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À La Une - Liban

L'armée libanaise prend le contrôle du QG de Assir à Saïda

Au moins 16 soldats tués, le sort du cheikh reste inconnu.

Des véhicules de l'armée libanaise dans le quartier de Abra, à Saïda, bastion du cheikh salafiste Ahmad el-Assir, le 24 juin 2013, peu avant que l'assaut soit donné l'assaut à son QG. AFP PHOTO/JOSEPH EID

Après une trentaine d'heures de violents combats, l'armée libanaise a pris le contrôle du quartier général de cheikh salafiste Ahmed el-Assir à Abra, dans la banlieue est de Saïda (Liban-Sud). Le cheikh n'était pas à l'intérieur de la mosquée et des immeubles environnants où s'étaient retranchés ses hommes, a précisé le journaliste de l'AFP qui a suivi l'armée à l'intérieur du complexe.

 

Le commandant en chef de l'armée le général Jean Kahwagi a félicité les soldats pour avoir "sauvé le Liban de la dissension". "Vous avez accompli une mission difficile et délicate (...) alors que l'institution militaire est la cible d'une campagne et d'accusations concernant sa neutralité", a lancé le général Kahwagi dans un communiqué. "Vous avez prouvé au monde que l'armée est unie, ne prend pas parti et ne représente pas une communauté contre une autre. Elle a uniquement riposté à l'attaque lancée par un groupe armé", a-t-il ajouté.

 

Au deuxième jour des violents combats dans la grande ville du Liban-Sud, l'armée libanaise avait déclaré vouloir "en finir" avec les partisans armés du cheikh el-Assir. "Les forces armées (...) doivent poursuivre leur action jusqu'à en finir avec les phénomènes armés, à détruire le QG de sécurité (du cheikh Ahmad el-Assir) et à arrêter ceux qui ont agressé l'armée", pouvait-on lire dans un communiqué publié par l'armée et les principaux responsables de sécurité à l'issue d'une réunion d'urgence lundi.

La réunion, présidée par le chef de l'Etat Michel Sleimane, a été convoquée pour "faire le suivi de l'opération militaire menée par l'armée après l'attaque contre un barrage hier (dimanche)", qui a fait au moins 16 morts parmi les militaires à Abra, dans la banlieue est de la ville portuaire de Saïda.

 

Une source médicale a indiqué à Reuters qu'au moins 22 corps de miliciens avaient été retrouvés dans la mosquée, précisant s'attendre toutefois à un bilan beaucoup plus élevé.
En outre, des armes étaient abandonnées, dont des lance-roquettes et des mitrailleuses.

La justice libanaise a par ailleurs engagé de poursuites contre le cheikh el-Assir et 123 de ses partisans, a-t-on appris de sources judiciaires.

 

 

(Repère : Le Liban rattrapé par la crise syrienne)

 

Mercredi dernier, Ahmad el-Assir avait promis de lancer, aujourd’hui lundi, une escalade sécuritaire si les appartements de Abra habités par des membres du Hezbollah n’étaient pas évacués. Le grand dérapage a débuté avant la fin de cet ultimatum, dès dimanche, avec une violence jamais atteinte jusque-là dans la ville du Sud, depuis la montée en force du cheikh salafiste.

Les violences ont commencé dimanche vers 14h20 par des échanges de tirs à un barrage de l’armée à Abra, où des partisans d’el-Assir ont ouvert le feu sur des militaires. "Deux officiers et un soldat ont été tués, et plusieurs autres ont été blessés, tandis que plusieurs véhicules militaires ont été endommagés", a indiqué l'armée dans un communiqué.

Le communiqué de Yarzé ajoute que c’est "sans raison" qu’"un groupe loyal au cheikh el-Assir a attaqué le barrage de l’armée". Mais une source au sein des services de sécurité citée par l’AFP a affirmé que ces heurts avaient éclaté "après que des soldats postés à un barrage eurent arrêté une voiture transportant des partisans de cheikh el-Assir". Selon la LBC, citant le bureau d’el-Assir, l’accrochage a fait suite à "l’arrestation par l’armée de l’un des gardes du cheikh salafiste, Fadi Beyrouthi, ainsi que le beau-frère de ce dernier".

