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À La Une - Crise

Gaz sarin en Syrie : des "éléments de preuve qui obligent la communauté internationale à agir"

"Genève-2" n'aura pas lieu en juin, faute d'accord sur une liste de participants.

A Alep, le 3 janvier 2013, des civils portent un masque à gaz alors qu'ils cherchent des corps dans les décombres d'un immeuble bombardé par les forces du régime syrien. REUTERS/Muzaffar Salman

Le président français François Hollande a estimé mercredi que la France avait "apporté des éléments de preuve" sur l'utilisation de gaz sarin en Syrie "qui obligent la communauté internationale à agir".

"Nous ne pouvons agir que dans le cadre de la légalité internationale", a cependant déclaré le président français devant la presse, après avoir reçu à l'Unesco le prix Félix Houphouët-Boigny pour avoir décidé de l'intervention au Mali.

 

"Nous avons fait notre devoir, devoir de vérité car nous avions les éléments qui maintenant permettent de donner la certitude de l'utilisation -à quel niveau nous ne le savons pas encore- des armes chimiques en Syrie", a-t-il poursuivi.

Le président Hollande a estimé que "ce qui s'est produit en Syrie doit être un élément de plus sur la pression qu'il convient d'exercer sur le régime syrien et aussi sur ses alliés".

 

Mardi, la France a accusé le régime syrien d'avoir utilisé à au moins une reprise du gaz sarin en Syrie, assurant qu’une "ligne qui est franchie incontestablement. Nous discutons avec nos partenaires de ce qu'il va falloir faire et toutes les options sont sur la table. Ou bien on décide de ne pas réagir ou bien on réagit, y compris d'une façon armée, là où est produit, où est stocké le gaz", a souligné le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, avant de nuancer en disant : "nous n'en sommes pas là". "Il faut à la fois réagir et en même temps ne pas bloquer la conférence éventuelle de la paix", a souligné M. Fabius.


Le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague a, pour sa part, déclaré que les Nations unies devaient vérifier indépendamment les soupçons d'utilisation d'armes chimiques en Syrie, sur lesquels la France a annoncé avoir des "certitudes".
Dans le même temps, un porte-parole du gouvernement britannique a annoncé que le Royaume-Uni a des preuves "physiologiques" de l'utilisation du gaz sarin en Syrie. "Selon nos estimations, l'utilisation d'armes chimiques en Syrie est très probablement du fait du régime" de Damas, a-t-il indiqué, ajoutant que le Royaume-Uni n'avait pas "à ce jour de preuve de l'utilisation par l'opposition" syrienne d'armes chimiques. "Il y a une masse croissante d'informations, limitées mais convaincantes, prouvant que le régime a utilisé - et continue d'utiliser - des armes chimiques, notamment du gaz sarin", a encore dit ce porte-parole.

"L'utilisation d'armes chimiques est un crime de guerre", a-t-il souligné, rappelant que Londres demandait au président Assad d'accorder "aux enquêteurs de l'ONU un accès immédiat et sans restriction" au territoire syrien. "Assad a constitué des stocks d'armes (chimiques), a formé des unités militaires à leur utilisation, et continue de contrôler ces unités. Il lui revient donc la responsabilité urgente de mettre un terme à leur utilisation (...) et de permettre une enquête complète et sans entraves".

 

Le Royaume-Uni est le deuxième pays, après la France, à se montrer aussi catégorique quant à l'utilisation d'armes chimiques en Syrie, régulièrement évoquée depuis plusieurs mois et dont les Occidentaux, le président américain Barack Obama en tête, avaient fait une "ligne rouge", avant de se montrer plus prudents.

 

(Repère : Armes chimiques en Syrie : un état des lieux)

 

Le sarin est un puissant gaz neurotoxique, inodore et invisible. Outre son inhalation, le simple contact avec la peau de ce gaz bloque la transmission de l'influx nerveux et entraîne la mort par arrêt cardio-respiratoire. La dose létale est d'un demi-milligramme pour un adulte.

