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Conflit syrien : l'aide "militaire" américaine jugée insuffisante par des experts

"Armer les rebelles ne devrait pas faire pencher la balance en leur faveur. Cela aurait pu faire la différence il y a un an, mais aujourd'hui le régime Assad a l'avantage et (...) les rebelles sont en train de perdre".

Un combattant rebelle syrien, le 14 juin 2013, à Idleb. AFP PHOTO/ DANIEL LEAL-OLIVAS

Les Etats-Unis, réticents depuis deux ans à s'engager en Syrie, promettent désormais aux rebelles un "soutien militaire" aux contours encore flous, une aide cantonnée à des armes légères et bien insuffisante pour changer le cours du conflit, estiment des experts.


Après des semaines d'atermoiements, Washington a admis jeudi que le régime syrien avait utilisé des armes chimiques et franchi ainsi la "ligne rouge" tracée il y a des mois par le président Barack Obama.
Juste avant le sommet du G8 lundi et mardi en Irlande du Nord et sous pression des alliés britannique, français et arabes, les Etats-Unis se sont engagés à doper leur aide à une opposition armée syrienne mal en point face aux forces de Damas épaulées par des combattants du Hezbollah et l'Iran et équipées d'armements russes. 


Washington a évoqué un "soutien militaire" direct au Conseil suprême militaire de la rébellion, mais a refusé d'entrer dans les détails et d'annoncer clairement des livraisons d'armes.
Selon le New York Times et des experts, les Américains s'apprêtent à fournir discrètement des armes légères et des munitions, mais pas de missiles sol-air réclamés par les insurgés pour résister à l'aviation syrienne. D'après le Wall Street Journal, le président Obama a ordonné à la CIA de coordonner en secret avec les pays alliés qui envoient déjà une aide létale aux rebelles.


Hussein Ibish, du centre de réflexion American Task Force on Palestine, pense que les Américains "vont fournir plus d'armes et encourager leurs alliés, notamment des pays du Golfe, à en livrer aux rebelles les moins extrémistes".
Son confrère David Hartwell, analyste chez IHS Jane's, pronostique l'envoi de fusils AK-47 et leurs munitions et "peut-être des lance-grenades et armes antichars", mais en aucun cas des "armes anti-aériennes".
Car, rappelle M. Ibish, la "plus grande crainte" des Etats-Unis est que des équipements de guerre, comme des lance-missiles Stinger, ne tombent dans de "mauvaises mains", c'est à dire dans celles des jihadistes du Front Al-Nosra allié à el-Qaëda et en première ligne contre l'armée syrienne.

Mais l'inflexion dans la stratégie américaine en Syrie n'est "pas claire", relèvent des spécialistes.
Michael Doran, analyste du Saban Center for Middle East Policy de la Brookings Institution, se demande même ce que "le président (Obama) a exactement en tête".
Echaudé par les précédents en Irak, en Afghanistan, voire en Libye, le président américain "a été extrêmement réticent à s'impliquer en Syrie", rappelle-t-il.
Aujourd'hui au pied du mur, l'administration Obama, qu'on sait divisée depuis un an sur la question de l'engagement militaire en Syrie, se fait maintenant "traîner à contre-coeur pour en faire plus", dit M. Ibish.


Reste qu'après deux ans de guerre qui ont fait plus de 90.000 morts, une éventuelle aide létale américaine sera "trop limitée" et arrivera "trop tard", font valoir les experts.
"Armer les rebelles syriens ne devrait pas faire pencher la balance en leur faveur. Cela aurait pu faire la différence il y a un an, mais aujourd'hui le régime Assad a l'avantage et (...) les rebelles sont en train de perdre", pointe Shadi Hamid du Brookings Doha Center.


Le chercheur plaide plutôt pour des "frappes aériennes chirurgicales et des zones d'exclusion aériennes".
Cette option a été clairement rejetée vendredi par la Maison Blanche. "La zone d'exclusion aérienne n'est pas la solution miracle", a tranché le conseiller adjoint pour la sécurité nationale de M. Obama, Ben Rhodes, coupant court aux spéculations de médias américains.


Le chercheur Michael Doran ne croit pas non plus que "la livraison d'armes puisse seule modifier l'équilibre des forces sur le terrain". Il appelle plutôt les Américains à déployer un "programme solide d'entraînement et d'équipement de l'opposition couplé à un soutien stratégique, logistique et avec du renseignement", même s'il doute que "l'administration envisage à ce stade un tel dispositif".

 

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