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Moyen Orient et Monde - Égypte

Morsi rejette l’ultimatum de l’armée

Des heurts meurtriers font sept morts et des dizaines de blessés.

Des heurts entre pro et anti-Morsi ont fait sept morts et des dizaines de blessés, hier au Caire. Amr Abdallah Dalsh/Reuters

Le président égyptien Mohammad Morsi a réaffirmé hier soir sa « légitimité » et appelé l’armée à retirer l’ultimatum qu’elle lui a posé en lui demandant de « satisfaire les demandes du peuple », qui manifeste en réclamant son départ, avant ce soir. « Le président Mohammad Morsi réaffirme sa légitimité constitutionnelle, refuse toute tentative de passer outre, appelle les forces armées à retirer leur avertissement et refuse tout diktat » qu’il vienne d’Égypte ou de l’étranger, a-t-il en effet écrit sur son compte Twitter officiel. Le président islamiste a d’ailleurs rencontré le ministre de la Défense et chef de l’armée, le général Abdel Fattah al-Sissi, pour des tractations de dernière minute en soirée, selon des sources militaires et à la présidence qui n’ont pas donné plus de précisions. Toutefois, certaines sources militaires ont annoncé certains points de la feuille de route que l’armée essaie de faire passer, comme « la suspension de la Constitution » et « la dissolution du Majlis ach-choura » en cas d’impasse des pourparlers. 


Pendant ce temps, partisans et opposants du président égyptien Mohammad Morsi sont à nouveau massivement descendus dans la rue hier dans une atmosphère tendue. Des dizaines de milliers de personnes ont convergé vers l’emblématique place Tahrir au Caire pour une nouvelle mobilisation contre le président, élu il y a tout juste un an. Un manifestant, Mostafa Gharib, a affirmé craindre que les islamistes « ne se battent jusqu’à la fin avant de tomber ». Pour Mona el-Ghazawy, une comptable également descendue dans la rue pour réclamer le départ du président, « la bataille se joue maintenant » face aux islamistes. Des policiers supplémentaires étaient déployés dans la capitale, où les rues quasi désertes offraient un contraste saisissant avec l’habituelle activité de la mégalopole égyptienne. La ville, où de nombreux commerces et bureaux sont restés fermés par crainte de nouvelles violences, était également survolée par des hélicoptères de l’armée. Des heurts entre pro et anti-Morsi dans le quartier de Guizeh ont en outre fait sept morts et des dizaines de blessés, dont plusieurs grièvement touchés par des tirs, selon des sources médicales. Des heurts ont également éclaté dans d’autres quartiers de la périphérie du Caire et dans la province de Beheira, dans le nord.

 

(Pour mémoire : L’opposition égyptienne veut retrouver le souffle de la révolution)



Appels au « martyre »
Un responsable des Frères musulmans a de son côté appelé à empêcher un coup d’État, au besoin par le « martyre », en rappelant le sang déjà versé pour obtenir la chute de l’ancien président Hosni Moubarak en 2011. Des dizaines de milliers de partisans du président étaient d’ailleurs rassemblés dans le faubourg de Nasr City ainsi que devant l’université du Caire, sur l’autre rive du Nil. « La position de l’armée est inquiétante et dérangeante. S’ils prennent le pays, nous ferons une révolution islamique », a prévenu Mohammad Abdel Salem, un manifestant pro-Morsi. « Réveille-toi Sissi, Morsi est mon président », scandait la foule à l’adresse du ministre de la Défense. Alia Youssef, ingénieure voilée de 24 ans, s’est dit « prête à mourir ici pour défendre la légitimité (du président) et dire “non” à un coup d’État militaire ». Dans la nuit de lundi à mardi, la présidence avait rejeté l’ultimatum de l’armée, affirmant que l’Égypte ne permettrait « absolument aucun retour en arrière quelles que soient les circonstances ». L’armée, qui avait assuré un intérim controversé entre la chute de M. Moubarak et l’élection de M. Morsi en juin 2012, a démenti hier vouloir préparer un « coup ».
Plus tôt dans la journée, l’opposition a désigné Mohammad el-Baradei, ancien chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), pour être sa « voix » et son négociateur en vue d’une « transition politique ». L’opposition avait salué l’ultimatum de l’armée, y voyant un appui de poids dans sa volonté de pousser vers la sortie M. Morsi, accusé de vouloir instaurer un régime autoritaire au profit du mouvement des Frères musulmans, la formation dont il est issu. Les partisans du chef de l’État insistent quant à eux sur la « légitimité » du premier président démocratiquement élu de l’histoire du pays.

