Rechercher
Rechercher

Liban - En dents de scie

Un crabe dans le bocal où deux poissons s’ennuyaient

Trente et unième semaine de 2013.
Ce qu’il faudrait, c’est que Mahmoud Abbas et Ismaïl Haniyeh, Ramallah et Gaza réunis, répondent à M. Nasrallah. Qu’ils expliquent au patron du Hezbollah, comme le président palestinien l’avait déjà (subtilement) fait il y a quelques années, que chacun devrait se mêler de ses affaires. Balayer devant sa porte. Que ces surenchères hypocrites, stériles et métastasées n’ont que trop duré. Lui expliquer qu’il vaut mille fois mieux que les Libanais vivent et bouffent la vie à pleines dents qu’Israël ne disparaisse dans l’intérêt de la région. Expliquer à M. Nasrallah que sa milice et ses patrons iraniens ont suffisamment usé et abusé des Palestiniens et de leur(s) cause(s) pour engraisser leur agenda, s’inventer des vies, agiter des épouvantails, hyperpolitiser les axes, détruire et redétruire le Liban, etc. Naturellement, M. Nasrallah s’en moquera. Comme il se moque des coïncidences : sa sortie en chair et en os au cœur d’une banlieue sud plus bunkerisée que jamais, comme un pied de nez à son ennemi intime autoexilé entre Paris et Riyad et qui a osé prendre la parole le même jour que lui ; une sortie au lendemain de celle, pathétique, de son ami Bachar el-Assad qui s’en était allé à Daraya sous les flashes de l’agence SANA serrer la main de ses valeureux et néanmoins criminels troufions. Comme il se moque, et impérialement, ce brave M. Nasrallah, de cette armée libanaise qui ne tiendrait pas 24 heures, il en est convaincu, devant les soldats israéliens ou même syriens. Comme il se moque enfin de tous ces généraux, patrons de troupe qui se la jouent et qui n’ont jamais, comme lui, fait ou gagné, divinement ou pas, une guerre ; ces généraux devenus présidents de la République, ou pas, et qui ont l’immense, l’infini culot de lui asséner, à lui et à tout son Hezb et à l’Iran dans sa totalité, une véritable leçon-gifle, en pleine army party. Une leçon de libanitude absolue.
Hier, Saad Hariri n’avait sans doute pas 10 % du charisme de Hassan Nasrallah, pas 10 % de sa maîtrise des mots et des maux des uns et des autres, pas 10 % de sa roublardise. Mais hier, en termes de sincérité et d’envergure politique, Saad Hariri a battu Hassan Nasrallah à plate couture. L’armée a fait des erreurs mais nous la soutenons inconditionnellement : c’est cette phrase, certes remaniée, amendée et bonifiée, qui doit désormais être au cœur de n’importe laquelle des déclarations ministérielles et non plus cette ânerie ultime et insupportable, ce triptyque pseudosacré peuple-armée-résistance qui n’en finit plus de vampiriser le Liban. Comme ce grand garçon que désormais il est devenu, c’est de Beyrouth que l’héritier malgré lui aurait dû asséner ses phrases, marteler la nouvelle trilogie : peuple-armée-État ; c’est de Beyrouth qu’il est censé suer pour aider, lui comme ses partenaires, à recoller les morceaux de ce 14 Mars qui ressemble de plus en plus à un paon décapité puis empaillé. C’est de Beyrouth qu’il devrait, surtout après son très fort discours d’hier, arrêter officiellement de bouder.
C’est à Beyrouth qu’il pourra discuter avec Michel Sleiman autant qu’il le voudra/faudra. Rien n’est plus surprenant en cette année de disgrâces 2013, stupéfiant même, que Michel Sleiman ; que cette testostérone qui explose chaque fois de plus en plus et qui éclabousse tout sur son passage – même quand tout le monde s’y attend plus ou moins. Bien sûr, le chef de l’État choisit très précautionneusement le timing de chacune des bombinettes qu’il lance, rien n’est laissé au hasard ; il n’en reste pas moins qu’il est aujourd’hui en roue libre. En plein vol. Et rien ne console autant les Libanais aujourd’hui, rien ne les rassure autant que ce catch me if you can hallucinant d’un Michel Sleiman en train de se chéhabiser en direct. Rien ne les réconcilie autant, toutes proportions gardées, avec l’uniforme troqué pour la cravate, traumatisés qu’ils étaient par les parenthèses pathétiques des années Michel Aoun puis Émile Lahoud.
Il en a besoin, Michel Sleiman, de cette primature du peuple : un nouvel axiome mathématique vient d’être établi. Comme un fait accompli. Indiscutable, comme tous les axiomes. L’armée et la (soi-disant) résistance ne peuvent plus cohabiter. L’une doit disparaître. Et l’autre rester.
Et le compte à rebours vient d’être enclenché.
Trente et unième semaine de 2013.Ce qu’il faudrait, c’est que Mahmoud Abbas et Ismaïl Haniyeh, Ramallah et Gaza réunis, répondent à M. Nasrallah. Qu’ils expliquent au patron du Hezbollah, comme le président palestinien l’avait déjà (subtilement) fait il y a quelques années, que chacun devrait se mêler de ses affaires. Balayer devant sa porte. Que ces surenchères hypocrites,...

