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Culture - Exposition

Lecture ouverte des tableaux et des sculptures de Heba al-Akkad

Pour sa troisième exposition individuelle, Heba al-Akkad offre au public, à la galerie Tanit, une trentaine de mixed médias. Monde coloré et déstructuré pour un Proche-Orient à feu et à sang.

L’art, évasion et témoignage, comme une attente à la Godot.
Une jeune Damascène venue d’Alep travaille ses collages avec du papier, des étoffes, des fils, du papier journal, des photos et des couleurs. En toiles (cela va de 1 m x 1,5 m à 20 cm x 20 cm) ou petites sculptures (faites de bois et d’étoffes), faussement naïves car acides et mordantes, elle dévoile les dessous d’un univers en ébullition, empreint de violence, de noirceur, de misère, de tristesse. Avec une grande compassion pour l’enfance et le désarroi d’une humanité souffrante.
Un chambardement et un chamboulement habités des tonalités orangées les plus sourdes, les plus solaires et des reflets noirs allant des enveloppes les plus sombres aux nuances les plus tendres de la mélancolie et du deuil.
Férue des livres de Abdel Rahman Mounif (remarquable auteur du cycle romanesque Villes de sel) et de la musique «rap» orientale (Rayess Bek, rap tunisien, alépin...), Heba al-Akkad considère que cette exposition est un dialogue entre elle et le public. Et de déclarer: «Je ne suis pas pour donner un titre à une œuvre. Cela doit rester une lecture ouverte...»
Pourtant, force est de constater que ces toiles, portant toutes un titre en langue arabe (sans connotation poétique ou sociale, entièrement neutre), sont le fruit d’un monde en bouleversement. Celui du monde arabe. Rapport aux autres, aux villes, aux événements qui se succèdent, aux droits des vivants à la dignité, à la vie, à l’espoir, à la paix. C’est tout cela, comme un cri (in)articulé, que la peinture et les sculptures en chiffons, perles, cadres en bois et fils de fer d’une artiste qui exprime ses angoisses et ses attentes. À travers des images composées de ce que la mémoire affective et visuelle lui dicte.
En revisitant les paysages du quotidien de son environnement, surtout oriental car sa fenêtre sur l’Occident, de ses propres aveux, est limitée, Heba al-Akkad, en motifs ramagés, comme dans un rythme saccadé ou nerveux, en un patchwork de tracés décousus mais qui se rejoignent, tisse le lien étroit entre des mondes scindés, bousculés. Des mondes aux abords de l’éclatement.
Une mitraillette, un poteau électrique, un regard hagard, une bouche grande ouverte (bonjour Edvard Munch!), un chaos, le visage («baconien» dans sa distorsion) d’un gosse ou d’une gamine, une horloge déglinguée, une poupée aux yeux dévorés par l’incertitude, et voilà qu’émerge un inconscient tenaillé par des lendemains qu’on souhaite plus sûrs, plus rassurants, plus chantants, pour reprendre la formule célèbre...
Une peinture et des sculptures, aux détails minutieux, cassés, certes vivantes, mais qui ont un langage largement utilisé depuis les années 60. Ce pop art tout en collage mêle en toute méticulosité et finesse, parfois même avec une pointe d’humour noir et un grain d’ironie, commentaire social et touche d’émotion.
L’exposition, intitulée «Ma min chi tghayar... Rien n’a changé...», de Heba al-Akkad à la galerie Tanit (Nayla Kettaneh-Kunigk) à Mar Mikhael se poursuit jusqu’au 9 septembre prochain.
L’art, évasion et témoignage, comme une attente à la Godot.Une jeune Damascène venue d’Alep travaille ses collages avec du papier, des étoffes, des fils, du papier journal, des photos et des couleurs. En toiles (cela va de 1 m x 1,5 m à 20 cm x 20 cm) ou petites sculptures (faites de bois et d’étoffes), faussement naïves car acides et mordantes, elle dévoile les dessous d’un...

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