 

 


Enregistrement des affrontements à Saïda dimanche 23 juin par @Monkyseemnkydo

 

"L'armée cerne le dernier carré du QG du cheikh el-Assir", avait rapporté lundi dans l'après-midi l'Agence nationale d'information (ANI), en référence à la mosquée où il dirige la prière et aux immeubles environnants dans lesquelles s'étaient barricadés le religieux et ses partisans.

 

Dans la journée, une source proche de cheikh el-Assir a fait état d'au moins cinq morts et 10 blessés parmi les partisans du religieux.

"Il y a une décision d'en finir avec nous, mais nous résistons jusqu'à maintenant", avait affirmé lundi à l'AFP le frère du cheikh, Amjad Assir. "Cheikh Assir restera dans la mosquée Bilal ben Rabah jusqu'à la dernière goutte de sang", avait-il lancé. Lundi, le cheikh avait appelé ses partisans à "porter secours à leurs proches qui font face à un carnage", dans des messages sur son compte Twitter. "L’armée libanaise empêche que soit porté secours aux enfants, aux femmes et aux blessés aux environs de la mosquée et pilonne le reste à l’aide d’obus et d’armes lourdes", avait souligné cheikh el-Assir sur Twitter. "Peuple de Saïda, peuple du Liban, libéraux du monde arabe, voilà que le fusil est actuellement dirigé contre nous après Qousseir", avait-il ajouté, en référence à la ville stratégique syrienne, bastion de l'opposition reprise par l'armée de Bachar el-Assad soutenue par les combattants du Hezbollah début juin.

 

 

 

Un combattant de cheikh Ahmad el-Assir tué lors des combats avec l'armée libanaise. REUTERS/Ali Hashisho

 

 

Dans une interview avec la chaîne de télévision libanaise LBC, Bassam el-Dada, conseiller politique de l'Armée syrienne libre (ASL) a fait mention d'informations selon lesquelles le cheikh salafiste libanais "serait déjà en Syrie" dans un bastion de l’ASL. "Ahmad el-Assir est le bienvenu en Syrie, il y est chez lui", a encore déclaré Bassam el-Dada, qui a déclaré que des hommes du Hezbollah se battent au côté de l'armée libanaise contre les partisans du cheikh à Saïda.

 

 


Carte réalisée par Elie Wehbé

 

 

 

Dimanche, l'armée avait déjà exprimé une détermination sans précédent face à ces incidents "au-delà de toutes les prévisions". "L’armée a été attaquée de sang-froid et dans l’intention de mettre le feu aux poudres à Saïda, comme cela s’était passé en 1975, afin d’entraîner à nouveau le pays dans le cycle de violences".

Déclarant en outre son "refus du double langage", le commandement de l’armée a quasiment sommé "les autorités politiques et religieuses de Saïda ainsi que ses députés et ses dignitaires de déclarer publiquement et en toute franchise leur position par rapport à l’armée : soit ils se positionnent aux côtés de la troupe engagée à protéger la ville, soit ils appuient les promoteurs de la discorde et les tueurs de militaires". 

 

 

Des sous-vêtements pour drapeaux blancs

Entre les deux, les civils tentaient de fuir. Georges Kettaneh, secrétaire général de la Croix-Rouge libanaise, a indiqué en soirée à la LBC avoir évacué 94 civils blessés vers les hôpitaux de la région. Lundi matin, la Voix du Liban (93.3) a rapporté que plusieurs véhicules civils ont été la cible de tirs de francs-tireurs dans la capitale du Liban-Sud. Les habitants de Abra ont lancé un appel aux forces de l'ordre pour les aider à quitter la zone de combat, selon l'ANI.

Des embouteillages ont été signalés ce matin à la sortie de Saïda, alors que l'autoroute, coupée dans les deux sens entre Beyrouth et la ville du Liban-Sud, n'a été rouverte que vers midi. Les télévisions ont également montré des images de civils paniqués, brandissant des drapeaux blancs, qui n'étaient parfois que des sous-vêtements blancs, dans l'espoir de ne pas être visés par des tirs, alors qu'ils fuyaient Saïda.

Illustration de la violence des combats, un témoin a rapporté à la chaîne de télévision libanaise LBC que 60 à 70 employés et clients sont coincés dans un supermarché de Saïda depuis dimanche après-midi. Personne ne parvient à sortir du supermarché Bsat, près de Abra, à cause des tirs et des bombardements.

