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À La Une - Crise

L’Égypte sombre dans la violence

Près de 280 tués et 1 400 blessés dans la dispersion manu militari des sit-in pro-Morsi au Caire.

Un jeune Egyptien blessé dans l'assaut sanglant lancé par les forces de l'ordre contre les campements des partisans du président destitué, Mohamed Morsi, le 14 août 2013, au Caire. AFP PHOTO / MOSAAB EL-SHAMY

Au moins 278 personnes, dont 43 policiers, ont été tuées et 1 403 autres ont été blessées hier en Égypte dans la dispersion sanglante au Caire des manifestations réclamant depuis plus d’un mois le retour du président islamiste Mohammad Morsi destitué par l’armée, ainsi que dans des violences qui ont vite gagné l’ensemble du pays. Dans la province du Fayyoum, 35 personnes sont mortes et 15 autres à Ismaïliya. En outre, au moins 41 personnes ont été tuées dans la province de Minya. À Alexandrie, des échanges de tirs nourris à l’arme automatique avaient lieu, a constaté un journaliste.


Les Frères musulmans ont de leur côté annoncé que la fille âgée de 17 ans d’un de leurs principaux leaders, Mohammad al-Beltagui, avait également été tuée par balle. Au total, les Frères parlent de 2 200 morts et plus de 10 000 blessés. Au cours de la dispersion des manifestants, un cameraman de la chaîne britannique Sky News a été tué par balle. De même, une photographe de Reuters a été blessée par balle au pied.
Après que des centaines de pro-Morsi eurent quitté Rabaa, les forces de l’ordre leur ayant ménagé un couloir d’évacuation, les autorités – qui avaient repris Nahda dans la matinée – ont annoncé contrôler également cette place. En outre, pour tenter d’endiguer le flot de violences qui ont gagné de nombreuses villes du pays, les autorités ont décrété l’état d’urgence et un couvre-feu dans la moitié des provinces égyptiennes, dont Le Caire et Alexandrie.

 

(Voir aussi : Images d'une journée sanglante au Caire (vidéo))


El-Baradei démissionne
De son côté, le Prix Nobel de la paix Mohammad el-Baradei, qui avait apporté sa caution morale à la destitution de M. Morsi, a démissionné de son poste de vice-président, refusant « d’assumer les conséquences de décisions avec lesquelles il n’était pas d’accord », mettant au jour les profondes divisions au sein des autorités de transition, installées par la toute-puissante armée. Il avait à plusieurs reprises plaidé pour une solution politique à la crise, répétant que les Frères musulmans devaient participer à la transition. Mohammad Aboulghar, qui dirige le Parti social-démocrate égyptien, a aussitôt assuré qu’aucun membre du gouvernement n’emboîterait le pas à M. el-Baradei. « Je suis confiant dans le fait qu’au final l’Égypte connaîtra un avenir meilleur », a insisté M. Aboulghar, ajoutant : « Nous aurons une vraie démocratie. Les Frères musulmans rejoindront le processus politique quand ils verront qu’il y aura des élections. » Dans la matinée, une autre figure morale s’était désolidarisée de l’opération meurtrière des forces de l’ordre : l’imam d’al-Azhar, la plus haute autorité de l’islam sunnite, qui avait expliqué n’avoir pas eu connaissance des méthodes que les forces de l’ordre comptaient employer.

 

(Lire aussi : Prévisibles, les condamnations du bain de sang pleuvent de toutes parts)


Par ailleurs, deux des principaux dirigeants des Frères musulmans, Essam al-Erian et Mohammad al-Beltagui, ont été arrêtés après la dispersion des sit-in, selon des sources sécuritaires égyptiennes. Le prédicateur radical Safouat Hegazi a également été arrêté, ont ajouté les mêmes sources.


 

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