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À La Une - Brésil

Les chrétiens orientaux, grands oubliés des JMJ

« Ne restez pas au balcon de la vie, Jésus n’y est pas resté » ; « Jésus, c’est mieux que la Coupe du monde de football »... Voilà, entre bien d’autres phrases, ce qu’a dit le pape François hier à plus de 3 000 000 de jeunes à Rio de Janeiro pour la clôture des JMJ dont la prochaine édition se tiendra, en 2016, à Cracovie en Pologne. Photo Marcello Tasso/AFP

Un peuple libre mimant la douleur de Jésus – qui est aussi la sienne – sur la scène du travail, dans les mines, les hôpitaux, dans les tombeaux de l’espérance et ses berceaux... Voilà le magnifique, le génial spectacle en quatorze scénographies que les jeunes Brésiliens ont offert au monde, vendredi soir, en guise de chemin de la Croix.
À l’issue de chaque scène, une brève lecture, un commentaire et une médiation. En contrepoint, un détachement militaire et des porte-drapeaux soulignaient la dignité de la scène dans une solennité qui lui offrait une distance supplémentaire et laissait de la place aux larmes, mais une place réservée, continuellement relancée et continuellement apaisée. À couper le souffle. Une réserve (mais est-ce une réserve ? ), le Jésus ensanglanté et nu avançant vers le Golgotha ne se relevait pas avec assez de vigueur. Parfois, nous nous relevons dans le mouvement même de la chute. Et à longueur de journée.


« Avec Sa Croix, Jésus s’unit au silence des victimes de la violence qui ne peuvent plus crier, surtout les innocents et ceux qui sont sans défense, a magnifiquement affirmé le pape en clôture de cérémonie. Avec elle, Jésus s’unit aux familles en difficulté, qui pleurent la mort de leurs enfants ou qui souffrent en les voyant être les proies des paradis artificiels comme la drogue ; avec elle, Jésus s’unit à toutes les personnes qui souffrent de la faim dans un monde qui chaque jour met à la poubelle des tonnes de nourriture ; avec elle, Jésus s’unit aux nombreux jeunes qui ne mettent plus leur confiance dans les institutions politiques, car ils y voient égoïsme et corruption, ou qui ont perdu leur foi dans l’Église, et même en Dieu, à cause de l’incohérence des chrétiens et des ministres de l’Évangile. »
Le pape des pauvres n’est vraiment pas là pour infantiliser davantage une jeunesse qui n’est gâtée que pour mieux être exploitée, mais pour l’aider à passer l’âge, à mûrir. La veille, fête de saints Joachim et Anne, parents de la Sainte Vierge, il avait lancé un appel au dialogue des générations. Enthousiasme des jeunes, sagesse des aînés se complètent, a-t-il insisté.


Les « ministres » de l’Église sont pointés du doigt dans la désaffection des jeunes à son égard. La veille, le pape avait dénoncé le carriérisme, le fonctionnariat dans une Église qui risque de se dévitaliser en perdant le contact avec le Christ et de se transformer en ONG.

La grande surprise
Grande surprise, pas trace du Moyen-Orient, berceau du Christ dans les textes des médiations accompagnant le chemin de la Croix. L’oubli est-il volontaire ? Quand le tour du continent asiatique vient, dans les intentions de fin de cérémonie, c’est un Philippin qui le prononce. « Que la minorité chrétienne en Asie reste présente comme une graine fertile, même au milieu des persécutions », affirme-t-il. Minorité chrétienne ? Qu’en pensent les patriarches orientaux ? Qu’en pense le patriarche maronite Béchara Raï, qui ne manque pas une seule occasion de souligner que les chrétiens orientaux « ne sont pas une minorité » dans cette partie du monde, mais l’une des fibres essentielles de son tissu culturel et social ?


François, pour sa part, considère que le centre et l’avenir de l’Église se sont déplacés aujourd’hui en Amérique latine, que l’archevêque de Rio appelle « le continent de l’espérance ».
Sur le terrain aussi, la présence des chrétiens orientaux est modeste. Leurs drapeaux – libanais, syrien, irakien – sont noyés dans la marée humaine qui a envahi la belle plage de Copacabana. Un millier de fidèles sur un million et demi de personnes, c’est peu en effet. Le coût relativement élevé du voyage au Brésil est-il l’une des explications de cette faible participation ? Mais est-elle la seule ? Les Églises d’Orient ne sont-elles pas plutôt en état de somnolence ? Ce qui est sûr, c’est que l’Orient insoluble dans l’histoire a fini par fatiguer le monde. Cette région s’est transformée en un bourbier où, de temps en temps, quelques crocodiles venus d’Occident viennent verser quelques larmes, avant de continuer leur route.

 

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