 

(Pour mémoire: Les enjeux stratégiques et énergétiques des changements dans la région, l’éclairage de Scarlett Haddad)



Défections
 M. Morsi est de plus en plus isolé après la défection de cinq ministres, dont celui des Affaires étrangères Mohammad Kamel Amr, et celle de son propre porte-parole, Ehab Fahmy. Le porte-parole du gouvernement, Alaa al-Hadidi, a également fait défection. Infligeant un revers supplémentaire au président, la justice, engagée depuis son élection dans un bras de fer avec M. Morsi, a ordonné la réintégration du procureur général, Abdel Méguid Mahmoud, nommé sous M. Moubarak et limogé en novembre par décret présidentiel.
M. Morsi doit écouter la voix du peuple égyptien pour résoudre la crise politique qui touche le pays et pourrait mener à une intervention militaire, a déclaré pour sa part une porte-parole du département d’État. Le secrétaire d’État John Kerry a insisté sur le fait que « la démocratie n’implique pas seulement des élections, c’est aussi s’assurer que les voix des Égyptiens sont entendues », a dit cette porte-parole, Jennifer Psaki.
De son côté, le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a appelé M. Morsi « à écouter » son peuple, jugeant « très inquiétante » la situation. Dimanche, jour anniversaire de l’élection de M. Morsi, la foule avait déferlé à travers le pays aux cris de « Le peuple veut la chute du régime », le slogan déjà scandé contre le pouvoir autoritaire de M. Moubarak. Au moins 16 personnes ont été tuées en marge des manifestations, après que des affrontements en pro et anti-Morsi ont fait huit morts, dont un Américain, la semaine dernière.

 

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commentaires (1)

Ce matin sur France Inter, chronique de Bernard Guetta...à mourir de rire...jaune. Tous les poncifs y étaient à propos de l'Egypte...comparaison anachronique en diable et hors de propos avec les révolutions européennes et plus spécialement française, baratin sur la nécessaire "durée" des révolutions, commentaire dithyrambique sur Morsi,président digne et "tout fait démocratiquement élu", et bla et bla et reblabla...pas un mot sur le peuple égyptien qui en bave, sur l'islamisation forcée du pays, sur la fuite des touristes et des investisseurs...rien...comme si le peuple n'existait pas..."belle" démonstration d'une "intelligentsia parisienne de gauche" qui veut que les faits soit compatibles avec son raisonnement, au lieu d'adapter leur raisonnement aux faits... le sang des autres ne les intéresse pas, en fait. La gauche en dentelles se porte mieux que jamais!

GEDEON Christian

10 h 34, le 03 juillet 2013

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Commentaires (1)

  • Ce matin sur France Inter, chronique de Bernard Guetta...à mourir de rire...jaune. Tous les poncifs y étaient à propos de l'Egypte...comparaison anachronique en diable et hors de propos avec les révolutions européennes et plus spécialement française, baratin sur la nécessaire "durée" des révolutions, commentaire dithyrambique sur Morsi,président digne et "tout fait démocratiquement élu", et bla et bla et reblabla...pas un mot sur le peuple égyptien qui en bave, sur l'islamisation forcée du pays, sur la fuite des touristes et des investisseurs...rien...comme si le peuple n'existait pas..."belle" démonstration d'une "intelligentsia parisienne de gauche" qui veut que les faits soit compatibles avec son raisonnement, au lieu d'adapter leur raisonnement aux faits... le sang des autres ne les intéresse pas, en fait. La gauche en dentelles se porte mieux que jamais!

    GEDEON Christian

    10 h 34, le 03 juillet 2013

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