Rechercher
Rechercher

À La Une - La chronique de Nagib Aoun

Et le Liban ?

Inachevées mais toujours présentes, violentes mais toujours porteuses d’espoir, antagonistes mais toujours animées d’un même élan révolutionnaire, tel est, aujourd’hui, l’état des révoltes dans le monde arabe. Civiles ou islamistes, laïques ou religieuses, elles se cherchent, se découvrent, s’entretuent le plus souvent, mais se retrouvent autour d’un dénominateur commun : la soif irrépressible de changement.
Que d’abus, que de massacres, que de lynchages entre-temps ! De Damas au Caire, de Homs à Benghazi, l’image est loin d’être réjouissante, elle est trop souvent odieuse, insupportable, désespérante, mais l’impression de fond est incontournable : il en sortira, forcément, quelque chose de totalement différent, ce quelque chose d’indéfinissable qui mettra un terme définitif aux ordres établis, la vague de fond dut-elle prendre des mois ou des ans pour arriver à bon (ou mauvais) port...
Faut-il craindre que, dans certains cas, les révolutionnaires, zélotes des temps maudits, ne renversent les dictatures que pour les remplacer par des théocraties ? Difficile de croire à une telle éventualité après l’expérience malheureuse des « Ikhwane » à la tête de l’État, au lendemain de la chute de Hosni Moubarak.
Économie en berne, chute dramatique du pouvoir d’achat des Égyptiens, fuite des capitaux... et des touristes. La « révolution correctrice » était inévitable et l’armée égyptienne a, naturellement, saisi la balle au bond au grand dam des « Ikhwane » englués dans une « contre-révolution » condamnée à se diluer progressivement dans la « realpolitik ». Un pragmatisme qui, tôt ou tard, déteindra sur les révolutions qui ont bouleversé les acquis et certitudes en Tunisie ou en Libye.
Quid de la Syrie ? Bachar el-Assad, au vu des événements en Égypte et de la déconfiture des Frères musulmans, se voit déjà réinvesti de la confiance du monde et de son propre peuple. Grossière erreur ! Avec plus de cent mille morts sur les bras et sur la conscience, Bachar peut difficilement croire à une survie politique. Tout juste peut-il, un jour, espérer une sortie honorable vers la Russie... ou le Venezuela.
Quant aux révolutionnaires syriens, le scénario égyptien ne peut être, pour eux, qu’incitatif à une redynamisation de la rébellion des origines, celle que les islamistes ont tenté de kidnapper. L’aide occidentale, remise sur les rails, pouvant à cet égard jouer un rôle essentiel de rééquilibrage.
Et le Liban, dans tout ça ? Il attend tout simplement la vingt-cinquième heure et l’homme providentiel pour dégager toute la frustration qui l’étreint. Un 14 mars bis qui mettrait tout le monde dans le même sac : partis politiques et milices, Hezbollah et salafistes, grandes gueules et imposteurs.
Un sac pour débarrasser le plancher des parasites et autres incongruités et permettre, enfin, au Liban de respirer au rythme des vagues réformatrices qui submergent la région...
Utopie ? Réveillez-vous férus de Twitter et de Facebook, accros du Web et des réseaux sociaux, jeunesse révoltée ou désabusée, c’est à travers vous que le message doit passer...
Inachevées mais toujours présentes, violentes mais toujours porteuses d’espoir, antagonistes mais toujours animées d’un même élan révolutionnaire, tel est, aujourd’hui, l’état des révoltes dans le monde arabe. Civiles ou islamistes, laïques ou religieuses, elles se cherchent, se découvrent, s’entretuent le plus souvent, mais se retrouvent autour d’un dénominateur commun :...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut