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Liban - Sécurité

À Saïda, l’armée pourchasse el-Assir et ses hommes

Depuis qu’ils ont ouvert le feu sur un barrage de l’armée hier, les partisans du cheikh salafiste Ahmad el-Assir sont attaqués à Abra. Mais plusieurs fronts semblent s’établir dans la ville du Sud. Déjà, six militaires ont été tués, et au moins un homme parmi les salafistes.

L’armée était déterminée hier à en finir avec le « phénomène Assir ».  Photo AFP

L’escalade sécuritaire à Saïda que le cheikh salafiste Ahmad el-Assir avait promis de lancer aujourd’hui, lundi, si les appartements de Abra habités par des membres du Hezbollah n’étaient pas évacués, est survenue avant le temps, et avec une violence jamais atteinte jusque-là dans la ville du Sud, depuis la montée en force du cheikh salafiste. Mais les accrochages qui ont eu lieu hier dès les premières heures de l’après-midi ont opposé cette fois les partisans d’el-Assir à l’armée, faisant au total six morts parmi les militaires (voir par ailleurs).
Les violences avaient commencé vers 14h20 par des échanges de tirs à un barrage de l’armée à Abra (banlieue à l’est de Saïda), où des partisans d’el-Assir ont ouvert le feu sur des militaires, en tuant trois, et blessant plusieurs (sept selon certains médias). Le bilan des victimes au barrage a été confirmé par un communiqué de l’armée, rapportant que « deux officiers et un soldat ont été tués, et plusieurs autres ont été blessés, tandis que plusieurs véhicules militaires ont été endommagés ».
Le communiqué de Yarzé ajoute que c’est « sans raison » qu’ « un groupe loyal au cheikh Ahmad el-Assir a attaqué le barrage de l’armée ». Mais une source au sein des services de sécurité citée par l’AFP a affirmé que ces heurts avaient éclaté « après que des soldats postés à un barrage eurent arrêté une voiture transportant des partisans de cheikh el-Assir ». Selon la LBC, citant le bureau d’el-Assir, l’accrochage a fait suite à « l’arrestation par l’armée de l’un des gardes d’el-Assir, Fadi Beyrouthi, avec le beau-frère de ce dernier ».

 


Enregistrement des affrontements à Saïda par @Monkyseemnkydo

Armes lourdes et roquettes à Abra et ses environs
Ces affrontements ont immédiatement dégénéré en échanges de tirs entre les partisans de cheikh el-Assir et l’armée à Abra et les quartiers environnants, notamment Haret Saïda. Ces heurts ont été marqués par l’usage d’armes lourdes, de mitrailleuses et de roquettes, les tirs étant audibles jusqu’à la ville de Saïda, située à moins de dix kilomètres de Abra. Simultanément, des éléments armés masqués (et non identifiés) se sont déployés sur la corniche de Saïda peu après le début des accrochages, tirant en l’air, avant de bloquer l’autoroute maritime dans les deux sens au moyen de bennes d’ordures, en s’aidant de mazout jeté sur l’asphalte afin de ralentir le déplacement des véhicules et isoler la ville.
L’autoroute a ensuite été rouverte par l’armée, mais la présence de ces éléments armés non identifiés continuait d’être repérée par les correspondants sur place dans les différentes ruelles de la ville et dans les environs de Abra. Parallèlement, des tirs sporadiques commençaient à se faire entendre, signalant la présence de tireurs embusqués dans les quartiers de la ville qui se vidaient progressivement des passants et des véhicules. Plusieurs habitants de Abra ont d’ailleurs fui le quartier hier vers les villages plus éloignés de l’est de Saïda ou encore vers Jezzine.

 

Au moins six membres de la troupe ont été tués dimanche à Abra. AFP PHOTO / MAHMOUD ZAYYAT



(Lire aussi : Réunion extraordinaire aujourd’hui à Baabda)

 


Images sinistres
Jusqu’à 20 heures, les échos de tirs et l’explosion d’obus, échangés au niveau de Abra, se répercutaient dans toute la ville. Deux personnes ont été blessées par un obus de mortier ayant visé une banlieue de Haret Saïda (contrôlée par le Hezbollah) ; un bois entourant des immeubles résidentiels à Abra a pris feu ; de nombreux habitants et visiteurs de passage ont été visés par les tirs de snipers ; plusieurs domiciles dans le village de Alman (Iqlim el-Kharroub), parallèle à Abra, ont subi des dégâts, et l’un des habitants a été blessé par une balle perdue...
Parvenue à la rue Jezzine, dans le quartier Hilaliyé au niveau de la bifurcation menant à Abra, la caméra de la LBC a montré une route quasi-vide, traversée de temps à autre par des voitures visiblement pressées, ainsi que des ambulances du Croissant-Rouge transportant des blessés des quartiers chauds vers les hôpitaux de la ville. Deux tanks de l’armée en poste au niveau du quartier étaient visibles à ce niveau. Les échos des tirs et d’explosions se faisaient entendre à partir de Abra, d’une manière ponctuelle, avec des nuages de fumée noire, formant une lugubre toile de fond.
Le passage d’une patrouille de blindés militaires sur la route de Jezzine vers 17h30 a coïncidé avec les échos d’une déflagration plus ou moins proche, suivie de tirs intenses, dont la source n’a pu être déterminée. La patrouille a poursuivi son chemin sans s’arrêter. Vers 19 heures, des tirs auraient également visé une unité de l’armée sur l’autoroute maritime de Saïda, mais sans faire de dégâts.

 


Carte réalisée par Elie Wehbé

Extension des violences
Tout au long de l’après-midi, le rétablissement ponctuel du calme laissait penser que l’armée avait repris le contrôle des quartiers chauds. Des informations émises d’ailleurs en ce sens plus d’une fois ont été rapidement démenties par la reprise des accrochages.
En début de soirée néanmoins, l’armée aurait réussi à contrôler le quartier de Abra, qui a été bouclé par une unité spéciale de l’armée (Fouhoud). Des patrouilles de l’armée surveillaient par ailleurs l’autoroute Naamé-Khaldé en soirée.
Des informations ont été rapportées par certains médias du 8 Mars, faisant état de la fuite de cheikh el-Assir et de certains de ses partisans, notamment le chanteur Fadl Chaker. Un bilan d’un mort et de quinze blessés dans les rangs des partisans du cheikh salafiste a en outre été établi par l’Agence nationale d’information (ANI). D’autres informations non confirmées ont fait état de deux morts, le frère de cheikh el-Assir et un membre de sa garde.
À l’heure de mettre sous presse, la violence avait doublé d’intensité, non seulement à Abra, mais également dans d’autres quartiers de Saïda, y compris la ville elle-même. D’autres secteurs, comme la zone des champs (al-Bassateen), ont été le terrain d’affrontements en début de soirée. À en croire certains observateurs, la situation tend vers une extension des violences dans la mesure où les partisans d’el-Assir adopteraient une stratégie visant à se disperser, évitant ainsi de se laisser piéger dans leur quartier de Abra.

 

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L’escalade sécuritaire à Saïda que le cheikh salafiste Ahmad el-Assir avait promis de lancer aujourd’hui, lundi, si les appartements de Abra habités par des membres du Hezbollah n’étaient pas évacués, est survenue avant le temps, et avec une violence jamais atteinte jusque-là dans la ville du Sud, depuis la montée en force du cheikh salafiste. Mais les accrochages qui ont eu lieu...

commentaires (5)

Il faudra demander des comptes on dirait que l'armée prend la défense du Hezbollah avant celle des citoyens comme le jeune Salman? Quoiqu il en soit elle doit être sans pitié contre toute personne qui s attaque à elle surtout ces temps ci...il faudra poursuivre ces criminels jusqu’à l' enfer...

CBG

11 h 13, le 24 juin 2013

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Commentaires (5)

  • Il faudra demander des comptes on dirait que l'armée prend la défense du Hezbollah avant celle des citoyens comme le jeune Salman? Quoiqu il en soit elle doit être sans pitié contre toute personne qui s attaque à elle surtout ces temps ci...il faudra poursuivre ces criminels jusqu’à l' enfer...

    CBG

    11 h 13, le 24 juin 2013

  • Bravo a notre armee! Il a fui cheikh Assir? Bientot on n'entendra plus parler de lui et de ses partisans car notre armee est forte et ne se laissera pas faire. Allez oust!

    Michele Aoun

    09 h 06, le 24 juin 2013

  • Courage pour l’armée libanaise qui doit trancher fermement contre les voyous pour ne plus revivre le spectre de 1975. Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    07 h 32, le 24 juin 2013

  • Voilà. On y est ! Même les enfants de ce pays vous diront que sans la criminelle participation du Hezbollah à la guerre en Syrie, imposée par la force au Liban et à son armée, impuissante devant la branche du pasdaran, on n'aurait ni les Ahmad el-Assir ni leurs agressions criminelles contre cette armée.

    Halim Abou Chacra

    03 h 32, le 24 juin 2013

  • Si l'armée avait pourchassé les tueurs de Nasrallah planqués dans les appartements cernant Saida, tout cela ne serait pas arrivé. Assez de 8 mai ! L'armée est en train de permettre au Hezbollah de préparer son projet autrement plus radical que le 8 mai. Se taire devant le parti pris de l'armée aujourd'hui, c'est accepter le projet iranien pour le Liban.

    Saleh Issal

    02 h 38, le 24 juin 2013

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