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À La Une - L'homme de la semaine

Julian Assange, un cyber-militant dans l'impasse

Le fondateur de Wikileaks est réfugié depuis un an à l'ambassade d'Equateur à Londres.

Le fondateur de Wikileaks, Julian Assange, lors d'un entretien le 14 juin 2013 dans l'ambassade d'Equateur à Londres. AFP/POOL/ANTHONY DEVLIN

Il est pâle, observe de longues pauses entre deux phrases, et ferme souvent les yeux pour bien peser chacun de ses mots... Douze mois après s'être réfugié à l'ambassade d'Equateur à Londres, le fondateur de Wikileaks ne perd pas espoir mais s'estime toujours poursuivi par "la vindicte" des Etats-Unis et reconnaît "l'impasse" dans laquelle il se trouve pour des mois voire des années.

"Tout ce que je demande, c'est d'être traité comme une personne normale, plutôt que de voir des considérations politiques polluer les décisions judiciaires", a assuré l'Australien de 41 ans dans une interview à cinq agences de presse dont l'AFP.


Le cyber-militant a été arrêté le 7 décembre 2010 à Londres en vertu d'un mandat d'arrêt de la Suède, pays où il est accusé de deux agressions sexuelles qu'il nie. Il a passé 10 jours en prison et 590 jours en résidence surveillée dans la campagne anglaise avant d'obtenir l'asile politique de l'Equateur. Aujourd'hui, il redoute toujours d'être transféré aux Etats-Unis, qui voudraient le juger pour la publication de centaines de milliers de documents diplomatiques et militaires par WikiLeaks.


Pour expliquer "l'impasse géopolitique" le concernant, le réfugié cite pêle-mêle "la volonté de vengeance" des Etats-Unis, "l'effondrement de l'état de droit aux Etats-Unis" et "son dévoiement au Royaume-Uni (...) qui ne veut pas dire non à Washington".

Lorsque j'ai poussé la porte de la petite ambassade équatorienne voici 365 jours "je pensais y rester de 6 mois à 2 ans", admet Assange. "Je pense toujours la même chose", poursuit-il dans un filet de voix à peine audible.

Sa vie est spartiate, même s'il dispose dans sa petite chambre d'un tapis de course et d'une lampe à bronzer. "Vous pouvez être atteint de rachitisme si vous êtes privé de soleil", observe-t-il.

Il révèle aussi avoir trouvé une façon de prolonger son combat... en musique, avec le groupe engagé portoricain Calle 13. "Nous travaillons à une chanson intéressante consacrée aux nouvelles politiques résultant de l'influence de l'internet et sur la manipulation de l'information par les médias", confie-t-il.


(Pour mémoire : Bien avant Assange, l’Amérique latine superterre d’asile...)

Efforts diplomatiques

Le ministre des Affaires étrangères équatorien Ricardo Patino, qui lui a rendu visite en ce premier anniversaire, affirme que son protégé confie "avoir suffisamment de force pour tenir encore au moins cinq ans, s'il n'obtient pas de sauf conduit".
Lors de discussions en début de semaine avec son homologue William Hague --qui n'ont apporté ni "percée" ni "progrès substantiels" selon la partie anglaise-- M. Patino a dit espérer qu'Assange n'allait "pas vieillir et mourir à l'ambassade".

Poussé dans ses retranchements, l'intéressé soupire : "C'est une affaire qui met en jeu la fierté nationale des Etats-Unis, du Royaume-Uni, de la Suède (...) Il y a eu des cas similaires de blocages impliquant des réfugiés politiques dans des ambassades qui se sont éternisés pendant une douzaine d'années", relève-t-il.

József Mindszenty, cardinal hongrois, est ainsi resté 15 ans bloqué à l'ambassade des Etats-Unis à Budapest, de 1956 à 1971.

Même dans l'hypothèse improbable où la Suède abandonnerait les charges, et la Grande-Bretagne garantirait un sauf-conduit, Julian Assange ne pourrait pas sortir. "Si je passe cette porte, je suis arrêté. Mes avocats américains pensent qu'une inculpation secrète a déjà été décidée" et validée par un grand jury, estime-t-il.

Quant à un hypothétique recours devant la Cour internationale de justice, "cela prendrait des années", concède Assange.

Et Patino de résumer la situation : Assange est "victime d'une injustice" et "d'une grave violation des droits de l'homme", mais rien ne sera fait pour l'exfiltrer "dans le coffre d'une voiture (diplomatique) où à travers un sous-terrain". "Quand M. Assange sortira de l'ambassade d'Equateur, ce sera par la grande porte. Il sortira par devant, vers notre pays et vers la liberté", affirme le ministre équatorien.

En attendant, Julian Assange calcule que chaque nouveau jour "de siège" coûte 11.000 livres (12.800 euros) aux contribuables britanniques.

Il dit puiser du réconfort dans le fait que "l'organisation est passée de la défensive à l'attaque", et se félicite que d'autres "héros" aient pris la relève, tel Edward Snowden qui vient de révéler l'ampleur des programmes américains de surveillance de l'internet.

 


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Il est pâle, observe de longues pauses entre deux phrases, et ferme souvent les yeux pour bien peser chacun de ses mots... Douze mois après s'être réfugié à l'ambassade d'Equateur à Londres, le fondateur de Wikileaks ne perd pas espoir mais s'estime toujours poursuivi par "la vindicte" des Etats-Unis et reconnaît "l'impasse" dans laquelle il se trouve pour des mois voire des...

commentaires (1)

C'est un enseignement riche de symbole ...l'équateur n'était il pas la limite entre les deux pôles... opposés...!

M.V.

16 h 35, le 19 juin 2013

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Commentaires (1)

  • C'est un enseignement riche de symbole ...l'équateur n'était il pas la limite entre les deux pôles... opposés...!

    M.V.

    16 h 35, le 19 juin 2013

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