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Économie - Liban - Réfugiés syriens

Geste solidaire ou concurrence déloyale : au Liban, des hôtels cassent les prix

Face à certains établissements qui proposent des tarifs exceptionnellement bas aux ressortissants syriens, le président du syndicat des hôteliers du Liban, Pierre Achkar, dénonce avec virulence une forme de dumping.

Les visiteurs/réfugiés syriens : une manne que semblent se disputer cruellement les établissements hôteliers. Photo Naharnet.com

Sur le site Internet de Golden Tulip Hôtel de Ville, un message est affiché sobrement : « Nous souhaitons exprimer notre sympathie en ces temps difficiles. Nous savons que beaucoup d’entre vous, ou des membres de votre famille, envisagent de venir au Liban (...) Golden Tulip Hôtel de Ville propose des taux spéciaux à tous ceux affectés par la crise en Syrie. » Ce message a rapidement été relayé par de nombreuses personnes, libanaises ou expatriées, touchées par l’initiative. Interrogé, l’établissement a indiqué pratiquer un rabais de l’ordre d’une quarantaine de dollars sur le prix d’une chambre, avec petit déjeuner inclus, et possibilité d’une réduction encore plus poussée en cas de séjour prolongé.


S’agit-il là d’un geste d’une solidarité exemplaire, d’autant que plusieurs établissements, ainsi que l’ont rapporté certains médias, refusent d’accepter des réfugiés syriens, ou d’un simple « coup » de marketing brillant ?

Des cinq-étoiles à prix discount
« Une concurrence déloyale », tranche le président du syndicat des hôteliers du Liban, Pierre Achkar. « Certains cinq-étoiles ont ramené le prix de leurs chambres de 350 à 150 dollars la nuitée ; les chambres à 200 dollars sont bradées à 70 ou 80 dollars, dénonce-t-il. Les grands groupes hôteliers peuvent se permettre de mener ce genre d’opération, car ils sont en mesure de supporter les coûts (qu’elles représentent) mais que laisse-t-on aux petits et moyens établissements ? Ces derniers, les hôtels trois-étoiles et moins ne peuvent pas casser leurs prix. »


Une pratique qui serait alors apparentée au dumping, à la revente à perte, sous couvert de soutien à des personnes en difficulté ? Pire, selon M. Achkar, les hôtels concernés ne cibleraient, en réalité, même pas les réfugiés – mais la vague de touristes prévue au Liban pour les vacances de la fête du Fitr. « Après tout, reconnaît-il, le secteur n’a aucune autre ressource pour le moment. Les visiteurs syriens devraient prochainement affluer pour la fête du Fitr et passer trois, quatre, cinq jours au Liban. Ce coup de marketing est un bon moyen (de les attirer). »
Interrogée, la direction de Golden Tulip Hôtel de Ville n’a pas souhaité commenter les propos tenus par M. Achkar. « Le management a, simplement, voulu faire un geste pour les Syriens en difficulté », a transmis une employée de l’hôtel.

Un secteur touristique exsangue
Les visiteurs/réfugiés syriens : une manne que semblent se disputer cruellement les établissements hôteliers, dans un contexte particulièrement difficile cette année pour l’économie libanaise en général, et le secteur touristique en particulier : multiplication des incidents politico-sécuritaires, boycott de la part des ressortissants du Golfe... Les hôtels ne comptent plus les annulations. Rappelons que le ministre sortant du Tourisme, Fadi Abboud, a récemment annoncé que quelque 200 mariages prévus cet été ont été annulés ou relocalisés. « Le Liban n’a pas connu de saison estivale aussi mauvaise, même durant les années de guerre civile », a déploré pour sa part, en début de mois, le président du syndicat des restaurateurs, Paul Ariss. « Le chiffre d’affaires du secteur hôtelier a chuté de 36 % au cours des six premiers mois de l’année, souligne M. Achkar, et par rapport à la période de 2009-2010 nous parlons d’une dégringolade de plus de 50 %. » Rien d’étonnant à ce que la concurrence soit alors devenue féroce.


« Mais encore faut-il que les Syriens ne prennent pas peur à leur tour ! » met en garde M. Achkar, se référant à l’assassinat mercredi d’un responsable syrien pro-Assad à Sarafand, qui intervient dans un contexte déjà endeuillé par l’attentat à la bombe de la banlieue sud, les affrontements de Saïda, les clashes à Tripoli...
Une chose est sûre, « plusieurs institutions touristiques fermeront leurs portes cet été et (...) plusieurs Libanais vivant à l’étranger ont changé de plans pour aller passer l’été aux États-Unis ou en Europe », selon les affirmations de M. Ariss. De quoi pousser les hôtels à chouchouter leur clientèle syrienne.

 

 

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Sur le site Internet de Golden Tulip Hôtel de Ville, un message est affiché sobrement : « Nous souhaitons exprimer notre sympathie en ces temps difficiles. Nous savons que beaucoup d’entre vous, ou des membres de votre famille, envisagent de venir au Liban (...) Golden Tulip Hôtel de Ville propose des taux spéciaux à tous ceux affectés par la crise en Syrie. » Ce message a rapidement...

commentaires (3)

Et les "artistes", elles vont faire du dumping aussi, les artistes? Trois pour le prix de deux? Le grand bordel libanais solde!

GEDEON Christian

15 h 26, le 19 juillet 2013

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Commentaires (3)

  • Et les "artistes", elles vont faire du dumping aussi, les artistes? Trois pour le prix de deux? Le grand bordel libanais solde!

    GEDEON Christian

    15 h 26, le 19 juillet 2013

  • Les bensaouds du golfe continueront a venir , le Liban est le seul pays arabe qui leur offer la liberte de boire , sexuelle totale entre personnes du meme genre et de femmes venues du grand froid d'europe de l'est , il y a seulement que c'est Ramadan et ils preferent faire semblant de jeuner chez eux que chez nous , Ni hezb ni ballout n'explique quoi que se soit .

    Jaber Kamel

    10 h 15, le 19 juillet 2013

  • Si vous dîtes la vérité, il y aura ici même des chicaneurs qui vous accuseront de toujours accuser une partie "pour tout malheur". Cette "concurrence" (ou pseudo) dans le secteur hotelier indique l'ampleur de la catastrophe dans le secteur touristique en général, causée par l'implication du Hezbollah dans la guerre en Syrie et les conséquences qui en découlent en grande instabilité, en représailles des pays du Golfe par l'interdiction à leurs citoyens de venir au Liban etc.

    Halim Abou Chacra

    09 h 45, le 19 juillet 2013

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