 

"Nous n'avons aucun doute sur le fait que les gaz ont été utilisés (...). La conclusion du laboratoire est claire : il y a du gaz sarin", a affirmé sur la chaîne publique de télévision France 2 M. Fabius évoquant des échantillons provenant de journalistes du quotidien Le Monde après une attaque mi-avril à Jobar, en banlieue de Damas, ainsi que d'une autre source qu'il n'a pas précisée.

"Dans le deuxième cas, il ne fait aucun doute que c'est le régime et ses complices puisqu'on a l'intégralité de la chaîne, depuis le moment où l'attaque a lieu, le moment où les gens sont tués, où on a les prélèvements et où on les fait analyser", a-t-il expliqué.

Selon une source diplomatique, ce cas précis concerne une attaque d'hélicoptères du régime qui ont largué des munitions à Saraqeb, dans le nord-ouest de la Syrie, le 29 avril.

 

Dans son dernier rapport présenté mardi au Conseil des droits de l'Homme à Genève, la commission d'enquête de l'ONU sur la Syrie a relevé que les "crimes de guerre et crimes contre l'humanité étaient devenus une réalité quotidienne". La commission a également dénoncé l'usage de "quantités limitées d'agents chimiques" à au moins quatre occasions en Syrie, en mars et avril, sans pouvoir identifier précisément la nature de ces agents ni leurs utilisateurs.

Les résultats des analyses françaises ont également été remis mardi matin au professeur Ake Sellström, le chef de cette mission, afin d'être versés au dossier. Toutefois, reconnaît-on à Paris, une preuve "irréfutable" pour l'ONU est une preuve recueillie sur le terrain par un enquêteur onusien.

 

 

Pas de "Génève 2" en juin

Dans le même temps, le vice-ministre russe des Affaires étrangères Guennadi Gatilov a annoncé mercredi que la conférence internationale de paix sur la Syrie dite "Genève-2" n'aura pas lieu en juin, faute d'accord sur une liste de participants.

"Nous avons convenu d'avoir encore une réunion comme celle-ci au cours de laquelle nous essayerons de rapprocher définitivement nos positions, vraisemblablement vers la fin du mois de juin", a-t-il déclaré à l'issue d'une réunion de préparation à Genève.

"La question la plus délicate est celle des participants (à la conférence). L'opposition syrienne, contrairement au gouvernement syrien (...), ne voit pas qui va faire partie de la délégation" à la conférence, a ajouté M. Gatilov à l'issue de cette réunion préparatoire tripartite ONU/Russie/Etats-Unis.

De plus, la Russie, les Etats-Unis et l'ONU ne sont pas parvenus pour le moment à se mettre d'accord sur la participation de l'Iran et de l'Arabie saoudite à cette conférence, a souligné M. Gatilov.

"Tout cela doit encore être discuté", a-t-il dit.

Un autre vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov, cité de Genève par l'agence de presse Itar-Tass, a souligné que la participation de l'Iran était primordiale pour Moscou.

"C'est une question de principe, parce que toute la composition de la conférence doit être équilibrée", a-t-il déclaré.

 

Genève 2 a été proposée début mai par les chefs des diplomaties américaine et russe, John Kerry et Sergueï Lavrov, pour tenter d'ouvrir des négociations entre Damas et l'opposition syrienne. Un éventuel règlement politique doit suivre les contours d'un accord international scellé le 30 juin 2012 à Genève, mais jamais appliqué.

Prévue en juin, Genève 2 pourrait finalement se tenir en juillet. Le régime syrien a donné son accord de principe pour y participer, tandis que l'opposition exige au préalable la démission du président Bachar el-Assad, l'arrêt des combats et le départ de Syrie de combattants de l'Iran et du Hezbollah.

 

 

Pas de livraisons de missiles S-300, selon Moscou

Concernant la polémique relative aux missiles russes S-300, le président russe Vladimir Poutine a assuré mardi que Moscou n'avait pas "pour l'instant" procédé à aucune livraison la Syrie pour ne pas "rompre l'équilibre des forces" dans la région. Lors d'une interview accordée à la chaîne de télévision du Hezbollah, al-Manar, le président Assad avait laissé entendre qu'il avait déjà reçu une première livraison de ces missiles russes.

