Rechercher
Rechercher

Liban - Terrorisme

Les 35 kg d’explosifs ont sectionné en deux la voiture piégée de Bir el-Abed

Un violent attentat a secoué hier la banlieue sud de Beyrouth provoquant de lourds dégâts matériels.

Des civils accourent sur les lieux de l’explosion pour tenter d’éteindre les voitures qui ont pris feu.Issam Kobeyssi/Reuters

Il était onze heures hier quand une voiture piégée a explosé dans un parking de Bir el-Abed, au cœur de la banlieue sud de Beyrouth. L’attentat a fait 53 blessés, 41 d’entre eux avaient quitté l’hôpital hier en fin d’après-midi. Selon les premiers éléments de l’enquête, menée par le commissaire du gouvernement près le tribunal militaire, Sakr Sakr, une charge de 35 kilogrammes avait été placée dans un véhicule 4 x 4 de marque Nissan. L’explosion a sectionné la voiture en deux.


Peu après l’attentat, les rues de la banlieue sud se sont brusquement vidées, sillonnées seulement par des dizaines de mobylettes. Il fallait passer plusieurs barrages dressés par le Hezbollah pour arriver sur le lieu de l’explosion. La voiture piégée était stationnée dans un parking près d’une coopérative commerciale, le Centre de coopération islamique, faisant face au siège d’une institution du Hezbollah spécialisée dans l’octroi de crédits, « Jamiyat al-qard al-hassan ». La zone résidentielle et commerçante abrite également de nombreux bureaux du parti chiite.
Les vitres des immeubles ont volé en éclats à une dizaine de mètres à la ronde et la voiture piégée a fait un cratère d’une profondeur de deux mètres et d’un diamètre de trois mètres.

 

(Lire aussi : L’attentat de Bir el-Abed honteusement exploité pour aiguiser la discorde)


« Je rendais visite à ma sœur qui habite face au parking. L’immeuble a tangué et nous avons entendu un horrible bruit. Il y avait du feu et de la fumée... mais nous sommes habitués à cela et nous nous attendons à toutes sortes d’attaques », indique Nahla Makki précisant qu’elle travaille auprès de l’association al-Mabarrat al-khayriya, relevant du Hezbollah.

Une pluie de vitres
Hassan Najdi tient dans ses mains la police d’assurance de sa voiture défoncée et montre son appartement situé au 9e étage d’un immeuble dont les vitres ont entièrement été saccagées. « J’étais à moto, je voulais effectuer des achats au supermarché. Je venais de sortir de chez moi. J’ai entendu l’explosion, j’ai regardé derrière moi, il y avait une colonne de fumée. J’ai rebroussé chemin. Mes trois enfants étaient seuls dans l’appartement avec l’employée de maison. Je suis revenu dans mon quartier alors que des débris de verre me pleuvaient dessus. Je suis arrivé, j’ai vu le responsable du parking à plat ventre, ayant échappé par miracle à l’explosion, puis il y avait une femme voilée effondrée entourée de ses enfants. J’ai vu le feu et entendu exploser les réservoirs des voitures stationnées dans le parking, l’un après l’autre. Mon épouse était dans la rue, elle avait accouru à pied de son travail. Nos enfants étaient indemnes. Mon neveu par contre, qui vit dans le même immeuble que nous, a été blessé », raconte-t-il.


Hier, les bris de verre jonchaient la rue témoin de l’attentat, ressemblant étrangement à une épaisse couche de verglas. Dans le périmètre de l’explosion, des hommes en civil du Hezbollah, certains arborant des talkies-walkies et d’autres portant des revolvers autour de la taille, montaient la garde et circulaient parmi la foule, alors qu’une unité spéciale du parti chiite travaillait côte à côte avec les services d’anthropométrie de la police. Une bâche bleue a été placée au-dessus du cratère provoqué par la voiture piégée afin de mieux préserver les indices.

 

(Chronologie : Les répercussions du conflit syrien sur le Liban)


Ali Noureddine a douze ans. Il aide son frère aîné à balayer les bris de verre qui couvrent le trottoir devant le magasin de leur papa. « Nous étions à la maison, dans le même immeuble que la boutique. Je venais de me réveiller, j’ai entendu un bruit énorme et dehors tout était devenu noir », dit-il. Ali rêve de devenir un « spécialiste de la sécurité » quand il grandira, indique-t-il. « Je fouillerai les voitures, j’arrêterai les terroristes », explique-t-il. Mais il n’a pas encore décidé s’il effectuera ce métier auprès de l’armée libanaise ou du Hezbollah.


