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À La Une - Saïda

Le bastion de Abra conquis de haute lutte par l’armée libanaise

La troupe a perdu 16 hommes dans l’assaut contre le périmètre de sécurité d’Ahmad el-Assir, mais ce dernier est parvenu à s’enfuir.

Après la bataille,au milieu de nuages de poussière soulevés par les chars, les soldats de l’armée facilitent le passage des civils. Ali Hashisho/Reuters

La détermination a payé. Exactement comme à Nahr el-Bared. L’armée a pris hier après-midi le contrôle du « quartier général » d’Ahmad el-Assir, à l’issue de 24 heures de combats acharnés qui lui ont coûté cher : 16 morts et une cinquantaine de blessés.


Les pertes dans les rangs des combattants salafistes, dont beaucoup étaient de nationalité étrangères (syrienne, égyptienne, etc), ne sont pas connues avec précision. En outre, à la suite du ratissage du quartier, l’armée a arrêté un certain nombre d’entre eux qui n’étaient pas parvenus à s’enfuir. Mais le commandement a gardé le silence sur leur nombre. On ignore ce qui est arrivé aux familles des combattants, notamment à la femme de cheikh Ahmad el-Assir et ses enfants.

 

(Pour mémoire : Ils habitent à Saïda, ils témoignent)


Indépendamment de cette question, des dizaines de civils pris au piège des combats, ou habitant dans deux des immeubles transformés en bastions d’où les tireurs embusqués salafistes opéraient, ont enfin pu être évacués.
Cheikh Ahmad el-Assir, ainsi que l’un de ses bras droits, l’ancien chanteur Fadl Chaker, sont parvenus à s’enfuir. Des sources, probablement de l’intoxication, ont affirmé qu’ils avaient gagné le territoire syrien contrôlé par l’Armée syrienne libre. Toutefois, une source militaire officieuse a indiqué qu’un contact téléphonique à partir du téléphone d’Assir avait été signalé dans la région même de Saïda, en soirée. L’homme aurait donc pu rejoindre l’un des sanctuaires que Fateh el-Islam et Jound el-Cham maintiennent à l’intérieur du camp palestinien de Aïn el-Héloué.
Ces groupuscules jihadistes avaient d’ailleurs tenté d’ouvrir un second front, pour alléger la pression qui s’exerçait sur Abra, mais l’armée était parvenue à les contenir, et les pressions des groupes palestiniens relevant de l’OLP ont fait le reste. Ahmad el-Assir, qui avait peut-être compté sur eux avant son coup de folie, en a donc été pour son compte.
L’homme a dû être évacué par ses hommes quand ces derniers se sont rendu compte que l’armée était prête à faire les sacrifices nécessaires pour remporter la victoire.

 

(Lire aussi : L’ONU et les cinq grands déplorent « le défi lancé à l’État »)

« En finir » avec le cheikh salafiste
Les combats avaient éclaté dimanche, lorsque les partisans d’Ahmad al-Assir ont attaqué un barrage de l’armée à Abra, en banlieue de Saïda, faisant quatre morts, avant de se retrancher dans leur QG, la mosquée et les immeubles environnants, transformés en bastions.


L’armée, qui avait promis d’« en finir » avec le cheikh Assir « jusqu’au retour de la sécurité » à Saïda, a laissé 16 hommes sur le terrain dans ces affrontements à la mitrailleuse, à la roquette et par moments au mortier. C’est contre des combattants aguerris et sur un terrain piégé que ces derniers ont avancé, ce qui explique le coût élevé qu’il a fallu payer pour emporter la bataille. Dès hier, les corps de certains des militaires tombés dans le combat étaient inhumés.
Le gouvernement a annoncé une journée de deuil national aujourd’hui pour les soldats tués.
Un correspondant de l’AFP a pu entrer à l’intérieur du périmètre conquis que le cheikh Assir a vraisemblablement fui. Selon son frère, il avait pourtant promis d’y rester « jusqu’à la dernière goutte de sang ». Des cadavres gisaient sur le sol et des armes étaient abandonnées. L’armée a fait état de la découverte de nombreux stocks d’armes.
De son côté, une source proche du cheikh a fait état d’au moins cinq morts et 10 blessés parmi ses partisans.
Les ambulances ont amené 94 blessés dans les hôpitaux au cours des dernières 24 heures, a indiqué la Croix-Rouge à une télévision locale.

 

 

(Repère : Le Liban rattrapé par la crise syrienne)



Calme précaire
Selon les correspondants, un calme précaire régnait aux abords du lieu de culte, tandis que les soldats aidaient des civils, dont des femmes et des enfants, à quitter leurs immeubles dont certains n’étaient pas sortis durant deux jours.
Les façades éventrées et les voitures calcinées aux alentours portaient des impacts de tirs et témoignaient de la violence des combats.


À l’origine de ces scènes de guérilla urbaine : le cheikh Assir, un parfait inconnu il y a deux ans qui doit sa notoriété à son discours résolument hostile au Hezbollah.
Controversé en raison de sa rhétorique violente et sectaire, il avait su jouer sur la frustration des sunnites. La semaine dernière, il avait lancé un ultimatum aux autorités civiles, réclamant la fermeture de deux appartements apparemment occupés par des miliciens du Hezbollah, aux abords de « sa » mosquée.
Cette attaque contre des soldats vise « à mettre le feu aux poudres à Saïda (...) et à faire entrer le Liban de nouveau dans un cycle de violences », a accusé l’armée, en référence à la guerre civile de 1975.
La justice a lancé hier des poursuites contre cheikh Assir et 123 de ses partisans, dont son frère et un chanteur devenu militant islamiste, Fadl Chaker.

 

(Portrait : Ahmad el-Assir, l'imam radical devenu l'ennemi de l'armée libanaise)



Crainte de dérapages
Les combats à Saïda ont fait craindre un dérapage général dans le pays. À Tripoli, des dizaines d’hommes armés sont apparus dans les rues, ont tiré en l’air et mis le feu à un poste militaire dans le secteur sunnite de Bab el-Tebbané, selon une source de sécurité. Mais la grande explosion n’a pas eu lieu.
À Beyrouth, des éléments en cagoule ont fait leur apparition dans les rues de Tarik Jdidé, forçant les commerçants à fermer boutique et les automobilistes à éviter le secteur. Mais là aussi, les manifestations n’ont pas dégénéré, et les routes ont été rouvertes à l’apparition de l’armée.
En contrepartie, des routes ont été fermées avec des pneus enflammés dans certains quartiers « chrétiens », comme à Sin el-Fil, en signe polluant d’appui à l’armée.

 

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