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À La Une - Discours

Nasrallah rallume les feux

« Nous nous battrons contre les takfiristes, et s’il le faut nous irons tous en Syrie », a dit le leader chiite, s’incluant dans le lot de volontaires et assurant que si le Hezbollah dispose de 100 hommes en Syrie, « eh bien, ils seront 200 »...

Le secrétaire général du Hezbollah a donné un discours, vendredi soir, au cours duquel il a qualifié l'attentat de Roueiss, dans la banlieue sud de Beyrouth, de "Massacre terroriste". Photo AFP

Cela aurait dû être un meeting pour célébrer « la victoire de juillet 2006 » à partir d’un lieu symbolique, le village frontalier de Aïta el-Chaab qui avait été le théâtre de violents combats entre les soldats israéliens et les combattants du Hezbollah, mais en raison de l’explosion de la voiture piégée jeudi soir dans l’une des rues les plus fréquentées de la banlieue sud, le secrétaire général du Hezbollah a dû modifier son discours. Sans toutefois changer le titre général qui se résume ainsi : « Résister est notre décision ». D’ailleurs, en dépit des circonstances dramatiques et de la chaleur, le public était au rendez-vous, nombreux et concentré, avide d’écouter le discours de Nasrallah.


Ce dernier a commencé par remercier les présents, tout en rendant hommage aux martyrs tombés la veille dans la banlieue sud et aux blessés, ainsi qu’à tous ceux qui ont exprimé leur solidarité avec les habitants après cette tragédie. En même temps, il a épinglé les « États qui n’ont pas condamné l’attentat et qui montrent ainsi qu’ils appuient indirectement ces pratiques ». Nasrallah a divisé son discours en deux volets, le premier consacré à la guerre de juillet 2006 et le second à la situation interne après l’attentat de Roueiss.


Concernant la guerre de juillet 2006, il a précisé que les combattants qui se trouvaient à Aïta el-Chaab et ont tenu pendant 33 jours ont refusé d’être envoyés ailleurs, voulant mener la bataille jusqu’au bout dans ce village frontalier que les soldats israéliens n’ont pas pu occuper. Selon lui, « la victoire de mai 2000 a montré qu’une résistance organisée, armée et appuyée par le peuple peut lutter et vaincre l’occupant, et celle de juillet 2006 a montré que cette même résistance peut devenir une force de protection réelle contre l’agresseur ». « En somme, a-t-il dit, l’expérience a montré que ce que le Liban possède de plus fort face à l’ennemi, c’est la fameuse équation : armée-peuple-résistance. » Il a ajouté qu’après Labbouné, « il est clair qu’aucun soldat israélien ne pourra plus faire un pas en territoire libanais sous n’importe quel prétexte. Le temps du tourisme militaire israélien au Liban est révolu », a clamé Nasrallah.

 

Les partisans du Hezbollah rassemblés dans le village frontalier de Aïta el-Chaab. Mahmoud Zayyat/AFP

Trois hypothèses
Passant ensuite au second volet de son discours, il est revenu sur les agressions qui se sont multipliées ces derniers temps, au Hermel, à Baalbeck, à Majdel Anjar et contre la banlieue sud, et il a estimé que désormais, « c’est le peuple qui soutient la résistance qui est visé ». « En un sens, cela signifie que les autres moyens ont échoué, a-t-il dit, mais en même temps, les ennemis frappent là où cela fait mal, c’est-à-dire la population. Mais si nous avons mal, cela prouve que notre relation avec la population est étroite, sincère, fusionnelle. »


Selon lui, les auteurs de l’attentat de jeudi ne visaient pas un cadre, ni un responsable ou un siège du Hezbollah. Ils voulaient faire le plus grand nombre de victimes auprès de la population civile. Il a ainsi affirmé que les lanceurs des roquettes contre le Hermel et Baalbeck ont été identifiés, ainsi que ceux qui ont placé les charges explosives sur les routes et même ceux qui ont mis une voiture piégée à Bir el-Abed. Tout en rendant hommage à ses partisans pour leur self-contrôle, il a estimé que les propos tenus plus ou moins discrètement et selon lesquels le Hezbollah aurait mis la voiture piégée de Bir el-Abed pour l’utiliser ensuite comme prétexte est « le sommet de l’injustice ». À ceux qui ont dit cela, il a répondu : « Vous pouvez agir de cette façon, mais pas le Hezbollah. »


