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À La Une - Éclairage

Ce que « le sayyed » n’a pas dit...

Après les tirs contre l’armée à Tripoli, c’est de nouveau Ersal qui est le théâtre d’une agression contre la troupe. Selon une source militaire autorisée, la méthode et la nature de l’agression rappellent étrangement celles de la première attaque contre une position de l’armée à l’entrée du camp de Nahr el-Bared en 2007. Selon toute probabilité, ajoute la même source, les agresseurs appartiennent à la même mouvance, celle des intégristes salafistes de Fateh al-Islam, du Front al-Nosra et alliés ; bref en gros, d’après cette source, ceux qui se battent aujourd’hui dans les rangs de l’opposition syrienne de l’autre côté de la frontière ; et qui commencent à avoir pignon sur rue au Liban, notamment dans le jurd de Ersal, qui est une vaste étendue montagneuse et difficile d’accès.

 

L’enquête militaire se poursuit, mais des sources proches du 8 Mars sont convaincues qu’il ne s’agit nullement d’une attaque isolée. Selon ces sources, le plan est clair, il s’agit de pousser l’armée à se retirer de cette région, dans laquelle elle a renforcé sa présence après la première attaque qui l’a visée suite à l’arrestation d’un repris de justice, il y a près de trois mois. Depuis que l’armée syrienne, aidée par le Hezbollah, est en train d’avancer dans la région de Qousseir, les unités de l’opposition syrienne auraient ainsi décidé de s’étendre du côté du sud-est pour se rabattre sur Damas et elles ont besoin, pour cela, d’avoir une liberté de circulation dans le jurd de Ersal et ses environs. Il s’agirait donc de neutraliser l’armée à Ersal, après avoir tenté de la discréditer au Nord, en la considérant non plus comme une force d’interposition, mais une partie au conflit.

 

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Les sources du 8 Mars affirment qu’en décidant de participer à la bataille de Qousseir, le Hezbollah n’a pas agi par souci d’aider l’armée syrienne, mais parce qu’il estime que cette région est vitale pour lui. Depuis quelques mois, Qousseir et son rif (banlieue) sont devenus le principal fief de l’opposition, et en particulier du Front al-Nosra, dans la province centrale de Homs qui est au cœur de la Syrie et le lien de passage entre le Nord et le Sud, l’Est et l’Ouest, le littoral et la montagne. Qousseir étant à quelques kilomètres de la frontière libanaise, les combattants du Front al-Nosra ont commencé ainsi à circuler dans les régions montagneuses entre le Liban et la Syrie, qu’on appelle communément le jurd de Ersal. La première agression contre l’armée dans cette zone était d’ailleurs assez significative de l’implantation des cellules salafistes dans cette région. Or, si cette zone devait passer totalement sous leur contrôle, ils deviendraient ainsi les maîtres de la fameuse route de Damas qui coupe le Liban d’ouest en est et sépare le Sud du centre. Plus même, elle constitue, pour le Hezbollah, la porte du Sud, via la Békaa-Ouest et celle du centre. Bref, il s’agit d’une zone stratégique pour la résistance, que le Front al-Nosra ne s’est d’ailleurs pas privé de menacer, certains de ses membres allant même jusqu’à déclarer qu’après avoir « dégommé Assad, viendra le tour de Nasrallah ».

 

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Les sources du 8 Mars poursuivent leur analyse, en expliquant que le Hezbollah ne pouvait pas rester les bras croisés en attendant que le Front al-Nosra achève de prendre le contrôle de Qousseir pour ensuite s’étendre au Liban. Il a donc décidé d’intervenir directement dans la bataille, en prenant soin d’éviter que les combats ne se déroulent en territoire libanais. D’abord parce qu’il s’agit d’une tactique militaire avérée qui consiste à combattre l’ennemi sur son propre territoire et, dans le même ordre idée, pour éviter les conséquences de tels combats sur la scène interne libanaise. La décision a donc été prise de participer à la bataille de Qousseir et il s’agit d’une question à la fois stratégique et idéologique, les combattants du Front al-Nosra ayant eux-mêmes déclaré auparavant leur hostilité envers la résistance. Il y avait donc, selon les sources du 8 Mars, une menace directe en plus d’un conflit idéologique. C’est pourquoi le Hezbollah a pris la décision de combattre à Qousseir, menant en quelque sorte une guerre préventive et préférant se rendre en Syrie, plutôt que d’affronter les combattants du Front al-Nosra au Liban et d’attendre qu’ils y aient établi des structures efficaces. En même temps, le secrétaire général du Hezbollah l’a bien dit dans son dernier discours, que ceux qui veulent aider l’opposition aillent se battre à ses côtés en Syrie, mais laissons le Liban de côté.


Les sources du 8 Mars ajoutent que pour le Hezbollah, il n’est pas question de se rétracter. Il considère la bataille de Qousseir comme un enjeu véritable pour la résistance et il n’est pas question pour lui de se retirer au milieu du chemin ou de se laisser entraîner dans une bataille de positions, avec des lignes de démarcation et une sorte de guerre d’usure. Les combattants sont aussi convaincus que leur commandement de la justesse de cette bataille et, comme l’a déclaré sayyed Nasrallah dans son dernier discours, les volontaires sont nombreux pour y participer, les parents étant tout aussi engagés que leurs enfants. Tous les témoignages des parents des jeunes du Hezbollah tombés à Qousseir vont dans ce sens et montrent une grande détermination à mener cette bataille jusqu’au bout.
Le Hezbollah a donc fait son choix, convaincu que s’il laisse faire, il sera la prochaine cible du Front al-Nosra et de ceux que Nasrallah a appelés « les takfiristes ». D’ailleurs, le tollé international soulevé contre sa participation aux combats de Qousseir est une preuve de plus, s’il en est encore besoin, de l’importance de cette bataille sur le cours global des développements.

 

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