Au départ, la fondation du camping répond seulement à des ambitions humanitaires et s’apparente à une aventure, comme la décrit Pascale dans son livre de jeunesse, Les Colombes de Amchit, ou ma vie comme un jeu : « Moi, je pensais qu’ayant tenté déjà, sans grand succès d’ailleurs, l’élevage des vaches, des lapins, des gazelles, des porcs, des oies et d’une quantité d’autres animaux sauvages ou domestiques, nous pouvions bien faire un essai sur les campeurs, espèce alors encore inconnue au Liban. »
Très vite, le camping devient populaire et les touristes venus des quatre coins de la terre affluent. Pascale raconte : « Le camping était devenu une véritable tour de Babel, un grand caravansérail où je côtoyais les jeunes et les moins jeunes, les purs et les roués, les curés et les agnostiques, les socialistes et les capitalistes, les Jaunes, les Noirs, les Blancs. » Entre 1965 et 1975, le camping s’organise et vit ses plus belles heures de gloire aux rythmes des évolutions du monde, dont ressort un nombre incalculable d’anecdotes, dont celle-ci : « Il y avait aussi des piétons – beaucoup – et plus rarement des bicyclettes, tel ce jeune Anglais handicapé qui avait fait seul le voyage depuis Londres, la jambe gauche rivée à une pédale fixe. Il resta trois jours avec nous et continua direction Jérusalem infatigablement. »
« Un paradis sur terre »
En 1990, François et Pascale, expatriés au Brésil, décident de rentrer au Liban pour redonner vie au camping et l’aménager pour répondre aux exigences de la clientèle. Désormais, c’est 35 000 mètres carrés de terrains arborisés dont peuvent profiter les voyageurs. Qu’ils choisissent de dormir sous la tente, dans un « tungalow » – néologisme qui décrit une habitation en béton qui a la forme et la superficie d’une tente – ou dans un chalet, les touristes décrivent l’endroit comme « un paradis sur terre » et sont séduits par « la chaleur et l’hospitalité libanaises ». Les propriétaires ont adapté leurs offres aux exigences d’une clientèle libanaise, moins habituée à la pratique du camping, en proposant des chambres de luxe avec jacuzzi. Ils persistent toutefois dans leur volonté d’initier totalement les Libanais à « l’esprit du camping », qui leur tient particulièrement à cœur.
D’après eux, le camping de Amchit est un endroit de liberté où l’homme vit en parfaite harmonie avec son environnement animal et végétal. C’est une leçon de vie basée sur la simplicité et la fraternité allant à contre-courant du snobisme et du nombrilisme des ploutocrates du marché touristique libanais.
Malheureusement, les évènements politiques régionaux et nationaux entraînent une réduction des touristes en provenance de l’étranger, ceux-là mêmes qui ont pourtant, longtemps, constitué la totalité de la clientèle.
C’est désormais leurs fils, Malek et Adrien, qui vont reprendre l’entreprise familiale et continuer de résister encore et toujours à l’envahisseur...
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