 

 

Pour les civils, deux options : se retrancher chez soi ou fuir. AFP/MAHMOUD ZAYYAT

 

 

 

(Lire aussi : Ils habitent à Saïda, ils témoignent)

 

 

Contagion

Les combats se sont par ailleurs propagés dès dimanche à Aïn el-Héloué, le plus grand des camps de réfugiés palestiniens au Liban, à l'entrée de Saïda. Une source de sécurité a affirmé à l'AFP que deux groupes islamistes du camp, Joun el-Cham et Fatah al-Islam, se sont engagés dans des heurts avec le barrage de l'armée posté à l'extérieur.

 

 

A Tripoli, le ravitaillement en pneus qui, enflammés, sont utilisés pour couper les routes. AFP/IBRAHIM CHALHOUB

 

 

Par ailleurs, comme hier, des miliciens en armes ont bloqué lundi matin plusieurs routes de Tripoli, la capitale du Liban-Nord, en soutien aux partisans du cheikh el-Assir. Des hommes armées ont également mis le feu à un poste militaire dans le secteur sunnite de Bab el-Tebbané, selon une source de sécurité.

 

 

Les tensions confessionnelles au Liban se sont exacerbées ces dernières semaines en raison du conflit en Syrie, où le Hezbollah chiite est engagé au côté des troupes du président Bachar el-Assad face aux rebelles, en majorité sunnites.

Le Liban prône officiellement une politique de neutralité face au conflit syrien, mais celle-ci est mise à mal en raison de la profonde division du pays entre partisans et adversaires du régime de Damas, dominé par les alaouites, une branche du chiisme.

Fin avril, deux imams salafistes, dont Ahmed al-Assir, avaient appelé au jihad en Syrie pour défendre les sunnites de la région centrale de Homs, affirmant réagir à l'implication du Hezbollah au côté de l'armée syrienne.

Inconnu avant le début en 2011 du conflit en Syrie, cheikh el-Assir a gagné sa notoriété en multipliant les critiques contre Damas et son allié au Liban, le Hezbollah, le puissant parti chiite armé.

 

 

 

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HONNEUR À L'ETAT, À L'ARMÉE ET À SES MARTYRS. MAIS IL NE FAUT PLUS DU DEUX POIDS DEUX MESURES...

SAKR LOUBNAN

14 h 48, le 25 juin 2013

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Commentaires (4)

  • HONNEUR À L'ETAT, À L'ARMÉE ET À SES MARTYRS. MAIS IL NE FAUT PLUS DU DEUX POIDS DEUX MESURES...

    SAKR LOUBNAN

    14 h 48, le 25 juin 2013

  • VIVE L'ARMEE LIBANAISE!!! Unique symbole de dignite dans ce pays..Honneur a nos si chers martyrs. Nous pensons bein fort a leurs familles.

    ABOUNOHRA ZIAD

    22 h 55, le 24 juin 2013

  • L'armée régulière de notre pays devrait en finir avec tous les phénomènes armés, qu'il s'agisse des clowns de Saïda ou des mercenaires qui sacrifient leur pays pour les beaux yeux des despotes étrangers. Malheureusement, il y a deux poids deux mesures. On sera certes débarrassés de ces perturbateurs assiriens (c'est déjà mieux que rien), mais l'Etat - ou ce qu'il en reste - reste par ailleurs impuissant devant la lâcheté et la traîtrise des fossoyeurs du Liban. Courage à notre armée qui a besoin de soutien, aussi bien moral que matériel et financier.

    Robert Malek

    17 h 02, le 24 juin 2013

  • Soyons francs. Malheureusement l'armée "n'étouffera" jamais "la discorde" en sévissant seulement d'un côté et en laissant toute liberté aux dérives et aux crimes du Hezbollah, comme cela se vérifie depuis le crime du 7 mai 2008 de ce dernier contre la communauté sunnite jusqu'à son implication criminelle actuellement dans la guerre en Syrie contre les sunnites de ce pays voisin. Si cela continue ainsi, il y aura immédiatement d'autres phénomènes Ahmad el-Assir encore pires que celui de la mosquée Bilal Ben Rabah.

    Halim Abou Chacra

    16 h 35, le 24 juin 2013

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