Hussein Tahmaz accuse les Israéliens et estime que le Hezbollah et la communauté chiite paient le prix de leur participation à la guerre en Syrie. Il montre un immeuble touché par l’explosion. « En juillet 2006, j’étais là, au balcon de ce bâtiment, et je déblayais les débris des bombardements israéliens. Nous sommes toujours prêts à affronter nos ennemis », martèle-t-il.


Hier, comme pour montrer leur ténacité et pour prouver encore une fois à qui ils ont prêté allégeance depuis bien longtemps, nombre d’habitants du secteur ont accroché des drapeaux du Hezbollah et des portraits du secrétaire général du parti, Hassan Nasrallah, aux façades aux vitres brisées de leurs appartements.

 

 

Lire aussi

Guerres à domicile, l'éditorial de Issa Goraieb

 

Le semeur de khamsin, l'article de Ziyad Makhoul

 

L’armée et la couverture internationale, l'éclairage de Scarlett Haddad

Il était onze heures hier quand une voiture piégée a explosé dans un parking de Bir el-Abed, au cœur de la banlieue sud de Beyrouth. L’attentat a fait 53 blessés, 41 d’entre eux avaient quitté l’hôpital hier en fin d’après-midi. Selon les premiers éléments de l’enquête, menée par le commissaire du gouvernement près le tribunal militaire, Sakr Sakr, une charge de 35...

commentaires (3)

C'est étonnant qu'une bâche ait été mise au dessus du trou de l'explosion pour préserver les indices. Lorsque Hariri a été assassiné, l'ordre avait été donné de remblayer d'urgence le trou béant. Sleiman Frangié avait alors empêché au dernier moment cela de peur d'en être accusé. Deux poids, deux mesures, comme toujours, même dans le malheur. Je crains que cet attentat dans la banlieue ne soit l'annonce de multiples attentats , mortels cette fois, à venir dans les zones du 14 mars. Deux poids, deux mesures. C'est étonnant que le Hezbollah se soit mis à fond dans la partie afin de découvrir les responsables, alors que Michel Samaha se la coule douce en attendant d'être libéré par ceux qui le protègent : Bachar et ses alliés libanais : deux poids, deux mesures....

Saleh Issal

14 h 50, le 10 juillet 2013

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • C'est étonnant qu'une bâche ait été mise au dessus du trou de l'explosion pour préserver les indices. Lorsque Hariri a été assassiné, l'ordre avait été donné de remblayer d'urgence le trou béant. Sleiman Frangié avait alors empêché au dernier moment cela de peur d'en être accusé. Deux poids, deux mesures, comme toujours, même dans le malheur. Je crains que cet attentat dans la banlieue ne soit l'annonce de multiples attentats , mortels cette fois, à venir dans les zones du 14 mars. Deux poids, deux mesures. C'est étonnant que le Hezbollah se soit mis à fond dans la partie afin de découvrir les responsables, alors que Michel Samaha se la coule douce en attendant d'être libéré par ceux qui le protègent : Bachar et ses alliés libanais : deux poids, deux mesures....

    Saleh Issal

    14 h 50, le 10 juillet 2013

  • Le peuple et le peuple paye toujours le plus lourd tribu , et le chef de tribu reste le plus intouchable . Triste conception civique . Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    10 h 28, le 10 juillet 2013

  • Ils ont semé la violence, en se servant des assassinats et des armes, et a présent ils l'a récolte. Le plus triste c'est de voir l’extrémisme prendre le dessus sur la modération. C’était a prévoir. A partir de maintenant plus personne n'est a l'abri de ce qui risque de se passer et le Liban sombre dans une nouvelle ère de catastrophes nationales qui cette fois est irréversible. Le Hezbollah ne devra blâmer que ses actions. Quand a Israël, distribué a toutes les sauces pour éviter d’être accusé d'avoir justement provoquer les attentats, ça ne passe plus. dans tous les cas cela ne change rien a la situation: 1- Si c'est Israël, ils en sont responsable puisqu'ils ont paralysé l'Etat et provoqué des troubles leurs laissant la possibilité d'attenter aux libanais, 2- Si se sont les Islamistes Palestiniens ou Syriens idem, 3- Si ce sont les islamistes locaux, le Pays va a vau l'eau et le pire est a imaginer. 4- Si c'est eux pour se victimiser et ressouder les rangs autour d'eux, "7abl el kezeb 2assir" et tout verra le jours très vite.

    Pierre Hadjigeorgiou

    10 h 27, le 10 juillet 2013

Retour en haut