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Liban - Patrimoine

Gares, trains, wagons, voies ferrées : entre décombres et lumière

Les photographies d’Eddy Choueiry seront intégralement publiées dans un ouvrage intitulé « Liban sur rails », à paraître prochainement aux éditions Bibliothèque improbable du pinacle. Vingt-cinq de ces clichés, dont certains tirés en format (2,25 x 150), sont actuellement exposés au palais de Beiteddine, mis en parallèle avec des photos anciennes issues de la collection d’Élias Boutros Maalouf.

Le tunnel de Dahr el-Baïdar où les trains s’arrêtaient pour s’alléger de la neige.

À une époque où les routes étaient en mauvais état (oui: encore plus que maintenant) et les transports routiers limités à quelques voitures et aux attelages à grelots, le train avait eu une importance essentielle. Comme dans tous les pays. Bien sûr, les temps ont changé, les véhicules automobiles et les autobus ont remplacé train puis tramway; les installations ont été endommagées par la guerre civile, les rails pillés et vendus aux ferrailleurs, et les plates-formes de la voie ferrée ont disparu sous le bitume. Des 45 stations de gare qui ponctuaient un réseau de 417 km, il ne reste plus que quelques reliques et des bâtiments désertés, vétustes, en ruine. Fini le chemin de fer. Son existence a déraillé avec la guerre civile et la modernisation de l’infrastructure a bien vite eu raison de sa notoriété: il n’était vu par les décideurs que comme un encombrant vestige d’un passé archaïque!

Épaves
Bien plus qu’un moyen de transport, le train est une histoire à lui tout seul. Et il en a raconté des centaines. Des milliers. C’est la mémoire de ce petit train qu’Eddy Choueiry est allé chercher pendant dix ans. De 2003 à 2013, armé de son appareil photo, il a sillonné le Liban, fixant les décombres des stations de gare et les épaves des locomotives et wagons, traquant de son objectif les poussières des tenders qui les approvisionnaient en eau et en charbon, les vestiges des ateliers de réparations à Rayak, les entrepôts de combustible, la roue made in England, les signalisations des voies à crémaillère et beaucoup d’autres équipements, saccagés, certes, mais toujours ancrés dans le paysage.
De Tripoli à Nakoura, de Beyrouth à Rayak et Yahfoufa, en passant par Araya, Aley, Bhamdoun, Sofar et Dahr el-Baïdar, les photographies de Choueiry constituent un témoignage inédit. Elles seront intégralement publiées dans un ouvrage intitulé Liban sur rails, à paraître prochainement aux éditions Bibliothèque improbable du pinacle, en collaboration avec l’historien Edmond Chidiac, qui relate la courte parenthèse ferroviaire du Liban.

Superposition
En attendant, Eddy Choueiry dévoile sur les cimaises du palais de Beiteddine une sélection de 25 clichés, qui viennent se superposer presque naturellement à une vingtaine d’anciennes photographies et cartes postales prêtées par Élias Boutros Maalouf. Ainsi se dessinent ces locomotives figées comme dans un Pompéi à la libanaise, ces longues files moites de voyageurs, ces wagons bondés de passagers, ces voitures de marchandises et cette vapeur s’échappant des trains. C’est un véritable dialogue: à la grève des ouvriers dans les ateliers de maintenance à Rayak répliquent les bâtiments abandonnés, lézardés, au bord de la ruine, ainsi que les remorques et les petits monstres en fonte rouillée portant toujours les marques de leur passé et surgissant d’une végétation envahissante.
Riche de mille et un sens, la confrontation entre l’autrefois et le présent permet de prendre la mesure de ce patrimoine perdu, le déclin d’une aventure ferroviaire qui a débuté à la fin du XIXe siècle. Cet ensemble qui offre un regard à la fois historique et artistique est complété par des cartes d’ingénieurs (plans et dessins des lignes ferroviaires...) issues des archives de la direction générale des Transports, par un cours métrage réalisé par l’armée australienne lors de la construction de la voie côtière en 1942, et par une maquette reconstituant la gare de Rayak conçue par Joseph Murr, architecte fraîchement diplômé de l’USEK.
Et au milieu trône une vraie de vraie hand-car, la draisine d’un train... sauvée de l’oubli.
Et cela n’est rien d’autre qu’un indispensable devoir de mémoire.

 

 

Pour mémoire

Bechara rêve d’entendre siffler le train (réservé aux abonnés)

 

À une époque où les routes étaient en mauvais état (oui: encore plus que maintenant) et les transports routiers limités à quelques voitures et aux attelages à grelots, le train avait eu une importance essentielle. Comme dans tous les pays. Bien sûr, les temps ont changé, les véhicules automobiles et les autobus ont remplacé train puis tramway; les installations ont été endommagées...

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