de cette liste funèbre surtout si l’on croit l’analyse d’une source informée convaincue que ce nouveau coup porté au parti de Dieu ne peut être que l’œuvre du Front al-Nosra.


Devant la gravité de la situation, et compte tenu de la dégradation progressive de la sécurité et de l’ampleur de l’attentat de Roueiss qui venait couronner toute une série d’attaques ciblant le parti de Dieu, les services de sécurité se sont subitement mobilisés pour tenter de reprendre les choses en main et juguler le fléau des voitures piégées, dont plusieurs vadrouillent actuellement dans la nature, si l’on en croit les sources officielles.


Souhaité depuis des mois déjà, ce sursaut sécuritaire qui a tant tardé à venir est d’autant plus apprécié qu’en peu de temps, les services, toutes couleurs politiques confondues, sont parvenus à des résultats concrets en démantelant plusieurs groupuscules, interceptant armes et charges explosives et mettant aux arrêts plusieurs personnes impliquées.
Les Libanais l’ont bel et bien constaté : le Comité central de sécurité regroupant les différents services enchaînent depuis quelque temps les réunions, dans l’espoir de conjuguer les efforts au plus haut point. Il reste que l’unanimité entre ces services est loin d’être acquise, et la coordination, vivement requise par les temps qui courent, reste encore une vision de l’esprit tant la concurrence, professionnelle aussi bien que communautaire, reste la règle entre ces organes disparates chargés de la sécurité du pays.


Plutôt que de coordination, il serait plus approprié de parler d’émulation, celle-ci ayant tout de même servi de moteur principal ces derniers jours pour déjouer quelques-uns parmi les complots terroristes qui se tramaient.
L’exemple de la découverte de la voiture bourrée d’explosifs retrouvée à Naamé est un cas d’école dans le genre : non seulement la Sûreté générale et les services de renseignements des FSI se sont dépêchés d’en annoncer la paternité, par communiqués et contre-communiqués successifs, mais même les versions relatives aux objectifs visés par les « criminels » ont différé, si l’on croit les informations qui ont filtré. Pour les uns la voiture n’était pas destinée au Liban, mais devait être acheminée avec les explosifs en Syrie. Pour les autres, elle ferait partie du lot des 7 voitures piégées toujours recherchées par les autorités et était destinée à exploser dans une localité libanaise.


Certes, cette valse d’informations contradictoires n’est pas toujours à mettre sur le compte de la polarisation des services sécuritaires. Elle peut être tout simplement le fruit d’une absence de centralisation, d’échange et de vérification des informations. Toujours est-il qu’elle reste préjudiciable et extrêmement dangereuse.
C’est ainsi que l’on entend dire de la bouche d’un ancien responsable sécuritaire proche du 14 Mars, qui tente de minimiser le danger que représente le camp de Aïn el-Héloué, que le camp ne peut pas servir de lieu où sont piégées les voitures, du fait de la difficulté rencontrée à l’entrée et à la sortie du camp. De surcroît, dit-il, les réfugiés palestiniens le crient sur tous les toits : leurs camps ne sont pas les repaires des terroristes. Une analyse que devait immédiatement démentir une source judiciaire qui venait d’annoncer des poursuites engagées contre trois prévenus, dont un Palestinien, qui s’apprêtaient, en coordination avec des membres d’un groupuscule à Aïn el-Héloué, à piéger une voiture en acheminant des explosifs via le camp en question. S’il est vrai qu’une grande majorité des Palestiniens sont plus que jamais attachés à la distanciation par rapport aux problèmes libanais, et par extension, syrien, ceci n’exclut pas la présence d’éléments dangereux qui échappent totalement au contrôle des comités de sécurité dans les camps.


Une chose est sûre : le danger est partout et n’épargnera plus personne. Les développements sécuritaires en série le démontrent chaque jour. Or, tant que la sécurité restera polarisée et communautarisée, et tant que les politiques n’auront pas réalisé que seule une entente nationale, ne serait-ce que sur les priorités sécuritaires, reste l’antidote au chaos et à la déstabilisation, rien n’y fera.


Laissé face à ses propres démons – le Liban n’est plus pour l’instant une priorité aux yeux de beaucoup de puissances étrangères qui ont les yeux rivés sur l’Égypte et la Syrie – le pays du Cèdre, consumé par la polarisation et le fanatisme, est condamné au dialogue pour s’en sortir.


D’ailleurs, certains analystes se demandent s’il n’est pas déjà trop tard. Certes, un retrait du Hezbollah de la Syrie devrait potentiellement réduire la tension, sans toutefois la dissiper totalement. Mais il faudra bien plus pour éloigner le spectre de la vindicte takfiriste, qui semble déjà bien enclenchée.

 

 

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commentaires (3)

Dialogue certainement de sourds pour un pays de sourds . Antoine Sabbagha

Sabbagha Antoine

12 h 56, le 23 août 2013

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Commentaires (3)

  • Dialogue certainement de sourds pour un pays de sourds . Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    12 h 56, le 23 août 2013

  • Quand on cherche la merde ont la trouve et le Hezbollah en est l'exemple. Il y a des années que tous les opposants a la politique du Hezbollah crient et se démènent pour prévenir, en vain! L'arrogance et leur assujettissement a une idéologie impérialiste islamiste chiite ne le leur permet pas. Il leur faudra assumer les conséquences. Le probleme est qu'ils en font payer le prix au peuple. Si le Hezbollah est sérieux, il lui faudra non pas annoncer le dialogue sans conditions, mais annoncer l’élaboration d'un plan de remise de ses armes a l’armée. Sinon, quoi que l'ont fasse nous serons toujours victimes de ses méfaits. Il faut relever aussi que personne ne se presse pour retrouver les criminels derrière les assassinats et attentats et qui se cachent dans la banlieue sous haute protection Hezbollahi!

    Pierre Hadjigeorgiou

    12 h 09, le 23 août 2013

  • C'EST QUAND IL Y A DES DIFFÉRENTS, MÊME EXTRÊMES, QUE LE DIALOGUE S'IMPOSE URGEMMENT. EN TIRANT LE MATELAS ACHARNEMENT, CHACUN DE SON CÔTÉ, ON LE DÉCHIRE ET ON TOMBE TOUS DEUX DANS LE VIDE !

    SAKR LOUBNAN

    09 h 47, le 23 août 2013

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