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Liban - Infrastructure

Le projet alternatif à la route Fouad Boutros : dévier la circulation et créer un parc vert

Suite à notre dossier paru hier sur la route Fouad Boutros, nous publions aujourd’hui un aperçu d’un projet alternatif préparé par les opposants au projet.

Voici un plan de l’alternative au projet de route présenté par l’APPL : les cercles sur la droite de la carte indiquent les travaux d’intersections ou de bretelles qui serviront à dévier le trafic vers la voie rapide Émile Lahoud, les trois cercles au milieu soulignent les aménagements à faire sur Alfred Naccache, la ligne qui traverse le plan horizontalement marque l’avenue Charles Malek sous laquelle le plan propose de construire un tunnel, et la ligne sinueuse du milieu représente la coulée verte. L’endroit du futur parc Fouad Boutros est clairement indiqué sur la carte.

La campagne civile qui s’est formée pour s’opposer au projet connu sous le nom de route Fouad Boutros (ou axe
Sagesse-Turk) a préparé un projet alternatif qu’elle compte présenter pour relancer le débat. Ce plan, selon Raja Noujaim, représentant l’Association pour la protection du patrimoine libanais (APPL) et coordinateur de la campagne, vise d’une part à trouver une solution au trafic infernal dans cette partie de Beyrouth, et, d’autre part, à remplacer le pont prévu par une « coulée verte », profitant de la préservation de terrains verts en raison de l’expropriation effectuée dès les années 70. Ce plan a été élaboré par des spécialistes de tous bords, avec comme principe d’utiliser au maximum les routes existantes au lieu d’en construire de nouvelles.


Le projet de la route Fouad Boutros, rappelons-le, est un axe censé relier la rue Alfred Naccache au secteur de Charles Hélou, en passant par un pont qui enjamberait l’avenue Charles Malek, un tunnel au niveau du quartier de La Sagesse puis un pont qui part de la rue Salah Labaki, passant au-dessus de la rue d’Arménie, puis de l’autoroute jusqu’à Charles Hélou. Cette dernière intersection devrait être dotée de deux bretelles qui rejoigneraient soit le centre-ville, soit la voie menant vers le nord de la capitale. Les défenseurs du projet (dont les responsables de la municipalité et du Conseil du développement et de la reconstruction, CDR) assurent que cette route contribuera au désengorgement de la ville, alors que ses détracteurs affirment qu’elle aggravera le trafic tout en détruisant un précieux patrimoine des XIXe et XXe siècles.


En ce qui concerne le plan alternatif, Raja Noujaim souligne que la partie portant sur le règlement du trafic aura deux grands titres : régler l’engorgement aux niveaux de Charles Malek, d’une part, et de Charles Hélou, de l’autre. Ainsi, le plan propose une intersection au niveau de Charles Malek-Saint-Dimitri (fin de la rue Alfred Naccache). « On pourra ainsi profiter des surfaces expropriées pour réaliser une grande intersection de trois voies, assez large pour ne pas nuire à la fluidité du trafic, souligne M. Noujaim. Pour ce qui est de la rue Alfred Naccache, où des solutions doivent être trouvées pour régler le problème des bouchons, nous envisageons deux options : soit de la laisser telle quelle, soit de concevoir la construcion d’une tranchée couverte à partir de la place Sassine, avec une sortie sur Saint-Dimitri. » Raja Noujaim indique que cette option est sous étude et ne serait pas retenue si elle s’avérait risquée.


Au niveau de Charles Hélou, le plan alternatif propose de diriger le trafic vers les grands axes périphériques pour dégager cette zone embouteillée, alors que la route Fouad Boutros y déversera un flot de voitures supplémentaires. « La solution, c’est l’autoroute Émile Lahoud (route de Damas vers le port ou Achrafieh) », dit-il. N’est-elle pas loin par rapport à Charles Hélou pour servir de solution à ce trafic ? « L’axe Émile Lahoud est dans le prolongement d’Alfred Naccache, de Charles Malek et du secteur de “Saydé”, et débouche même sur Yerevan, relève M. Noujaim. L’idée est de construire des bretelles qui relient Émile Lahoud à l’avenue Charles Malek, à la rue d’Arménie et au secteur de Charles Hélou. Une bretelle devrait également relier l’avenue Pierre Gemayel (corniche du Fleuve) à Émile Lahoud. Une liaison serait également prévue à partir du pont du Forum (secteur de la Quarantaine), qui devrait être réhabilité. Enfin, le dernier tronçon de la rue Yerevan devrait être terminé et connecté à Dekouané et Sin el-Fil. »


