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À La Une - Etats-Unis

Sida et prostitution : les ONG américaines retrouvent leur liberté de parole

Pour les militants, cette décision va mettre un terme à la diabolisation des travailleurs du sexe et de leur rôle dans la propagation du virus.

Les associations américaines de lutte contre le sida ne seront désormais plus contraintes de prendre position contre la prostitution pour recevoir des fonds publics. Photo d'archives.

Les associations américaines de lutte contre le sida ne seront désormais plus contraintes de prendre position contre la prostitution pour recevoir des fonds publics, après une décision de la Cour suprême des États-Unis qui a estimé que cela violait la liberté d'expression.


Pour les militants de la lutte anti-sida, cet arrêt va mettre un terme à la diabolisation des travailleurs du sexe et de leur rôle dans la propagation du VIH, le virus de l'immunodéficience humaine responsable du sida. Il permettra aussi aux organisations sur le terrain de travailler plus librement pour combattre l'épidémie.
"La loi qui existait jusqu'à présent stigmatisait une population qui est pourtant l'une des plus vulnérables" face à l'épidémie, souligne Chris Collins, directeur des politiques publiques à la fondation amfAR de recherche contre le sida.


Cette loi remonte à une décennie en arrière, avec le lancement en 2003, sous l'administration de George W. Bush, du Plan d'aide d'urgence américain pour la lutte contre le sida (Pepfar). Dès le départ, celui-ci prévoit une enveloppe exceptionnelle de quelque 15 milliards de dollars sur cinq ans pour des traitements antirétroviraux et des mesures de prévention dans 15 pays, la plupart d'Afrique subsaharienne. Mais avec une restriction, de poids, au tableau: les programmes financés dans le cadre du Pepfar devront ouvertement se positionner contre la prostitution afin de recevoir l'argent.


Jeudi, la Cour suprême des États-Unis a choisi de mettre un terme à cet engagement forcé, en tranchant en faveur des groupes de défense de la santé publique qui avaient contesté cette obligation. Le juge John Roberts a expliqué, à l'issue de la décision, que cette loi allait à l'encontre du Premier Amendement de la Constitution sur la liberté d'expression car elle forçait les associations à "prêter allégeance à la politique du gouvernement d'éradication de la prostitution".

Pour Suzanne Ehlers, présidente de l'association Population Action International, qui défend l'accès des femmes à la contraception, la promesse de s'engager contre la prostitution qui était liée au Pepfar a eu des effets négatifs sur les efforts de lutte contre le sida à travers le monde.
"Des organisations similaires à la nôtre ont cité de nombreux exemples, tels que la pénurie de préservatifs parmi les travailleurs du sexe au Mali, la rétention d'informations sur la santé pour les jeunes garçons prostitués au Cambodge, ou la fermeture de centres de santé communautaires au Bangladesh", énumère-t-elle.
"Les faits, et non l'idéologie, devraient être le moteur des politiques publiques sur les programmes de santé".


Melissa Hope Ditmore, qui a publié "Encyclopedia of Prostitution and Sex Work", estime aussi que cette promesse forcée a eu une série d'effets négatifs sur les associations américaines travaillant en Afrique et en Asie pour aider les travailleurs du sexe et mettre fin à la transmission du VIH.
"Certaines ont fermé, d'autres ont travaillé en secret ou n'ont pas publié toutes leurs informations (...) d'autres enfin ont refusé l'argent" du Pepfar, explique-t-elle, ajoutant que la décision de la Cour était en ce sens "une grande amélioration".


Pour Chris Collins, de la fondation amfAR, les organisations sur le terrain "se sentiront désormais plus en sécurité et libres de fournir les services appropriés aux travailleurs du sexe".


Sollicités par l'AFP, les services du Pepfar n'ont pas souhaité réagir. Le budget du Pepfar est actuellement de 5,5 milliards par an.

 

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