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Nos Lecteurs ont la Parole

Sous le couvert de la démocratie survit la dictature

Molly SELWAN
En ce siècle de changements où l’évolution de la pensée libérale va de pair avec la révolution des masses, on ne peut que constater la corrélation entre l’idéologie et la dictature, l’anéantissement de la liberté de conviction par le diktat de la pensée unique.
Le peuple, qui est la source du pouvoir, subit les abus de pouvoir...
Cela est censé se passer chez les autres, par exemple à Cuba où un révolutionnaire marxiste, Fidel Castro, devint lui-même dictateur durant trente-deux ans. Hugo Chavez, lui, après avoir été président du Venezuela durant quatorze ans, a même nommé son successeur sur son lit de mort.
Si l’Amérique latine est loin de chez nous, plus proche au Moyen-Orient, les royaumes arabes sont autant de monarchies absolues qui n’ont jamais connu la république, bien que «République» qualifie souvent une institution idéologique à portée intégriste. La première République islamique d’Iran a été instituée par l’ayatollah Khomeyni en 1979, suite à la révolution menée contre le chah Mohammad Reza Pahlevi. Il y eut aussi la République islamique d’Afghanistan, la République islamique de Mauritanie, etc. Ainsi donc, le terme république n’a rien de nécessairement démocratique, le terme de présidence non plus, si l’on veut se rappeler les présidents de Libye, d’Égypte, de Tunisie et bien d’autres... C’est en 1969 à l’âge de 27 ans que le colonel Mouammar Kadhafi a mené la révolte contre le roi Idriss; sa dictature dura 42 ans. Celui qui se fit appeler «guide de la révolution libyenne» mourut lors de la guerre civile en février 2011. Le président égyptien Hosni Moubarak, ex-militaire, dirigea son pays de 1981 à 2011, soit trente et un ans. Zine el-Abidine Ben Ali, suite à un coup d’État sanglant mené contre son prédécesseur Habib Bourguiba, conserva la présidence tunisienne vingt-cinq ans durant, jusqu’à sa chute en janvier 2011. Le président syrien Bachar el-Assad, lui, (pardon, je veux dire Attila!) s’est juré que l’herbe ne poussera plus là ou son armée passera (70000 morts et 1300000 réfugiés hors de Syrie jusqu’à ce jour...)
Au Liban, notre chef du législatif, Nabih Berri, est maintenu à son poste depuis plus de vingt ans – il y est toujours...
Les appellations non contrôlées ont donc perdu leur signification dans un monde sans contrôle. Quant au vocable démocratie, soi- disant la nôtre, il subit les fluctuations de la politique régionale et le fanatisme idéologique parfumé aux hydrocarbures et au plutonium. J’oubliai: la Constitution, supposée être la bible d’un État et la pierre d’angle de l’édifice gouvernemental, est un mot qui se trouve relégué dans les archives de la mémoire de notre République libanaise. L’argumentation fondée sur une interprétation subjective de la législation favorisant les intérêts de la classe dirigeante fait son chemin dans l’esprit des citoyens. Toutes ces théories, aux substances non convaincantes sur la prorogation du mandat du Parlement, sur décision prise par les députés eux-mêmes, sont anticonstitutionnelles, et sont dénigrées par les hommes de loi. Ainsi donc, le Liban, dans un environnement relationnel à l’opposé de son régime parlementaire démocratique, n’a rien à envier à tous ces pays, car sous le couvert de la démocratie survit la dictature. Pour corroborer cette pensée, il nous faut constater la chute des symboles démocratiques, anéantis les uns après les autres. Il nous faut admettre que ce gouvernement a laissé à découvert la sécurité de tout le territoire. Sait-on quel est le nombre actuel de réfugiés non déclarés dans ce pays? Quels sont les groupuscules qui s’introduisent avec leurs armes sous le couvert de réfugiés ? Pourquoi les frontières du Liban avec une Syrie en guerre ne sont pas complètement bouclées et protégées par l’armée? Quelle homogénéité existe dans un État dont les cellules se disloquent et vont batailler dans un pays voisin?
Par égard pour notre drapeau, pour la souveraineté de notre pays et devant l’indignité de la classe gouvernante, nous devons donner la parole au peuple, c’est-à-dire à la société civile. Il est temps de réagir! Il est temps pour nous libanais, après toutes ces années de guerres successives qui ont duré deux générations, de vivre heureux, dans la convivialité. Il n’est pas demandé aux uns et aux autres de s’aimer, mais de vivre dans la détermination consciente du respect de l’espace d’autrui, dans cette volonté de partage des droits de chaque citoyen à vivre heureux sur le sol de ce Liban bien-aimé. Le qualificatif heureux est aussi sinon plus important que le verbe vivre, car vivre sans confort, sans éducation, sans travail et sans sécurité, c’est évidemment ne plus posséder les facteurs stratégiques, les données nécessaires, sans lesquelles, à notre époque, une vie n’est plus une vie.

Molly SELWAN
En ce siècle de changements où l’évolution de la pensée libérale va de pair avec la révolution des masses, on ne peut que constater la corrélation entre l’idéologie et la dictature, l’anéantissement de la liberté de conviction par le diktat de la pensée unique.Le peuple, qui est la source du pouvoir, subit les abus de pouvoir...Cela est censé se passer chez les autres, par...

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