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À La Une - Syrie

Tous « out » sauf Bachar

Farouk el-Chareh écarté ; l’opposition perd son Premier ministre ; combats toujours intenses à Homs.

Les troupes syriennes ont avancé hier à Khaldiyé, au centre de Homs (ici photographiée en janvier dernier), sous une pluie d’obus au dixième jour de leur offensive pour prendre le contrôle du dernier carré de la ville encore aux mains des insurgés. Yazan Homsy/Reuters

Le président syrien Bachar el-Assad a écarté hier tous les dirigeants de son parti, le Baas. « Les membres du commandement national ont été renouvelés », affirme le parti Baas sur son site, donnant les noms des 16 membres de la nouvelle direction, dont M. Assad. En revanche, le comité central a écarté le vétéran Farouk el-Chareh, très hostile à l’égard de la politique du chef de l’État. Le Premier ministre, Waël el-Halaqi, ainsi que le président du Parlement, Jihad Lahham, ont fait leur entrée dans ce commandement du parti. M. Chareh, qui s’était prononcé fin 2012 pour une solution négociée de la crise en Syrie, reste vice-président. Il détient ce poste depuis 2006 après avoir été pendant 22 ans le ministre syrien des Affaires étrangères. Il avait été évoqué pour remplacer M. Assad en cas de transition négociée. Le Baas, au pouvoir en Syrie depuis le 8 mars 1963, n’est plus officiellement depuis 2012 le parti qui « dirige la société », mais il reste de fait la formation la plus influente du pays. Il s’agit du premier renouvellement de sa direction depuis 2005. À l’époque, la plupart des vétérans avaient quitté le commandement, qui comptait 14 membres.
« Ce coup de balai s’explique par les nombreuses critiques venues de la base du parti Baas sur les mauvais résultats de la direction avant et durant » le conflit, affirme Bassam Abou Abdallah, directeur du Centre de Damas pour les études stratégiques. « Elle avait de mauvais résultats et un discours trop rigide. Ce changement complet montre le niveau de mécontentement », ajoute-t-il.

 

(Portrait : Farouk el-Chareh, seul dirigeant syrien partisan d'un compromis)


Dans le même temps, le Premier ministre rebelle Ghassan Hitto a annoncé hier qu’il démissionnait, sans avoir pu former de gouvernement d’opposition, près de quatre mois après sa nomination lors d’une réunion à Istanbul. « Je ne continue pas dans ma tâche de Premier ministre chargé de former un gouvernement intérimaire. Je vais continuer à travailler dans l’intérêt de la révolution pour qu’elle mène à bien tous ses objectifs par tous les moyens possibles », a-t-il indiqué. La Coalition nationale de l’opposition syrienne, principale formation de l’opposition, a accepté la démission de M. Hitto et annoncé qu’elle recevrait « les candidatures pour le poste de Premier ministre dans un délai de dix jours ». La démission de M. Hitto intervient deux jours après la nomination de l’opposant de longue date Ahmad Assi Jarba à la tête de la Coalition. M. Jarba est considéré comme proche de l’Arabie saoudite, qui s’était opposée à la candidature de M. Hitto, soutenu par le Qatar, lors des laborieux débats précédant sa nomination en mars.


Cette démission survient à un moment critique pour les rebelles. Les troupes syriennes ont gagné du terrain dans le centre de Homs, sous une pluie d’obus au dixième jour de leur offensive pour prendre le contrôle du dernier carré de la ville encore aux mains des insurgés, selon une ONG et des militants. Homs, ville symbolique pour la rébellion, est également stratégique, car elle contrôle les principales routes d’approvisionnement entre le nord et le sud du pays. Akrama, un quartier de Homs tenu par le régime, a été touché par un attentat-suicide à la voiture piégée faisant cinq morts, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Le quartier d’Akrama est à majorité alaouite. Les forces du régime ont pénétré dans plusieurs secteurs de Khaldiyé, quartier du centre de Homs, « après de violents bombardements et en utilisant la tactique de la terre brûlée », selon Abou Hilal, un militant antirégime résidant dans la vieille ville aux mains des rebelles, joint via Skype. Pour éviter de perdre trop d’hommes, l’armée détruit systématiquement les immeubles à l’artillerie, obligeant les rebelles à reculer. En soirée, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a exprimé « l’indignation » de la France « devant la poursuite des bombardements massifs » du régime syrien contre Homs.

 


Armes sophistiquées
En outre, M. Jarba a dit s’attendre à ce que l’Arabie saoudite livre rapidement des armes sophistiquées aux rebelles et permette ainsi à ces derniers de rééquilibrer le rapport de force sur le terrain. Il a également déclaré que les opposants ne se rendraient pas à la conférence de paix dite Genève 2, tant que leur situation militaire ne se sera pas améliorée. Il a par ailleurs proposé à M. Assad de respecter une trêve pendant le mois de jeûne du ramadan et de suspendre l’assaut des forces gouvernementales et de leurs alliés du Hezbollah contre la ville de Homs. La Russie, elle, s’est dit prête à établir des contacts avec la nouvelle direction de l’opposition syrienne, bien qu’elle ait « des questions » après les premières déclarations de M. Jarba.
Le gouvernement syrien a d’autre part invité deux hauts responsables des Nations unies à venir à Damas pour des discussions sur l’utilisation présumée d’armes chimiques dans le conflit, a indiqué l’ambassadeur syrien à l’ONU, Bachar Jaafari. L’invitation est adressée à Ake Sellstrom, un scientifique suédois nommé par l’ONU pour diriger une mission d’enquête sur les armes chimiques en Syrie, et à Angela Kane, la haute représentante de l’ONU pour le désarmement.

 


Guerre économique
De son côté, le Premier ministre Waël al-Halaqi a indiqué que l’économie syrienne est visée depuis quelques semaines par une « guerre internationale », après l’échec des ennemis de la Syrie à briser l’armée syrienne. Les ennemis n’ont pas réussi non plus à « isoler » la Syrie au sein des organisations internationales « grâce à la position ferme et stable de pays amis » comme la Russie et l’Iran, a-t-il ajouté. Selon M. Halaqi, « le gouvernement a mis en échec un plan pour provoquer une pénurie de pain et une crise dans le secteur électrique à Damas. La majorité des champs pétrolifères ont été sabotés, obligeant le gouvernement à importer en grande quantité les dérivés pétroliers ».
Par ailleurs, les îles Fidji ont annoncé l’envoi d’un contingent supplémentaire de 380 Casques bleus sur le plateau du Golan, portant la contribution de l’archipel à cette mission de paix à 562 hommes. Cette décision intervient après que plusieurs pays se sont retirés de la Force de l’ONU chargée d’observer le désengagement sur le plateau du Golan (FNUOD), théâtre d’incidents liés au conflit syrien. Enfin, la justice israélienne a condamné hier à trente mois de prison un Arabe jugé coupable de menace envers la sécurité nationale pour avoir brièvement rejoint les rebelles syriens. Cette peine relativement légère illustre l’indécision de l’État hébreu vis-à-vis du conflit en Syrie. Le cas de Hikmat Massaroua est sans précédent en Israël. Ce citoyen arabe a été arrêté le 19 mars à son retour de Syrie via la Turquie, après une semaine passée dans un camp rebelle.

 


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