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À La Une - Liban

Tripoli s’embrase : 17 morts et 150 blessés en l’espace de quelques jours

Après une trêve qui aura duré quelques heures seulement, entrecoupée de tirs intermittents et de l’action des francs-tireurs, les combats devaient reprendre de plus belle en soirée.

La société civile revient à la charge pour dénoncer les violences dans la capitale du Nord.

Au moins six personnes ont été tuées dans la nuit de mercredi à jeudi à Tripoli, au Liban-Nord, lors des combats, les plus violents à ce jour, entre partisans et opposants du régime syrien.


« De très violents combats se sont déroulés la nuit dernière jusqu’à 5h qui ont fait six morts et 40 blessés. Les accrochages et les obus ont atteint plusieurs quartiers de la ville, y compris au centre », a affirmé jeudi à l’AFP une source au sein des services de sécurité.


Depuis plusieurs jours, des combats meurtriers opposent les habitants du quartier sunnite de Bab el-Tebbaneh, favorables aux rebelles syriens, à ceux du secteur alaouite de Jabal Mohsen, qui défendent le régime de Damas. Mais depuis dimanche, les bombardements et les tirs d’obus touchent désormais d’autres quartiers de la ville, faisant plusieurs victimes, dont certaines, des civils, ont été touchées par les balles des francs-tireurs qui sévissent en parallèle depuis le début des affrontements. Dix-sept personnes, dont deux soldats, ont été tuées et près de 150 autres ont été blessées – certaines sources avancent le chiffre de 190 – au total en quatre jours.

 

(Reportage : Sunnites et alaouites libanais se déchirent comme en Syrie)


« Depuis dimanche, des quartiers de Tripoli, épargnés depuis 1985, ont été soumis à des bombardements. Cette guerre est la continuation de celle de 1985 que la Syrie avait menée contre nous », a affirmé Amine al-Qabbout, le moukhtar du quartier sunnite de Qobbeh. En 1985, de très violents combats avaient opposé des sunnites de Tripoli à l’armée syrienne qui avait bombardé la ville pendant plusieurs jours.
« L’outil politique qui mène la guerre est le même, c’est le Parti arabe démocratique (PAD) », prosyrien, a-t-il dit. Le PAD accuse en revanche les sunnites d’avoir déclenché les combats.
Dans un entretien accordé à la LBC, un cheikh salafiste, Nabil Rhim, a affirmé que la bataille a commencé lorsqu’une voiture qui se trouvait du côté de Bab el-Tebbaneh a tiré en direction de Jabal Mohsen, soulignant que celui qui se trouvait à bord du véhicule « est connu ».


« Après le premier cessez-le-feu et le déploiement de l’armée, des éléments armés à Jabal Mohsen ont commencé à tirer en direction du quartier de Bab el-Tebbaneh. Trois personnes ont été tuées (...) dont un enfant et le muezzin de la mosquée al-Jihad. Cet incident a fini par envenimer la situation », a-t-il dit.
Quelques heures plus tard, la voiture de cheikh Rhim est touchée par les balles des francs-tireurs alors qu’il se rendait à Bab el-Tebbaneh. Le dignitaire sunnite a été épargné et sa vie est sauve. Après une trêve qui aura duré quelques heures seulement, entrecoupée de tirs intermittents et de l’action des francs-tireurs, les combats devaient reprendre de plus belle en soirée.

 

 

Une vidéo diffusée mercredi soir sur YouTube qui montrerait les accrochages armés entre des combattants de Bab el-Tebbané et de Jabal Mohsen.

 

 

Selon la LBC, les habitants de Tripoli s’attendaient hier soir à une nuit chaude. Pour sa part, la MTV a diffusé en soirée une information selon laquelle les membres du courant salafiste s’apprêtaient à prendre part aux combats, selon un communiqué qui serait parvenu à la chaîne. Interrogé par L’Orient-Le Jour, cheikh Nabil Rhim a démenti l’information, soulignant qu’aucun responsable salafiste n’avait fait pareille déclaration.


En soirée, le bureau d’orientation au sein de l’armée a publié un communiqué dans lequel il affirme que trois militaires ont été blessés lorsqu’un poste de l’armée à Dahr el-Magher a été la cible de coups de feu. Deux autres soldats qui se trouvaient à bord d’un véhicule civil ont également été touchés par des tirs, poursuit le communiqué qui indique que la troupe a riposté avant d’entamer de larges perquisitions pour rechercher les coupables.


Impraticable depuis quelques jours, la route internationale reliant Tripoli au Akkar est restée fermée à la circulation pour des raisons de sécurité, ainsi que les commerces de la ville, les institutions publiques, les écoles et les universités, fonctionnaires et employés se trouvant dans l’impossibilité de parvenir à leur lieu de travail. Terrifiés par les violences des deux derniers jours, plusieurs habitants ont abandonné leur domicile pour se diriger vers des endroits plus sûrs.


Au cours de la journée, les réunions entre responsables politiques et sécuritaires se sont succédé, sans résultat concret. Une première réunion a regroupé le chef du gouvernement sortant, Nagib Mikati, et le directeur des FSI par intérim, le général Roger Salem. Ce dernier a par ailleurs présidé une réunion de sécurité au bureau du commandant de la région Nord, le général Mahmoud Anan, en présence de plusieurs responsables. Le général Salem a qualifié la situation « d’extrêmement dangereuse ».
« C’est la première fois que nous témoignons d’événements aussi violents et d’un nombre aussi élevé de morts et de blessés », a-t-il dit, soulignant que les équipes des FSI ont été renforcées à Tripoli.
Interrogé sur la couverture politique assurée par certaines parties aux combattants à Tripoli, le général Salem a affirmé que ces derniers « ne bénéficient d’aucune couverture politique ». « Ils en font à leur guise et sont influencés par la situation qui prévaut désormais en Syrie », a-t-il dit.
« Nous allons tenter d’assainir la situation dans la mesure du possible, au moins dans les localités qui se trouvent loin de la zone des combats, pour protéger les citoyens », a-t-il promis.


Le général Salem s’est en outre entretenu avec son prédécesseur, le général Achraf Rifi, alors qu’une autre réunion se tenait entre les parlementaires de la ville. Ces derniers ont insisté sur la nécessité de « faire preuve de fermeté avec les éléments armés ».


Pour sa part, M. Mikati, qui a poursuivi ses contacts tout au long de la journée, a affirmé que « le complot fomenté à Tripoli vise, en partie, à embarrasser l’armée pour la bouter hors de la ville afin de laisser le terrain libre aux combattants ».


Les directeurs des hôpitaux et les postes de secours à Tripoli ont également tenu une réunion élargie avec les responsables sécuritaires de la ville pour évoquer les attaques perpétrées contre les services de secours et les médecins aux urgences.
Dans un communiqué publié à l’issue de la réunion, le président de l’ordre des médecins de Tripoli, Élie Habib, a donné lecture d’un communiqué dans lequel il affirme, au nom de tous les participants, « l’impossibilité pour les hôpitaux de continuer à assurer les services requis à l’ombre des agressions qui ont lieu ».
« La situation qui prévaut depuis quelque temps dans la ville de Tripoli a engendré des incidents dangereux au cours desquels la sécurité des médecins et des secouristes est devenue dépendante des lubies des éléments armés et des parents des blessés qui n’hésitent pas à recourir à la violence à l’intérieur même de l’hôpital », précise le texte, qui indique que l’un des hôpitaux de la ville a déjà pris la décision de fermer le service des urgences.
« D’autres institutions pourraient être contraintes à leur tour de faire de même », a prévenu le médecin.

 

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