Le chef du bloc parlementaire du Hezbollah, Mohammad Raad, a été reçu hier au palais de Baabda pour des entretiens avec le chef de l’État Michel Sleiman.
Il s’agit de la première visite d’un responsable du Hezbollah à Baabda depuis des mois et du premier contact entre le président et un dirigeant du parti chiite depuis l’implication du Hezbollah dans le conflit syrien.
M. Raad s’est abstenu de toute déclaration à la presse à sa sortie de Baabda. C’est le ministre démissionnaire de l’Environnement, Nazem Khoury, qui a expliqué à la Voix du Liban que l’entretien est « le résultat de ce qui s’est passé dimanche devant l’ambassade d’Iran où un jeune cadre de l’Option libanaise a été tué lors d’une manifestation pacifique de cette formation contre l’intervention du Hezbollah dans le conflit armé en Syrie ».
Le ministre a insisté sur la poursuite des contacts entre le chef de l’État et le Hezbollah, en indiquant pour seule précision au sujet de l’entretien qu’il a donné lieu à une « franche explication au sujet de ce qui est requis en cette période délicate et dangereuse que le Liban traverse ». En d’autres termes, M. Sleiman a fait comprendre à son hôte que les agissements de son parti sont inacceptables.
« Les forces de l’ordre se sont abstenues de protéger Salman »
Entre-temps, l’Option libanaise continue de recevoir jusqu’à demain les condoléances à son siège de Mar Takla à la suite du meurtre, lors de la manifestation de dimanche, du responsable estudiantin de l’organisation, Hachem Salman. Les réactions indignées à cette agression se sont multipliées hier.
Le bloc parlementaire du Futur, qui s’est réuni hier à la Maison du Centre, a indiqué dans un communiqué que le meurtre du jeune Hachem Salman « doit pousser tous les Libanais à se mobiliser pour défendre leur liberté de manifester pacifiquement ». « La bataille de défense des libertés publique n’est pas et ne sera jamais une bataille interchiite ou intersunnite, mais restera celle des démocrates et des personnes libres contre ceux qui essaient de les étouffer et contre ceux qui, comme le Hezbollah, procèdent à des exécutions sommaires de jeunes Libanais exprimant des points de vue qui ne correspondent pas aux orientations de ce parti », a indiqué le bloc du Futur.
« Les agissements du Hezbollah sont des indicateurs de prochaines mesures et prises de position qu’il (le Hezbollah) semble vouloir appliquer pour opprimer les libertés publiques et intimider les Libanais, suivant ainsi l’exemple des deux régimes syrien et iranien », a poursuivi le bloc du Futur, avant de souligner que « l’atrocité du crime ne doit pas occulter le comportement suspect et étonnant des services de l’ordre qui étaient présents sur les lieux et qui n’ont pas protégé les manifestants, voire qui n’ont pas sauvé le jeune homme et l’ont laissé saigner à mort ».
Le bloc du Futur s’est interrogé sur le point de savoir pourquoi les agents de l’ordre n’ont pas arrêté les assaillants et ne sont pas intervenus pour les empêcher d’attaquer les jeunes. Il s’est étonné de la formule employée par l’armée dans le communiqué qu’elle a publié au sujet de l’attaque et a demandé à savoir si les autorités judiciaires ont réagi pour poursuivre les agresseurs dont les photos sont dans toute la presse.
Le bloc du Futur a aussi stigmatisé l’intervention du Hezbollah dans la guerre en Syrie, « qui a montré que cette formation est devenue une milice relevant des pasdaran iraniens et siégeant au Liban ». Il a mis en garde contre les conséquences des agissements du Hezbollah sur le Liban, avant d’inviter ce parti à retirer ses forces de Syrie.
Abondant dans le même sens, le député Fadi Karam (Forces libanaises) a dénoncé l’attaque de dimanche contre les manifestants de l’Option libanaise et s’est interrogé sur le point de savoir « si la route de Téhéran passe par Beyrouth ». « Faut-il détruire l’État libanais et l’ensemble de ses institutions, même sécuritaires, pour édifier l’État de wilayet el-fakih ? » s’est-il interrogé, pendant que son collègue de la Jamaa islamiya, Imad el-Hout, insistait sur le fait que « le Hezbollah ne peut pas faire partie d’un gouvernement qui couvrirait ses crimes en Syrie ainsi que ses manœuvres d’intimidation à travers les chemises noires, dues au fait qu’il ne tolère pas les avis qui diffèrent du sien ».
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commentaires (5)
Et quelle fut la réponse Tonnerre du hézébbb.... ?!
Antoine-Serge KARAMAOUN
15 h 22, le 12 juin 2013