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À La Une - Entretien

Assad : Le Hezbollah ne combat pas en Syrie pour défendre le régime

Le président syrien parle d'une "pression populaire" pour ouvrir le front du Golan.

Capture d'écran montrant le président syrien Bachar el-Assad lors de l'entretien avec la chaîne de télévision al-Manar, organe du Hezbollah libanais. AFP

Alors que les combattants du Hezbollah prennent part depuis plusieurs mois aux combats aux côtés de l'armée syrienne dans la ville stratégique de Qousseir, proche de la frontière libanaise, le président syrien Bachar el-Assad a affirmé, dans un entretien diffusé jeudi soir, que le Hezbollah ne combat pas en Syrie "pour défendre le régime".


"Pourquoi n'avons nous pas vu de combattants du Hezbollah à Alep, à Damas ou à Homs ?", s'est interrogé M. Assad, dans un entretien avec la chaîne de télévision al-Manar, organe du Hezbollah. "Si le Hezbollah veut défendre la Syrie, combien de combattants doit-il envoyer ? 1.000, 2.000 ?", a-t-il ajouté.

"Il s'agit d'une guerre impliquant plus de 100.000 combattants sur le terrain, le Hezbollah ne peut pas protéger le régime syrien (...)", a estimé M. Assad. Selon lui, l'objectif des accusations contre le Hezbollah est d'"étrangler la résistance".

Le président syrien a cependant estimé que "la résistance est la force du Liban". "Dans le temps, certains disaient que la force du Liban c'est sa faiblesse, mais les victoires du pays du Cèdre ont prouvé que cela n'est pas vrai", a affirmé M. Assad.

Déclenchée en mars 2011 par une révolte populaire qui s'est militarisée face à la répression, la guerre en Syrie oppose l'armée à une rébellion hétéroclite composée de dissidents, de civils ayant pris les armes et d'étrangers jihadistes.

Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah a officiellement reconnu le 30 avril dernier la participation de ses combattants aux côtés de l'armée syrienne pro-Assad dans plusieurs régions, notamment celles qui sont proches de la frontière libanaise.


(Reportage : Ces Libanais prêts à mourir pour le Hezbollah en Syrie...)

Le président syrien a également estimé que le Liban a joué un rôle négatif dans la crise syrienne. "Le Liban a-t-il réussi à empêcher l'implication de certains Libanais dans le conflit en Syrie. A-t-il réussi à empêcher le transfert d'armes aux terroristes ? A-t-il réussi à se protéger de la crise ?", s'est interrogé M. Assad.
Il a aussi fait la distinction entre la politique de distanciation du gouvernement libanais et la distanciation du Liban de la crise syrienne. "Lorsque la maison de votre voisin brûle, vous ne pouvez pas dire que cela ne vous concerne pas car le feu va éventuellement se propager", a-t-il dit.

Bachar el-Assad a, par ailleurs, assuré qu'il est "confiant de la victoire" et que son régime "continuera à soutenir la résistance libanaise" (Hezbollah).

Selon lui, les négociations politiques en vue de trouver une solution au conflit en Syrie "pourraient échouer".

"C'est une probabilité car il y a plusieurs pays qui tentent d'entraver les négociations", a lancé M. Assad en référence à la conférence internationale de paix proposée par Washington et Moscou.
Cette conférence, à laquelle le régime a donné son accord de principe, vise à réunir opposition et pouvoir pour tenter de trouver une solution politique au conflit qui en 27 mois a fait plus de 94.000 morts et poussé à la fuite plus de 5 millions de Syriens.

Jeudi, l'opposition syrienne a, au bout d'une semaine d'âpres tractations à Istanbul, exclut sa participation à cette conférence tant que "des militants iraniens et du Hezbollah (libanais) envahissent la Syrie".
L'opposition réclame toujours le départ d'Assad pour ouvrir la voie à une solution politique au conflit.

