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Liban - L’éclairage

L’insécurité sur commande

Les incidents qui se multiplient ces jours-ci au Liban – attentats ciblés, affrontements, chutes d’obus –, en rapport direct ou indirect avec la guerre en Syrie, portent diverses sources à croire qu’il s’agit d’actions menées sur commande à distance dans des objectifs politiques bien précis.


Un haut responsable du pouvoir judiciaire pense ainsi que les attaques lancées au cours des dernières heures contre des dignitaires religieux sunnites, relevant les uns du 8 Mars et les autres des milieux salafistes, pourraient viser à déclencher une guerre sunnito-sunnite comme alternative au conflit sunnito-chiite.


En outre, à l’heure où, après avoir longtemps appelé le Liban à respecter ses échéances constitutionnelles, des diplomates occidentaux accrédités au Liban faisaient preuve de compréhension à l’égard de la décision des députés de proroger leur mandat, des sources ministérielles ont affirmé que les heurts de ces dernières semaines à Tripoli, la tension à Saïda, les incidents de la Békaa et même la chute des deux roquettes il y a une semaine sur la lisière de la banlieue sud sont des actions commandées à distance dans le but d’empêcher la tenue des élections législatives.
Pour ces mêmes sources, rien n’empêche que la carte sécuritaire ne soit également exploitée par certaines parties pour influer sur le dossier de la formation du gouvernement. De fait, puisque l’on a réussi, sur fond de troubles sécuritaires, à rallier la majorité des députés à la prorogation de longue durée de la législature, il ne serait pas difficile à certains de recourir à la même méthode pour faire pression sur le Premier ministre désigné, Tammam Salam, et le contraindre à abandonner les principes qu’il a fixés au sujet de la composition de son cabinet.


Toujours dans la même optique, ces sources craignent aussi que la carte sécuritaire ne soit utilisée pour tenter d’intimider les membres du Conseil constitutionnel qui doivent se prononcer sur la constitutionnalité de la loi de prorogation.


De manière plus précise, les observateurs se penchent sur les incidents qui se produisent dans la Békaa et notamment les heurts qui se sont déroulés en fin de semaine entre le Hezbollah et des rebelles syriens en territoire libanais. Là aussi, on décèle une traduction directe de la teneur des propos tenus par le président syrien Bachar el-Assad, dans sa dernière entrevue de presse, lorsqu’il s’est gaussé de la politique de « distanciation » pratiquée officiellement par le Liban.
Pour M. Assad, le Liban n’est pas en mesure de se distancier lorsque la Syrie est, comme il l’affirme, la cible d’un « complot mondial ».
Ces propos et les incidents qui ont suivi portent des diplomates à craindre que l’objectif ne soit, à nouveau, de permettre au régime syrien d’exploiter la carte de la sécurité au Liban dans les négociations qui se dérouleront lors de la conférence de Genève 2.


Dans ce cadre, Damas tenterait une nouvelle fois d’obtenir de la communauté internationale qu’elle lui confie la carte libanaise. Mais un député du courant du Futur estime que cette tentative est anachronique et que la communauté internationale n’est nullement bien disposée à cet égard.
Quoi qu’il en soit, c’est le comportement du Hezbollah qui retient ces jours-ci l’attention des milieux diplomatiques. On y décèle une forme d’embarras chez les responsables du parti chiite et des différences dans les justifications données sur la participation des miliciens du Hezb aux combats en Syrie.
Ainsi, on souligne que le numéro deux, cheikh Naïm Kassem, avait dit que cette participation avait pour but de « protéger les arrières de la résistance » et non pas de soutenir le régime syrien. Quant au secrétaire général, Hassan Nasrallah, il avait une première fois évoqué la protection des Libanais vivant dans des villages du côté syrien de la frontière, puis, ultérieurement, il avait parlé d’une guerre par anticipation contre « les takfiristes ».


Cette participation directe du Hezbollah au conflit syrien complique d’autant plus le processus de formation du gouvernement que personne au sein du 14 Mars n’est disposé à siéger aux côtés d’un parti en passe d’être inclus un peu partout sur la liste des organisations qualifiées de terroristes.

 

 

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