Nasrallah a ensuite précisé qu’après tous ces incidents, le Hezbollah a fait une analyse objective de la situation, mettant trois hypothèses : « Soit Israël est derrière ces agressions, soit les groupes takfiristes qui lui ont déclaré la guerre depuis le début sans attendre l’intervention de Qousseir, soit une troisième partie qui veut pousser vers une escalade soit avec Israël, soit sur le plan interne. » « De leur côté, a-t-il souligné, les services de sécurité officiels ont mené leur propre enquête et aujourd’hui, les poseurs des explosifs du Hermel sont identifiés, ainsi que ceux de Majdel Anjar et des obus contre la banlieue sud » (au passage, il a remercié le ministre de la Défense pour son courage). Selon lui, ceux qui ont envoyé la voiture piégée de Bir el-Abedl le 9 juillet sont aussi identifiés à 99,9 %. « Ils appartiennent à la mouvance takfiriste et ceux qui les financent et les préparent sont aussi connus. »

 

Le drapreau iranien brandi par des partisans du Hezbollah. Mahmoud Zayyat/AFP



100 kg de TNT
Pour le chef du Hezbollah, ceux qui ont organisé l’attentat de jeudi appartiennent aussi aux mêmes groupes. « Il n’y a pas encore de certitude, mais c’est la probabilité la plus grande », a-t-il dit, avant d’ajouter qu’ils « travaillent aussi probablement pour Israël, car ces groupes sont infiltrés par des services secrets occidentaux, par le Mossad et par certains services secrets arabes ». Le leader du Hezbollah a souligné dans ce cadre que « la présence d’un takfiriste suicidaire n’a pas encore été confirmée, mais ce qui est sûr, c’est que la voiture contenait plus de 100 kg de TNT ».


Pour lutter contre ce phénomène, Nasrallah a estimé qu’il faut se dire « qu’il s’agit d’un objectif national, les takfiristes tuant autant les sunnites, les chrétiens que les chiites ». « Aujourd’hui, ils frappent la banlieue, mais demain où iront-ils ? » s’est-il demandé. « Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à regarder ce qui se passe en Irak, au Pakistan, en Somalie et ailleurs, a-t-il relevé. Celui qui croit que seuls les chiites sont visés se trompe, a-t-il dit, et si rien n’est fait, le Liban sera au bord du gouffre. » Il a aussi estimé que ceux qui ont envoyé la voiture piégée à Roueiss ont pris la décision de déstabiliser le Liban.

 

(Repère : Liban : l'implication du Hezbollah dans le conflit syrien)


Nasrallah a encore affirmé que la lutte contre cette décision et contre ce phénomène exige « une responsabilité collective, d’abord celle de l’État, mais aussi celle de tous les citoyens et groupes politiques, qui doivent éviter le langage incitateur à la discorde confessionnelle ». « Le conflit entre nous est politique et il devrait le rester », a-t-il déclaré, ajoutant que nul ne doit assurer de couverture à ces groupes ou leur trouver des prétextes. Il a ensuite affirmé que le Hezbollah ne cherche pas à se substituer à l’État, « mais si celui-ci ne parvient pas à mettre un terme à leur activité, la main du Hezbollah les atteindra », même si pour cela, a-t-il affirmé, il faudra que tout le Hezbollah et lui en tête se rendent en Syrie pour lutter contre les « takfiristes ».

 

Un jeune garçon brandissant un pistolet et le portarit du président syrien Bachar el-Assad écoute le discours de Hassan Nasrallah. Mahmoud Zayyat/AFP

Appel à la retenue
Il a ensuite appelé la population qui soutient le Hezbollah à la retenue et à éviter de tomber dans le piège de la discorde confessionnelle par le biais de réactions émotionnelles et impulsives. Il a aussi précisé que ces takfiristes « n’ont pas de religion, ni de confession, ni de nationalité et ils n’ont qu’un projet, la mort et la destruction ». « Il ne faut donc pas englober les Palestiniens, les Syriens ou d’autres dans les accusations, a-t-il souligné. Au contraire, ces gens qui affirment défendre le peuple syrien ont surtout tué des Syriens, même des chrétiens qui appuient l’opposition, et des sunnites », a-t-il précisé, ajoutant : « S’ils croient, en tuant nos familles et nos civils, nous faire changer d’avis, ils se trompent et devraient revoir notre passé de lutte contre Israël... »


« Vous frappez au mauvais endroit, a-t-il déclaré en s’adressant directement aux auteurs de l’attentat de jeudi. S’il le faut, nous mènerons cette bataille jusqu’au bout, pour la Syrie et son peuple, pour le Liban, pour la Palestine et pour Jérusalem. Comme nous l’avons fait en 2000 et en 2006, c’est nous qui tirerons la dernière salve et comme nous avons remporté des victoires dans le passé, nous remporterons aussi cette bataille », a-t-il lancé.

 

 

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