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À La Une - Lettre

Jardins des Jésuites : plutôt qu’un parking, des transports collectifs décents...

Nous avons reçu de Jihad Kiamé, architecte urbaniste et habitant du quartier de Jeïtaoui, la réponse suivante aux propos de Rachid Achkar, publiés mercredi dans le cadre de la rubrique « Trois questions à... » de
Lorientlejour.com, sous le titre « Jardin des Jésuites : Nous faisons ce que nous pensons être le meilleur pour Beyrouth »  :

« À en croire M. Rachid Achkar, responsable du comité du transport au conseil municipal de Beyrouth, ouvrir la voie devant les camions de Sukleen (compagnie chargée du ramassage des ordures) serait la raison principale pour construire un parking sous le jardin des Jésuites à Jeïtaoui !


Or, nous autres, habitants du quartier, sommes très satisfaits que les bennes d’ordures soient placées en dehors de l’espace du jardin, du côté du boulevard Charles Malek. Cela permet d’épargner à cet espace des nuisances terribles liées au trafic et aux odeurs.
De plus, en l’absence de services urbains pertinents, la ville s’est adaptée en trouvant des alternatives. Par exemple, nous payons la modique somme de 10 000 livres par mois à une personne qui collecte quotidiennement les ordures ménagères. De toute façon, nous tenons à ce que les camions de Sukleen ne passent pas par le quartier.
Dans ses réponses, M. Achkar place au second degré le projet de parking. À son sens, le fait que les camions de Sukleen doivent inévitablement s’introduire dans les plus petites ruelles de la ville justifie la construction d’un parking souterrain sous un jardin. Il est clair que nos priorités ne sont pas les mêmes. L’administration officielle doit coûte que coûte lancer des projets pour dépenser les budgets à sa disposition. Les habitants avisés des dangers d’un projet maladroitement improvisé revendiquent autre chose : des transports collectifs décents, une sécurité routière, une qualité d’air, de la tranquillité...


Les habitants revendiquent surtout la transparence. Rachid Achkar reconnaît tardivement que le conseil municipal devait tenir les habitants informés du projet, mais cela ne suffit pas. Les responsables de la ville sont supposés être à l’écoute. Concevoir des projets pour la ville en concertation avec les habitants et leurs vrais représentants fait partie de leurs obligations. Les habitants connaissent mieux qu’eux l’intérêt de Beyrouth.
Jusqu’à quand la désinformation et les décisions unilatérales ? Pourquoi n’avoir pas informé les ministères concernés de la décision de commencer les travaux ? La municipalité, par ses actions, nous a mis devant le fait accompli et nous a obligés à avertir nous-mêmes la Direction générale des antiquités (DGA) le jour des travaux de forage (vu la présence de vestiges d’une église byzantine dans le jardin, NDLR).


Le responsable municipal est-il sérieusement convaincu que le nouveau jardin sera plus beau que l’actuel ? A-t-il complètement perdu les paramètres de distinction entre un vrai petit bois dans la ville et un immense bac à plantes ? Il oublie que les essences séculaires actuelles sont presque autonomes en termes d’entretien et d’irrigation par comparaison à la nature perpétuellement assoiffée de la pelouse et des quelques arbustes qui l’accompagneraient. Nous nous demandons aussi à quoi ressemble la stratégie dont il parle, si la municipalité a des statistiques, des objectifs...


Nous pensons que les transports en commun constituent un axe majeur du développement durable. Et c’est ce que des études financées par la région Île-de-France pour la municipalité de Beyrouth, portant sur le “plan des déplacements doux”, tendent à prouver. Nous ne comprenons pas pourquoi les propositions de la municipalité semblent toujours étrangères à cette belle perspective pour la ville.
Depuis 1995, un plan de transport pour le Grand Beyrouth a été adopté. Selon ce plan, qui constitue une véritable stratégie, 25 % des déplacements étaient supposés se faire en transport collectif. Nous n’en sommes qu’à 2 %...
Enfin, on se demande pourquoi ils ont abandonné la construction de parkings dans les cas des jardins de Sanayeh et Saint-Nicolas. Le jardin des Jésuites ne fera pas exception. Nous gardons espoir en raison de ce raz-de marée de protestations exprimées par ceux à qui la ville appartient vraiment. »

Les propos de Rachid Achkar
Rappelons que M. Achkar avait déclaré qu’en raison des voitures garées des deux côtés, « les camions de Sukleen n’arrivent pas à passer pour récupérer les poubelles. Les riverains doivent donc payer deux fois, une fois pour les taxes pour le ramassage des ordures et une autre pour le petit camion qui récupère les déchets pour les amener à la benne à ordures de Sukleen ». Il a précisé que le projet, qui devrait durer un an et demi, consiste à construire un parking souterrain sur quatre niveaux sous le jardin pour les habitants du quartier. « De plus, le jardin sera refait en plus beau, les arbres ne seront pas jetés mais replantés, a-t-il dit. L’aire de jeux pour les enfants sera refaite de manière plus contemporaine, et les vestiges présents dans le parc et recensés par la DGA seront replacés, après les travaux, au même endroit mais de façon plus moderne. »


Le responsable municipal a précisé que les travaux en sont au stade de sondage. Il a reconnu que la communication avec les habitants n’avait pas été établie a priori. « À la municipalité de Beyrouth, nous tenons énormément à ce jardin, a-t-il ajouté. Mais Beyrouth est surchargée, il n’y a plus de trottoir car ils sont occupés par les voitures mal garées. C’est un problème pour les enfants, on ne peut pas marcher dans la ville. Si une partie de la population s’oppose à ce projet, c’est qu’elle a une vue très courte de l’avenir. Pour notre part, nous faisons de la planification, nous travaillons sur le long terme. Le projet sera réalisé, nous ne sommes pas obtus, mais nous avons l’obligation de respecter les plans de développement. Nous faisons ce que nous pensons être le meilleur pour la ville. »

 


Un sit-in de protestation contre le projet de parking est prévu demain samedi à 16h dans le jardin des Jésuites.



Pour mémoire
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