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Liban - Rapport

Le Liban a beaucoup d’efforts à faire en matière d’éradication de la pauvreté

La réalisation de plusieurs objectifs du Millénaire pour le développement continue toutefois de se heurter à des obstacles.

Adib Nehmé, conseiller régional auprès de l’Escwa.

Selon le rapport de 2013 sur les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), présenté hier à Genève par le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, l’Asie occidentale est parvenue à réduire la mortalité maternelle et infantile et à élargir l’accès à l’enseignement primaire. Elle progresse aussi pour ce qui est de l’accessibilité à l’eau potable et à un assainissement satisfaisant, mais accuse un retard dans la lutte contre la faim et l’inégalité entre les sexes.
Les objectifs du Millénaire pour le développement avaient été adoptés en l’an 2000. Ils comprenaient huit points : éliminer l’extrême pauvreté et la faim, assurer l’éducation primaire pour tous, promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, réduire la mortalité infantile, améliorer la santé maternelle, combattre le VIH/sida, le paludisme et d’autres maladies, préserver l’environnement et mettre en place un partenariat mondial pour le développement.
Les huit objectifs du Millénaire ont fait l’objet d’un accord entre tous les pays à l’issue du sommet du Millénaire des Nations unies, tenu en 2000. La date à laquelle ils doivent être atteints a été fixée, pour la plupart d’entre eux, à 2015.
Selon le rapport de 2013, l’Asie occidentale est en voie d’atteindre la cible consistant à réduire des deux tiers, d’ici à 2015, le taux de mortalité des moins de cinq ans, qui a été réduit de 52 % entre 1990 et 2011. Le taux de mortalité maternelle de la région a baissé constamment au cours des vingt dernières années, passant de 170 décès maternels pour 100 000 naissances en 1990 à 71 en 2010.
On a aussi observé, dans la région, un élargissement de l’accès à l’enseignement primaire, dans lequel le taux d’inscription est passé de 83 % en 1990 à 92 % en 2011. Au cours de la même période, le nombre d’enfants scolarisés dans l’enseignement primaire qui ont abandonné l’école a baissé, passant de 3 millions à 2 millions, souligne le texte.

Famine et pauvreté
M. Adib Nehmé, conseiller régional auprès de l’Escwa, souligne dans un entretien avec L’Orient-Le Jour que « l’Asie occidentale est parvenue à faire baisser son taux de pauvreté, qui était déjà faible. La proportion de personnes vivant avec moins de 1,25 dollar par jour est passée de 5,1 % en 1990 à 3,6 % en 2010 ».
Atteindre la cible consistant à réduire la faim demeure un vrai défi pour la région. Il est noté, dans le rapport, que « l’Asie occidentale est la seule région qui a vu la prévalence de la sous-alimentation augmenter de 1990-1992 à 2010-2012. La proportion de personnes sous-alimentées par rapport au chiffre total de la population est passée de 6,6 % en 1990-1992 à 10,1 % en 2010-2012 ».
Une question se pose pourtant : comment est-il possible que la pauvreté soit réduite alors que l’on atteint un taux plus élevé de famine dans la région? Peut-être faut-il revoir le traitement des chiffres dans ce cadre.

