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Liban - Urbanisme

Au jardin des jésuites, la colère des riverains

Une vague de protestations contre un projet municipal de parking sous le jardin des jésuites à Jeitaoui, à Achrafieh, mobilise les habitants.

Le jardin de Jeitaoui a retrouvé son calme après la confrontation du matin. Photo Anne Ilcinkas

Hier matin vers 7h30, des dizaines de résidents du quartier de Jeitaoui se sont rassemblés devant les portes du jardin des jésuites pour empêcher des ingénieurs de la municipalité d’y entrer avec leur matériel et d’y effectuer des travaux.
L’atmosphère était très tendue entre les habitants et les officiels, comme l’a confirmé, à Lorientlejour.com, Khaled, un vendeur de « kaak » toujours posté à la porte du jardin. « Immédiatement, les gens du quartier sont descendus, les ingénieurs nous ont expliqué que les travaux visaient à construire un parking souterrain. Cela fait dix ans qu’on parle de ce projet, mais on ne comprend pas pourquoi il est lancé maintenant », explique-t-il. Il souligne qu’il y a eu des disputes avec les forces de l’ordre. « Si les travaux commencent aujourd’hui, ils ne finiront pas avant dix ans, autant dire que le jardin est mort », estime-t-il.


L’équipe de la municipalité s’était déplacée avec son matériel pour y prélever un échantillon en vue d’une étude sur un projet de parking souterrain à creuser à l’emplacement du jardin, comme nous l’a confirmé Hagop Terzian, membre du conseil municipal de Beyrouth. « Il ne s’agissait nullement, ce matin, de bulldozers qui voulaient arracher des arbres, nous prélevons des échantillons en vue d’une étude qui, elle, déterminera si le projet est faisable », dit-il.
Jihad Kiamé, un architecte urbaniste qui connaît bien le jardin puisqu’il habite le quartier depuis deux ans, pense que ce n’est qu’une formalité. « Chacun sait que les prélèvements de sol n’ont jamais empêché la réalisation d’aucun projet à Beyrouth, dit-il. Ils sont juste obligés de faire une étude géotechnique avant le début des travaux. » 


Pour sa part, Hagop Terzian défend le projet de la municipalité qui vise « à créer quelque 700 places de parkings pour les habitants de la zone, alors qu’ils garent leurs voitures en pleine rue aujourd’hui ». Mais pourquoi avoir choisi de situer le parking sous le seul jardin du quartier ? « Si nous avions une autre solution, croyez-vous qu’on aurait opté pour celle-ci ? dit-il. Ce jardin est facile d’accès. Et puis nous préparons une étude d’impact sur le trafic pour voir quel effet cela aura sur le secteur. Enfin, nous n’avons jamais voulu supprimer ce jardin, il sera reconstruit en plus beau encore. »

 

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Jihad Kiamé dément catégoriquement qu’un « meilleur » jardin puisse être reconstruit sur un parking. « On veut nous faire croire qu’un jardin à fonds perdus peut être remplacé par un bac à plante sur du béton ? » se demande-t-il. Il précise qu’il y a, dans ce jardin, dix à quinze cyprès « dont trois plus haut que mon appartement, qui se trouve au huitième étage », ainsi que de vieux sapins et ficus.
D’autre part, en réponse à l’argument de la municipalité sur le règlement du problème de trafic et de parking, l’urbaniste fait remarquer le potentiel d’accroissement du taux de CO2 et de l’embouteillage dans les rues étroites qui vont mener au futur parking.

Une église byzantine
Enfin, il faut noter la présence de vestiges archéologiques dans ce jardin, dont attestent des mosaïques bien visibles. Un architecte archéologue de la Direction générale des antiquités (DGA), Raffi Gergian, a effectivement fait le déplacement jusqu’au jardin hier, selon des témoins. Il leur aurait assuré que, vu la présence de vestiges de ce qui est selon toute vraisemblance une église byzantine dans le jardin, et vu l’importance de ce site dans la mémoire collective des habitants, aucun projet de cette envergure ne peut être lancé sans le feu vert de la DGA, qui doit auparavant examiner le dossier du projet et effectuer une étude sur l’impact réel du parking.
La place du jardin dans la « mémoire collective », c’est le point que soulève Giorgio Tarraf, de l’association « Save Beirut Heritage ». « C’est un jardin fréquenté par nombre de retraités, dans une zone résidentielle, et ils veulent le transformer en parking ? » s’insurge-t-il.


Ce qui a d’autant plus révolté les riverains comme les associations, c’est le manque de communication autour du projet. Un « débat public » impliquant des experts et des militants de la société civile a été revendiqué par Raja Noujaim, représentant de l’Association pour la protection du patrimoine libanais (APPL), également présent sur place. Hagop Terzian assure qu’il demandera au conseil municipal de lancer un débat public sur cette question bien que, rappelle-t-il, « toutes les décisions municipales sont rendues publiques ». « Nous sommes là pour protéger l’intérêt des habitants, pas pour leur imposer quoi que ce soit, poursuit-il. S’ils ne veulent pas de ce projet, il sera abandonné, voilà tout. Mais le problème de parkings restera irrésolu ce qui poussera les habitants de ces charmants vieux immeubles à l’exode un jour ou l’autre, et ces bâtiments seront remplacés par des tours avec parkings souterrains. »


Les opposants au projet admettent le manque de parkings mais voient la solution ailleurs. « On ne peut continuer à répondre à la demande croissante en matière de trafic par de nouvelles routes et de nouveaux parkings qui resteront insuffisants, affirme Jihad Kiamé. La seule solution moderne est de développer le transport en commun. »
Et puis... il y a le simple bon sens. « À Achrafieh, il y a de moins en moins d’espaces publics, on ne peut pas supprimer ceux qui restent », affirme une riveraine, Mme Nassar, à Lorientlejour.com.

 

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commentaires (1)

Excatly AGAINST this Municipality f...move!!Leave what the nice Jesuits left us:A GREEN public park!! Go&Open Charles Helou already existing parkings and dead!!

Marie Claude

09 h 07, le 08 juin 2013

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Commentaires (1)

  • Excatly AGAINST this Municipality f...move!!Leave what the nice Jesuits left us:A GREEN public park!! Go&Open Charles Helou already existing parkings and dead!!

    Marie Claude

    09 h 07, le 08 juin 2013

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