L’idée maîtresse de ce plan alternatif reste cependant de construire un tunnel sous toute l’avenue de Charles Malek, depuis le pont du ring jusqu’à la partie actuelle couverte devant l’immeuble de l’ancienne MTV. « Ce tunnel peut être construit suivant la technique de tunnelier, donc sans perturber le trafic, explique Raja Noujaim. Un tel tunnel aura trois sorties, l’une à Tabaris, l’autre au niveau de Saint-Dimitri et la troisième près de l’ancien immeuble de la MTV. Ce sont les trois endroits qui sont assez larges pour supporter ces entrées et sorties. C’est ce projet qui désengorgera vraiment la ville, et non l’axe Sagesse-Turk, ou rue Fouad Boutros, qu’ils proposent aujourd’hui. »

 

(Pour mémoire : Save Beirut Heritage se mobilise contre un projet d’autoroute au cœur d’Achrafieh)

« Une coulée verte »
L’autre partie du plan alternatif de l’APPL consiste à remplacer le projet de route en béton par une « coulée verte ». « Notre souci, avec ce plan, est de préserver l’intégralité du quartier qui présente un caractère traditionnel urbain, densément peuplé, à tissu agricole devenu unique dans Beyrouth, ajoute M. Noujaim. Cette coulée verte est un avant-projet alternatif à la voie rapide, une opportunité exceptionnelle de profiter du budget qui a été alloué à ce quartier. »
La coulée verte, qui fait actuellement l’objet d’une étude, est une sorte de parc à différentes altitudes, à vocation principalement culturelle. Les vieilles maisons seront restaurées, des fouilles archéologiques seront effectuées, étant donné que la zone est celle de villas romaines, avec mise en valeur des sites découverts. Des parkings avec façades traditionnelles seront étalés tout au long de cet axe. Ces parkings seront plus efficaces, selon Raja Noujaim, que les deux parkings souterrains proposés dans le projet du CDR et qui, selon lui, posent des problèmes d’accès (ils sont loin des zones qui en ont besoin), de sécurité et entretien, étant établis sur des superficies immenses.
Sur la fin de la coulée verte, un parc Fouad Boutros est prévu, ainsi qu’un musée des grands hommes de la paix, dont l’ancien ministre des Affaires étrangères fait partie. L’idée d’un jardin botanique dans l’un des espaces verts a également été avancée. Des bâtiments polyvalents abriteront des centres culturels et autres, des activités pour enfants seront organisées...


Sur le financement de tout ce plan, Raja Noujaim estime que « la municipalité de Beyrouth doit s’en charger, étant donné qu’elle doit beaucoup à Achrafieh ». Il note que pour un seul projet prévu à Kaskas dernièrement, un budget d’environ 150 millions de dollars a été débloqué. À ceux qui objectent que de nouvelles expropriations pour la coulée verte seraient trop chères, il rétorque que celle-ci pourrait être arrêtée au niveau de la rue d’Arménie, sans nouvelles expropriations nécessaires, ou alors des accords peuvent être passés avec des propriétaires pour mettre en application les projets. « Notre objectif est d’intégrer ce projet alternatif dans l’accord de coopération signé entre la municipalité de Beyrouth et la région d’Île-de-France », conclut M. Noujaim.

 

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La campagne civile qui s’est formée pour s’opposer au projet connu sous le nom de route Fouad Boutros (ou axe Sagesse-Turk) a préparé un projet alternatif qu’elle compte présenter pour relancer le débat. Ce plan, selon Raja Noujaim, représentant l’Association pour la protection du patrimoine libanais (APPL) et coordinateur de la campagne, vise d’une part à trouver une solution au...

commentaires (3)

SVP il faut DES endroits verts dans beyrouth. Les Immeubles sortent de partout et on ne voit plus le ciel bleu ou le soleil. Il est difficile de respirer ou même de prendre plaisir à se promener. Plus de béton mais une coulée verte. Et surtout plus de bus polluant...

Georges Daniele

18 h 31, le 06 juin 2013

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Commentaires (3)

  • SVP il faut DES endroits verts dans beyrouth. Les Immeubles sortent de partout et on ne voit plus le ciel bleu ou le soleil. Il est difficile de respirer ou même de prendre plaisir à se promener. Plus de béton mais une coulée verte. Et surtout plus de bus polluant...

    Georges Daniele

    18 h 31, le 06 juin 2013

  • Creuser un tunnel reviendrait 2 á 3 fois plus cher, sans parler des désagréments aux usagers.

    Daniel Lange

    12 h 53, le 06 juin 2013

  • Des espaces verts à Achrafieh dans toute cette pollution serait génial . Rêvons . Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    12 h 08, le 06 juin 2013

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