Le Rassemblement pour la fermeture de la décharge était représenté par sa responsable de communication Raghida Halabi, et le Mouvement écologique libanais par son président Paul Abi Rached.
Mme Halabi a qualifié Aïn Drafil de « village sinistré », puisque 92 % de la décharge de plus de 330 000 mètres carrés se trouvent dans ce périmètre. Elle a également fait le point sur l’actualité de ce dossier (confié par l’État à une compagnie privée, avec un contrat qui se renouvelle régulièrement), révélant qu’une réunion a récemment été tenue à l’initiative de la commission parlementaire de l’Environnement, avec des représentants des ministères de l’Environnement et de l’Intérieur, du Conseil du développement et de la reconstruction (CDR), ainsi que certains députés de la région. Le député Akram Chehayeb, président de la commission, a rappelé, selon elle, à l’issue de cette réunion que la décharge ne devait pas fonctionner plus de cinq ans, et qu’elle devait initialement accueillir un maximum de deux millions de tonnes de déchets, alors qu’elle en est à plus de dix millions aujourd’hui.
Plus grave encore, selon Mme Halabi, les renseignements du Rassemblement indiquent que « 70 000 nouveaux mètres carrés de terrain ont été achetés récemment autour de la décharge, dans l’objectif de l’agrandir ».
Mme Halabi s’étend sur les dangers écologiques et sanitaires de la décharge, notamment les quelque 12 000 mètres cubes de gaz méthane qui s’en dégagent par heure, sans compter les autres gaz toxiques. « En 2010, un incendie qui a failli s’étendre jusqu’à la décharge a menacé celle-ci d’explosion », a rappelé la militante. Elle a ajouté que « selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), il s’est avéré que les enfants de 0 à 9 ans sont menacés de stérilité s’ils sont exposés à des gaz toxiques provenant de décharges ». Elle a poursuivi : « Quinze ans d’exposition aux gaz toxiques provenant de 70 % des déchets du Liban, n’est-ce pas une atteinte à nos enfants ? Nous ne voulons pas de réponse à cette question, mais une décision ferme et rapide de clore ce dossier et de réhabiliter la décharge. La commission parlementaire, les députés de la région sont-ils conscients de la catastrophe sociale qui se prépare ? »
« Nous autres habitants de Abey, Aramoun, Baawerta, Naamé et Aïn Drafil, ainsi que tous les habitants de la Montagne, refusons une nouvelle prolongation de la vie de cette décharge, et n’allons plus renoncer à notre droit de vivre une vie saine, loin de ce qui menace notre avenir et celui de nos enfants, a-t-elle déclaré. Les organisateurs de cette campagne comptent employer tous les moyens pacifiques pour obtenir la fermeture du site. Nous donnons aux autorités un délai qui expire fin septembre pour nous proposer des mesures concrètes. »
Recyclage et compostage
Pour sa part, Paul Abi Rached a placé la fermeture de la décharge de Naamé dans le contexte d’une nécessaire révision de toute la politique de gestion des déchets au Liban. Il a préconisé, outre la fermeture du site, « de ne pas renouveler le contrat avec Averda (la compagnie chargée de la collecte et du traitement de déchets dans le Grand Beyrouth) ». Il a également recommandé aux autorités « d’abandonner le projet d’incinération qu’elles envisagent, en raison de son coût élevé et de la pollution dangereuse qui s’en dégage ».
Dans la liste de solutions qu’il a suggérées, M. Abi Rached a affirmé qu’il fallait responsabiliser les citoyens à la réduction du volume des déchets à la source pour faciliter les opérations de recyclage, de réutilisation et de compostage. Il a évoqué la nécessité d’appliquer le principe de décentralisation pour une gestion plus efficace des déchets, le soutien aux industries de recyclage, l’application du principe pollueur-payeur et l’adoption d’une loi moderne.
Enfin, l’écologiste a proposé de consacrer le budget de la Caisse autonome des municipalités (qui va actuellement au paiement du plan d’urgence pour le traitement des déchets, adopté en 1997) à des projets de développement sur la gestion des déchets.
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