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Culture - Initiative

La Metropolitan Art Society ouvre ses portes aux stars de l’art contemporain

Coup d’envoi de la Metropolitan Art Society avec une première sélection d’œuvres de grands noms de l’art contemporain international.

Massimo De Carlo et Tony Salamé devant le « Smile » de Rob Pruitt. Photo Michel Sayegh

Metropolitan Art Society. Sous cette appellation un peu mystérieuse, évocatrice de regroupement d’initiés, se cache un espace d’exposition au sceau particulier. Une belle, très belle ancienne maison libanaise d’Achrafieh qui accueille désormais entre ses murs les œuvres d’artistes-phares de l’art contemporain international.
Il s’agit en fait d’une «galerie des galeries» destinée à héberger des expositions temporaires proposées par les plus célèbres commissaires, artistes et galeristes du moment. Une ambitieuse initiative signée Tony Salamé. L’homme d’affaires, par ailleurs grand collectionneur d’art contemporain concrétise ainsi, à travers cet espace qu’il met à disposition de ces curateurs et artistes mondialement connus, les liens forts qu’il a tissés avec certains d’entre eux au fil de ses nombreuses acquisitions. Une manière d’«inviter l’art international au sein de la culture libanaise et, en retour, de faire découvrir aux acteurs majeurs de la scène artistique contemporaine les artistes libanais», dit-il.
Dans cet objectif, il a repris en bail à long terme le rez-de-chaussée de l’ancienne demeure des Bustros, devenue aujourd’hui le Metropolitan Club, pour y installer donc son Metropolitan Art Society*
Au sein de cette bâtisse au mélange de styles ottoman et vénitien typiquement libanais – dont le premier étage a été habité par le gouverneur français du Liban, Albert Michel Trabaud, qui a donné son nom à la rue – un espace de 500 m2 à l’ample hauteur de sous-plafond et divisé, conformément à l’architecture traditionnelle, en plusieurs pièces. Il forme ainsi un écrin à l’élégance intrinsèque parfaitement appropriée pour «recevoir» les œuvres d’artistes planétaires. À commencer par celles de la dizaine de peintres, sculpteurs et plasticiens à la notoriété internationale plus qu’établie que présente l’exposition d’ouverture.

Des fleurs naissant d’un crâne
Intitulée «East of Eden» et «commissionnée» par le galeriste milanais Massimo De Carlo, elle s’ouvre par deux sculptures signées Thomas Houseago, pointure britannique de la sculpture avant-gardiste. Il s’agit d’une pièce totémique en bois brut façon Brancusi, surmontée d’une sorte de faciès en plâtre, intitulée Masque, ainsi que d’une volumineuse tête-casque carrée en bronze noir préfigurant L’homme du futur («Man of the Future»). Deux œuvres fortes, typiques du travail de cet artiste qui redéfinit la représentation de la figure humaine dans la sculpture en lui donnant une image à la fois ethnique et moderne.
Pour accompagner ces deux sculptures à la présence intense, le galeriste italien a choisi d’accrocher sur les cimaises du hall principal des tableaux dégageant également une certaine densité. Une immense peinture bleue élaborée, dans un esprit postmoderniste, à partir d’objets de récupération par Dan Colen (valeur montante des expositions des galeries Gagosian et Saatchi), ainsi qu’une série de sept dessins-frottages sur papier du même jeune artiste américain reprenant en leitmotiv le mot «God». Et qui, accrochés de manière superposée, ascensionnelle, entre deux toiles traversées de haut en bas de lignes multicolores, tirées, elles, de la série des «Poor Paintings» du plasticien suisse John Armleder (l’un des artistes-phares du mouvement Fluxus des années 70), établissent un dialogue, une controverse plutôt sur les notions d’ascension et de verticalité.
Un peu plus loin, au moyen de ses «Tiffany Collages» réalisés par grattage-collage-manipulation avec adjonction de feuille d’or de pages du New York Times, l’artiste visuel américain Christian Holstad s’amuse à brouiller les repères, les clivages établis entre les univers du luxe et la réalité sociopolitique du monde.
Leur faisant face, des photos-impressions rehaussées de peintures par l’artiste multimédia californienne Kaari Upson décomposent et recomposent une identité féminine parfois un peu trouble.
Dans un coin d’une des pièces latérales des fagots de bois en bronze jouent les hyperréalistes trompe-l’œil. Une magnifique installation signée Massimo Bartolini, l’étoile montante de l’art contemporain italien, qui vient juste d’exposer à l’Arsenal de la Biennale de Venise.
Accrochées sur les cimaises d’une autre pièce, les peintures «Tie and Dye» de l’iconoclaste Piotr Uklanski (artiste polonais installé à New York qui s’est fait connaître par sa série de portraits de «nazis» réalisée en manipulation d’images d’acteurs de films hollywoodiens) développent, à partir de la reproduction d’un iris extrêmement agrandi, d’hypnotisants univers concentriques d’une symbolique quasi ésotérique. Et dont on retrouve également l’une des toiles jouant les duos verts phosphorescents avec une toile Smile de Rob Pruitt, un autre artiste new-yorkais pop-provocateur, qui avait marqué les esprits il y a quelques années par son «œuvre-installation» d’une ligne de cocaïne intitulée Shit Buffet!
Des provocations qui, comme on le sait, aident à se démarquer et à séduire une planète artistique contemporaine avide de coups d’éclats. À défaut de réel talent? La question reste posée. Même si elle ne concerne pas vraiment Yan Pei-Ming, fameux artiste dissident chinois installé en France qui, outre son autoportrait, donne à voir à la Metropolitan Art Society deux tableaux spécialement réalisés pour cette exposition beyrouthine – «au vernissage de laquelle il avait prévu d’être présent avant qu’un contretemps personnel ne l’en empêche», révèle Massimo De Carlo. Il s’agit de deux peintures en duplicata, l’une blanche, l’autre noire, mariant dans une même composition deux des thèmes récurrents de Yan Pei-Ming: le crâne humain et les fleurs, qu’il traite habituellement de manière indépendante, mais qu’il a réunis dans une même représentation de crâne faisant fonction de vase ou de terreau d’où s’épanouit un foisonnant bouquet de fleur. Image allégorique du Liban? Ce pays qui se joue de la mort pour refleurir encore et toujours... On aurait envie de le croire!

*Metropolitan Club, entrée restaurant La Posta, rue Trabaud. Jusqu'au 10 septembre. Horaires d’ouverture : du mardi au samedi, de 11h à 19h. Tél. : 70/366969.
Metropolitan Art Society. Sous cette appellation un peu mystérieuse, évocatrice de regroupement d’initiés, se cache un espace d’exposition au sceau particulier. Une belle, très belle ancienne maison libanaise d’Achrafieh qui accueille désormais entre ses murs les œuvres d’artistes-phares de l’art contemporain international. Il s’agit en fait d’une «galerie des galeries»...

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