Dix personnalités chiites dénoncent « l’agenda politique du Hezbollah »

Les conséquences de la participation du Hezbollah aux combats en Syrie ainsi que les circonstances de l’assassinat du responsable estudiantin de l’Option libanaise, Hachem Salman, lors d’une manifestation pacifique devant l’ambassade d’Iran pour protester contre l’implication du Hezbollah dans la guerre syrienne, ont été au centre du second communiqué publié hier par le groupe des dix personnalités chiites de premier plan qui se positionnent contre le projet politique et le comportement du Hezbollah. Le groupe, rappelle-t-on, comprend Rached Sabri Hamadé (fils de l’ancien président de la Chambre Sabri Hamadé), l’ancien ambassadeur Khalil Kazem el-Khalil (fils de l’ancien député de Tyr Kazem el-Khalil), Youssef Talaat Zein, Lokman Mohsen Slim, l’ancien ministre Ibrahim Mohammad Mehdi Chamseddine (fils de l’ancien chef de la communauté chiite au Liban, Mohammad Mehdi Chamseddine), Chaouki Mohammad Safieddine, Maged Samih Fayad, Mona Abdallah Fayad (professeure à l’AUB), Mohammad Farid Matar et Ghaleb Abbas Yaghi.
Dans son communiqué, le groupe des dix personnalités chiites stigmatise l’assassinat du jeune Hachem Salman et condamne, d’une manière générale, toute atteinte aux libertés publiques, soulignant que Hachem Salman a été tué par « des éléments relevant du service de sécurité d’un parti ». Rappelons que le rassemblement organisé par l’Option libanaise devant l’ambassade d’Iran avait été réprimé par des miliciens du Hezbollah qui avaient tabassé les partisans de l’Option libanaise au moyen de bâtons. Le communiqué des personnalités chiites souligne dans ce cadre que cette agression constitue « une atteinte flagrante à l’État au niveau de ses prérogatives souverainistes les plus élémentaires ».
Relevant que des photos de l’agression contre les manifestants devant l’ambassade d’Iran ont été prises par des journalistes et publiées dans certains organes de presse, le communiqué presse le pouvoir judiciaire à assumer ses responsabilités dans cette affaire et à traduire les coupables en justice. Le communiqué dénonce en outre le pilonnage de certaines régions du Hermel et déplore la montée de la tension dans cette zone. Abordant ensuite la participation du Hezbollah aux combats en Syrie, le groupe de personnalités chiites souligne qu’une telle implication n’est motivée que par « l’agenda politique » du Hezbollah et « ne reflète en aucune façon l’intérêt des Libanais en général, ni celui des musulmans, et encore moins celui des chiites ». « Elle porte atteinte à l’État et fait fi de la déclaration de Baabda qui a fait l’objet d’un consensus entre les Libanais », ajoute le communiqué qui ajoute que cette implication du Hezbollah dans la guerre syrienne « n’engage que la faction concernée ». Affirmant que l’attitude du Hezbollah sur ce plan est « sans aucun rapport avec les considérations religieuses et communautaires », les personnalités chiites exhortent à cet égard les pays arabes, « et plus particulièrement les États du Golfe, à ne pas faire assumer aux Libanais et aux musulmans chiites la responsabilité d’une ligne de conduite partisane à laquelle ils sont totalement étrangers ».