 

L'installation de ces systèmes capables d'intercepter en vol des avions ou des missiles guidés compliquerait fortement tout projet des États-Unis ou de leurs alliés d'établir une zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Syrie ou d'intervenir pour sécuriser ou démanteler des armes chimiques.

Vladimir Poutine, dont le pays est le principal soutien du régime de Damas, a en outre averti que "toute tentative d'influer sur la situation en Syrie par la force, par une ingérence militaire, (était) vouée à l'échec et aurait de lourdes conséquences humanitaires".

 

 

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Le président français François Hollande a estimé mercredi que la France avait "apporté des éléments de preuve" sur l'utilisation de gaz sarin en Syrie "qui obligent la communauté internationale à agir".
"Nous ne pouvons agir que dans le cadre de la légalité internationale", a cependant déclaré le président français devant la presse, après avoir reçu à l'Unesco le prix Félix...

commentaires (8)

Ils l'ont sûrement fait parce qu’ils en sont Capables.... Le Monnnde Entier déjà le savait !

Antoine-Serge KARAMAOUN

04 h 51, le 06 juin 2013

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Commentaires (8)

  • Ils l'ont sûrement fait parce qu’ils en sont Capables.... Le Monnnde Entier déjà le savait !

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    04 h 51, le 06 juin 2013

  • que la France d'hollandouille agisse donc, poltrons va !

    Jaber Kamel

    00 h 30, le 06 juin 2013

  • La bonne blague!! Ce sont les terroristes qui utilisent les armes chimiques et c'est le pouvoir qui es est responsable??On va encore nous sortir une fiole comme avait fait honteusement l'américano-cubain Powell à l'onu?? Il faut vraiment arrêter de déconner, y a plus un être humain qui vous croit sur la planète terre... essayez donc sur mars, je vous le donne en 8.

    Ali Farhat

    22 h 47, le 05 juin 2013

  • Réagir et en même temps ne pas bloquer la conférence éventuelle de la paix, une logique malsaine pour une politique impuissante occidentale concernant le partage du gâteau entre les grandes puissances . Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    15 h 13, le 05 juin 2013

  • SAVEZ-VOUS PLANTER DES CHOUX ?, À LA MODE... À LA MODE... ? SAVEZ-VOUS VOUS TAIRE AUSSI, À LA MODE DE CHEZ VOUS ?

    SAKR LOUBNAN

    14 h 45, le 05 juin 2013

  • L'ABRUTISSEMENT À LA MODE ! PAS DE CHEZ NOUS, MAIS DE CHEZ VOUS !

    SAKR LOUBNAN

    14 h 42, le 05 juin 2013

  • Ah ces anglais...y supportent pas que Français aient parlé en premier....et maintenant,vous allez faire quoi?obliger les journalistes du Times à faire un faux reportage comme ceux du Monde? Avec figurants masqués et tout et tout....peut-être même un gazé en train de mourir la bave aux lèvres façon hollywood?Peut-être même avec un prisonnier de l'armée Bachariste qui avouera avoir tiré lui même les obus chargés de gaz?mais mes pauvres messieurs,depuis les WMD de Saddam,plus personne ne vous croit...rigolos!

    GEDEON Christian

    14 h 40, le 05 juin 2013

  • Et moi j'ai des preuves philosophiques et mythologiques de l'utilisation de gaz sarin. Et je vous les remet immédiatement, c'est par rapport à une défaite des mercenaires et de leurs sponsors sur le terrain, qui ayant observé la tactique militaire des résistants ont tellement balisé qu'ils ne peuvent pas dire autre chose que des conneries de cette espèce, ça c'est le philosophique, et à force de crier au loup en Irak il se trouve que le crier en Syrie ça ne marchera plus, ça c'est le mythologique.

    Jaber Kamel

    13 h 01, le 05 juin 2013

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