Obstacles rencontrés par les femmes
Bien que l’Asie occidentale ait fait des avancées significatives en matière d’égalité entre les sexes dans l’éducation, il est dit dans le rapport que la scolarisation des filles continue de s’y heurter à d’importants obstacles à tous les niveaux de l’enseignement. En 2011, pour 100 garçons, seules 93 filles étaient inscrites dans des écoles primaires, 90 dans des écoles secondaires et 89 dans des établissements tertiaires. De même, si la proportion de sièges occupés par des femmes dans les Chambres uniques ou les Chambres basses des Parlements nationaux est en augmentation, l’Asie occidentale détient le deuxième taux le plus faible de femmes parlementaires après l’Océanie.
L’accès à l’emploi rémunéré demeure une cible lointaine pour les femmes de la région, qui ont beaucoup moins de chances d’être employées que leurs homologues masculins. Le rapport conclut que, de toutes les régions en développement, l’Asie occidentale est celle qui a le taux le plus faible de femmes détenant un emploi rémunéré dans les secteurs non agricoles, celles-ci n’occupant que 19 emplois rémunérés sur 100 dans ces secteurs.
« Dans les pays arabes il faut aussi voir les disparités qui existent entre les pays du Golfe (membres de l’Escwa) et les pays du Maghreb arabe, qui fait partie d’une commission économique et sociale onusienne pour l’Afrique », souligne M. Nehmé en réponse à une question.
Ainsi, en matière de scolarisation, les femmes originaires des pays du Golfe ont accès à l’éducation et fréquentent les universités, alors qu’elles sont absentes de la vie active et dans la prise de décision. C’est le cas contraire qui se présente dans les pays du Maghreb arabe, où toutes les femmes n’ont pas les moyens de suivre des études universitaires, mais participent à la vie active et bénéficient de lois plus clémentes que celles qui vivent dans les pays du Golfe.
Interrogé sur la situation au Liban, M. Nehmé note que « tout comme les autres pays de l’Escwa, le Liban a des efforts à faire sur le plan de l’éradication de la pauvreté, point qui comprend notamment la création d’emplois, ainsi que sur le plan de la promotion de l’égalité des sexes ».
« Au Liban, pour mesurer la pauvreté, nous n’avons pas recours à la formule de vivre avec moins de deux ou quatre dollars par jour. Mais nous utilisons une série d’indices (le niveau d’éducation, l’accès à l’eau potable, l’utilisation d’Internet, la possession d’un véhicule, les loisirs...). Avec ces indices, les dernières études sur la pauvreté au Liban ont démontré que 28 % de la population vit au-dessous du seuil de pauvreté. La moyenne en Europe est de 6 % et les indices utilisés sont différents. Si nous les adoptons au Liban, nous aurons un taux de pauvreté de loin plus élevé », poursuit-il.

Le Akkar reste la région la plus pauvre
« Toujours en matière de pauvreté au Liban, le pays souffre de disparité sur les plans social et régional. Tripoli et le Akkar sont les régions les plus pauvres du pays. Une étude du terrain dans la capitale du Liban-Nord a démontré que 80 % de la population est pauvre », indique M. Nehmé.
« Comme dans le reste des pays arabes, des efforts sont à faire sur le plan de la participation des femmes à la prise de décision et sur la modification des lois. Même si socialement les femmes sont émancipées au Liban, beaucoup reste à faire pour atteindre les objectifs du Millénaire dans ce cadre », ajoute-t-il.
« En matière de santé et d’éducation, le Liban devrait surtout travailler sur la qualité des services assurés notamment dans le secteur public », dit-il. « Pour mettre en place des plans de développement et changer la trajectoire d’un pays, deux facteurs sont nécessaires, à savoir la stabilité et la volonté politique », souligne en conclusion M. Nehmé.
Le rapport précise dans ce cadre que « la réalisation des objectifs du Millénaire suppose que l’on appuie et que l’on protège les réfugiés et les personnes déplacées. Le nombre de personnes déracinées par un conflit ou par des persécutions a atteint son plus haut niveau en 18 ans. En 2012, quelque 45,1 millions de personnes dans le monde ont été contraintes de se déplacer en raison de conflits ou de persécutions. Abstraction faite des réfugiés palestiniens, la plupart des réfugiés sont originaires d’Irak et de la République arabe syrienne ».
Selon le rapport de 2013 sur les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), présenté hier à Genève par le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, l’Asie occidentale est parvenue à réduire la mortalité maternelle et infantile et à élargir l’accès à l’enseignement primaire. Elle progresse aussi pour ce qui est de l’accessibilité à l’eau potable et à un...

commentaires (2)

à Beyrouth quand je parlais des pauvres dans la rue, qui faisaient les poubelles , ou mendiaient ; on me disais toujours que c'était des syriens, jamais des libanais ! pour les veillards, qu'ils faisaient partis d'une mafia (?) pas de pauvres à Beyrouth ??????

Talaat Dominique

13 h 19, le 02 juillet 2013

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Commentaires (2)

  • à Beyrouth quand je parlais des pauvres dans la rue, qui faisaient les poubelles , ou mendiaient ; on me disais toujours que c'était des syriens, jamais des libanais ! pour les veillards, qu'ils faisaient partis d'une mafia (?) pas de pauvres à Beyrouth ??????

    Talaat Dominique

    13 h 19, le 02 juillet 2013

  • Article tres interesant. Est-ce que L'Orient-Le Jour peut avoir de plus amples informations sur le sujet? Le seuil de pauvrete au Liban, ca equivaut a un salaire mensuel de combien? Quels sont les criteres qui sont pris en consideration et qui sont differents de ceux de l'Europe? Pourquoi 80 % de la population de Tripoli et du Akkar est la plus pauvre au Liban? Quel est le salaire moyen au Liban? Etc....Merci a l'equipe de L'Orient-Le Jour.

    Michele Aoun

    09 h 33, le 02 juillet 2013

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