commentaires (5)

Nous avions déjà le crocodile dans le fleuve pollué ...voilà maintenant le crabe et les poissons dans le bocal... les requins politiciens en vacances au parlement ....nous sommes vraiment le pays du tout zoo ...!

M.V.

17 h 02, le 03 août 2013

Tous les commentaires

Commentaires (5)

  • Nous avions déjà le crocodile dans le fleuve pollué ...voilà maintenant le crabe et les poissons dans le bocal... les requins politiciens en vacances au parlement ....nous sommes vraiment le pays du tout zoo ...!

    M.V.

    17 h 02, le 03 août 2013

  • Alors quoi Ziad , on est fâché aujourd'hui ?? on tourne le dos à la démocratie ?? lâchez donc ce crabe dans son vivier naturel .lol !

    Jaber Kamel

    15 h 27, le 03 août 2013

  • De plus en plus le Liban saoudien ou des fakihs semble se détacher de sa belle mosaïque et de son entité . Vraiment de touts nos leaders seul leur retour aux sources pourra sauver le pays . Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    14 h 00, le 03 août 2013

  • mettez un libanais devant un miroir et il cherchera la contradiction avec son image ! quand pourra-t-on , enfin , construire un pays viable pour tous nos enfants et nos petits-enfants sans la culture de la mort et du martyr ? je ne crois pas , je ne peux pas croire que DIEU veuille nos suicides . bien au contraire DIEU est BON et GENEREUX , donc IL nous veut vivants et heureux... adel.

    Hamed Adel

    11 h 30, le 03 août 2013

  • CETTE SORTIE du fakkîîîh n'est, sous couleur de spontanéité virulente, qu'un salmigondis d'éructations et de bafouillis qui traite de sujets graves de façon obscène. Le Sain libanais sait faire la différence entre une apparition effervescente de Sääd mais étayée par des dossiers rigoureusement préparés, et une comme celle du Pers(c)é franchement racoleuse et culottée. Somme toute, la diatribe anthracite est au débat politique ce que "Star’s Academy" est à l'enquête sociologique ! Cela étant, il est infiniment plus correct, au niveau Malsain, de dénoncer les turpitudes du Sain que n'importe quelles horreurs commises par d’autres fakîhdio-bääSSyriens ayant pignon sur charnier….syrien. C'est ainsi qu'il se trouve encore dans ce patelin des Noircis pour conspuer l'irresponsable Sain Syrien qui s'apprête à éliminer leur aSSadiot bääSSàRien. Mais pas un d'entre eux n'a jugé bon de conspuer ce bääSSdiot qui fait exterminer tout un peuple : un Génocide par jour quoi, en Sainte-Syrie ! Et pourtant, le lionceau poltron et son entourage d’à côté de lapins gnomes et nains avait bien envahi leur patelin. Et, enjoué qu’il est, se paye même le luxe de les humilier aux fakîhàRiens ; trop peureux pour articuler devant lui les remontrances qu'ils chuchotent entre eux ; avant de se gausser d’eux. Mais, malgré cette arrogance aSSadique, nulle imprécation même "divine" émanant des zkâks Malsains et noircis.

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    02 h 56, le 03 août 2013

Retour en haut