L’armée et le Hezbollah avaient lancé dimanche l’assaut sur cette ville stratégique aussi bien pour les rebelles que pour le régime, contrôlant au fur et à mesure le sud, l’est et l’ouest. Le secteur est de la ville, déserté totalement par les habitants, s’est transformé en une véritable caserne. Des véhicules lourds, des postes et des fortifications sont présents dans chaque rue, à chaque tournant et des soldats sont postés sur tous les immeubles donnant sur la partie nord. L’armée contrôle désormais l’autoroute liant Qousseir à Baalbeck, au Liban, selon les militaires.
Lavrov + Kerry
Sur le plan diplomatique, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, et le secrétaire d’État américain, John Kerry, ont à nouveau évoqué ensemble, hier, l’organisation d’une conférence de paix sur la Syrie. Moscou et Washington semblent faire chacun de leur côté pression sur le régime et sur l’opposition pour qu’ils acceptent une telle initiative. Ni la Coalition nationale syrienne (CNS) ni le gouvernement de Bachar el-Assad n’ont pour l’instant donné leur réponse, même s’il se dit à Istanbul, où la CNS est réunie depuis jeudi, comme à Moscou, fidèle allié du régime de Damas, qu’elle devrait être positive. Ainsi, les obstacles à lever pour convaincre toutes les parties syriennes de se rendre à Genève, où la conférence pourrait se tenir en juin, ont été au cœur de l’entretien téléphonique entre MM. Lavrov et Kerry, a indiqué le ministère russe des Affaires étrangères. MM. Kerry et Lavrov, qui s’étaient rencontrés le 7 mai à Moscou à ce sujet, se retrouveront lundi à Paris pour un entretien privé, a-t-on appris de source américaine autorisée. Le ministre français des AE, Laurent Fabius, participera à cet entretien.
Accord de principe
Hier, la Russie a assuré que M. Assad avait donné son accord de principe pour participer aux négociations. « Damas a fait part de sa volonté de principe de participer à la conférence internationale afin que les Syriens trouvent par eux-mêmes une voie politique menant à une solution », a ainsi dit le porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères. L’opposition devrait également accepter de se rendre à la conférence déjà baptisée « Genève II », ont déclaré des dirigeants de la CNS, même si cette dernière n’est toujours pas parvenue à s’entendre sur un plan de transition du pouvoir lors de sa réunion de trois jours en Turquie. Selon Bourhan Ghalioun, un des candidats à la présidence de la CNS, en remplacement du démissionnaire Moaz al-Khatib, l’opposition ne veut pas laisser M. Assad tirer un avantage politique de cette réunion, même si elle ne se fait aucune illusion sur son issue. La CNS est favorable à « toute conférence qui aide à faire passer la situation de la dictature à un gouvernement issu des élections », a ajouté un de ses porte-paroles, Khaled Saleh.
Opposition divisée
L’insistance de Washington et Moscou à organiser cette réunion n’est semble-t-il pas du goût de tout le monde, en particulier de l’Arabie saoudite, un des principaux soutiens des rebelles. « L’Arabie saoudite n’est pas contente que la conférence de Genève n’ait pas l’air de se diriger vers un départ immédiat d’Assad », a confié un dirigeant de la CNS.
Mais la CNS elle-même ne parvient pas à s’entendre sur un plan de transfert du pouvoir crédible. Dans une nouvelle tentative, M. Khatib a publié sur sa page Facebook un plan en 16 points qui appelle M. Assad à transférer ses pouvoirs à son vice-président ou à son Premier ministre, puis à partir à l’étranger avec 500 membres de son entourage. Mais cette proposition n’a semble-t-il pas soulevé l’enthousiasme des autres membres de la Coalition. « (Moaz al-Khatib) a le droit de faire des propositions, mais celle-là va terminer directement dans la poubelle de l’histoire. C’est un succédané de sa précédente proposition qui n’avait mené nulle part », a réagi l’un d’eux.
Autre difficulté pour l’opposition : résoudre rapidement ses divisions internes en se trouvant un nouveau chef et élargir sa composition pour contrebalancer l’influence des islamistes, une demande insistante des pays occidentaux. « La communauté internationale marche un peu plus vite que l’opposition. Elle veut voir une liste complète de participants du côté syrien pour Genève et cela veut dire que la Coalition doit mettre en ordre ses affaires », note un diplomate européen. Outre Bourhan Ghalioun, plusieurs opposants sont pressentis pour succéder à M. Khatib : Ahmad Toumeh Kheder, originaire de la province de Deir ez-Zor, frontalière avec l’Irak ; Louaï al-Safi, un professeur qui a enseigné aux États-Unis ; ou encore le président par intérim de la CNS, Georges Sabra, un chrétien qui avait pris la tête des manifestations pour la démocratie au tout début du soulèvement.
(Sources : agences et rédaction)
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