Mais Bachar el-Assad a affirmé jeudi qu'il n'hésiterait pas à se présenter à la présidentielle de 2014 si le peuple le voulait. "Cette question sera décidée au moment voulu (...) si je sens qu'il y a une nécessité de me porter candidat, et cela sera décidé après avoir consulté le peuple, je n'hésiterai pas à le faire", a déclaré le chef de l'Etat.

"Pression populaire" pour ouvrir le front du Golan
Le président Assad a fait état lors de l'entretien d'une "véritable pression populaire" pour ouvrir le front du Golan avec Israël, qui occupe ce plateau depuis 1967. "Il y a une pression populaire claire pour ouvrir le front de résistance (contre Israël) au Golan (...) Il y a plusieurs facteurs, (dont) les agressions israéliennes répétées", a indiqué M. Assad.

Début mai, Israël avait mené deux frappes aériennes en 48 heures en Syrie. Ces frappes auraient visé des armes destinées au Hezbollah libanais.

Dans ce contexte, il a assuré que Damas va riposter à toute nouvelle attaque israélienne. "La réponse à une attaque israélienne doit être une riposte stratégique, a estimé M. Assad. Nous avons informé les autres pays que nous allons répondre à toute frappe israélienne par une autre frappe, cela va dépendre des circonstances", a-t-il poursuivi.

Le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah avait affirmé, dans son discours le 9 mai dernier, que son parti allait aider Damas à libérer le Golan. "Vous avez lancé une guerre contre la Syrie pour l'affaiblir, vous avez donc ouvert la voie à la création d'une résistance populaire pour la libération du Golan occupé, avait déclaré Hassan Nasrallah. Puisque la Syrie est restée aux côtés du Liban durant la guerre, nous allons rester à ses côtés et lui fournir un soutien militaire et logistique pour libérer le Golan occupé", avait-il dit.

 

(Reportage : Dans le caza de Baalbeck, presque chaque localité a perdu un combattant du Hezbollah à Qousseir)

 

Des missiles russes à la Syrie

Par ailleurs, le président syrien Bachar el-Assad a admis implicitement avoir reçu de son allié russe des systèmes sophistiqués de défense anti-aérienne.

"Tous les accords passés avec la Russie seront honorés et une partie l'a déjà été dernièrement", a-t-il révélé.

"Le reste de la cargaison arrivera prochainement", a poursuivi M. Assad.

 

La confirmation de la livraison de missiles russes S-300 pourrait encore faire monter la tension dans la région où une contagion du conflit est redoutée par les observateurs.


Les autorités russes avaient fait savoir mardi qu'elles ne renonceraient pas à la livraison de missiles sol-air à la Syrie en dépit des objections occidentales. Le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov a justifié mardi leur livraison prévue en estimant qu'ils visaient à dissuader toute velléité d'intervention extérieure dans le conflit. Selon le Wall Street Journal, l'accord de vente des missiles remonte à 2010.

Moscou a également estimé que la levée par l'Union européenne de l'embargo sur les livraisons d'armes aux insurgés posait "de sérieux obstacles" à la conférence internationale de paix sur la Syrie baptisée "Genève-2", qu'elle prépare avec les Etats-Unis.

 

Ces missiles ultra-modernes peuvent détruire des avions ou des missiles guidés, et selon le ministre israélien des Affaires stratégiques Youval Steinitz, ils peuvent atteindre des avions au-dessus du principal aéroport israélien.

Interrogé sur cette affaire, le ministre israélien de l'Eau et de l'Energie Sylvan Shalom a indiqué qu'Israël ne veut pas provoquer "d'escalade" militaire avec la Syrie, mais ne permettra pas le transfert d'armes "stratégiques", notamment au Hezbollah. Mercredi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait demandé aux membres du gouvernement de faire silence sur ce dossier pour tenter de réduire la tension avec la Syrie et Moscou.

L'Etat hébreu a mené début mai deux raids aériens sur des cibles militaires près de Damas, disant vouloir empêcher un transfert d'armes au Hezbollah.

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