Rechercher
Rechercher

Liban - Témoignage

« Comment être joyeux quand il y a cette voix qui vous dit : où est notre grand gaillard ? »

Les parents d’Austin Tice, un journaliste américain disparu en Syrie, sont à Beyrouth en quête du moindre indice...

Les parents d’Austin Tice dans le lobby de leur hôtel beyrouthin, si dignes dans leur douleur... Joseph Eid/AFP

Debra Tice se réveille chaque matin avec l’espoir de reprendre une vie normale et en imaginant que la disparition, il y a onze mois en Syrie, de son fils Austin, un journaliste américain, n’était qu’un mauvais rêve. Mais le réveil n’a jamais apporté de soulagement pour cette mère depuis qu’elle a appris, avec son mari Marc, la nouvelle de la disparition de leur fils aîné de 31 ans alors qu’il couvrait le conflit syrien.
« Je me réveille en y pensant. Je me réveille à nouveau et rien ne se passe et je réalise que ce n’était pas un mauvais rêve », confie à l’AFP Debra Tice à Beyrouth où elle cherche la moindre information sur son fils. « Je pose les pieds à terre et je retiens mes émotions. Je ne pense alors qu’à trouver assez de force pour affronter la journée », dit-elle.
Austin Tice suivait des études de droit aux États-Unis quand il a décidé d’aller en Syrie pour tenter de se lancer dans le journalisme. Il a notamment écrit pour le Washington Post et un autre journal, McClatchy, et a reçu le prestigieux prix Polk après sa disparition en août 2012. Depuis, ses parents et ses six frères et sœurs n’ont eu presque aucune nouvelle de lui.
En septembre 2012, une vidéo le montrant entre les mains de combattants islamistes radicaux présumés a fait surface, mais des doutes ont été exprimés sur l’identité réelle de ses kidnappeurs. Ce document « soulève plus de questions qu’il n’apporte de réponses », fait remarquer son père, Marc Tice. Reste que la vidéo tend à prouver que le reporter est en vie. Un rare soulagement pour ses parents dans leur quête désespérée d’informations pendant laquelle ils ont fait deux voyages dans la région et rencontré de nombreuses personnes susceptibles de les aider.
« Nous sommes prêts à rencontrer n’importe qui », déclare Debra Tice. « Si vous me dites que tel chauffeur de taxi qui se trouve au milieu de nulle part a le moyen de faire rentrer mon fils à la maison, j’irais le voir », dit-elle. « Nous irons à Damas si on nous le propose ou si on est invité », renchérit son époux.
Les responsables américains pensent qu’Austin Tice est aux mains du régime syrien de Bachar el-Assad, dont l’armée combat une rébellion déclenchée en mars 2011 par une contestation populaire réclamant des réformes démocratiques. Les Tice soulignent que le gouvernement syrien a nié avoir une trace de leur fils, mais se sont dit prêts à engager des recherches pour tenter de le trouver. « Honnêtement, peu importe qui le détient. Nous ne voulons que le faire rentrer sain et sauf à la maison », poursuit son père.
La famille a créé un site Internet www.austinticefamily.com pour permettre à quiconque a des informations de se mettre en rapport. Et elle demande aux kidnappeurs de se manifester. « Nous vous demandons de le garder sain et sauf, de bien prendre soin de lui, l’informer qu’il est aimé et qu’on le recherche, et surtout nous dire comment le ramener à la maison. »
Entre-temps, les Tice essayent de mener une vie normale en célébrant anniversaires et succès scolaires. « Mais vous ne pouvez pas être totalement joyeux car il y a cette voix qui vous dit : où est notre grand gaillard ? » dit Mme Tice. Il nous manque tellement. »
La séparation est particulièrement dure pour sa mère qui s’occupe de l’éducation à la maison de tous ses fils. « Tout ce que j’ai voulu, c’est avoir plein d’enfants. »
Austin Tice est l’un d’au moins sept journalistes portés disparus en Syrie dont James Foley, un vidéaste collaborant avec l’AFP dont on n’a pas de nouvelles depuis novembre 2012. Les Tice disent être en contact avec les familles des autres disparus. « C’est un club très fermé que personne ne veut rejoindre », fait remarquer Debra Tice.
Elle dit penser souvent à la manière dont elle réagirait en cas de retrouvailles. « C’est comme quand on perd son fils dans la foule, on le cherche frénétiquement et quand on le retrouve, on le prend dans les bras avant de lui donner une fessée. »
Debra Tice se réveille chaque matin avec l’espoir de reprendre une vie normale et en imaginant que la disparition, il y a onze mois en Syrie, de son fils Austin, un journaliste américain, n’était qu’un mauvais rêve. Mais le réveil n’a jamais apporté de soulagement pour cette mère depuis qu’elle a appris, avec son mari Marc, la nouvelle de la disparition de leur fils aîné de 31...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut