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À La Une - Syrie

Le Hezbollah entraîne le Liban dans la guerre, avertit Washington

Préparation à Amman de « Genève 2 » ; l’opposition appelle tous les rebelles à rejoindre Qousseir.

Funérailles d'un combattant du Hezbollah, Hussein Ahmad Abu Hasan, dans la banlieue sud de Beyrouth. De nombreux combattants du Hezbollah ont été tués lors des combats à Qousseir, en Syrie, en se battant aux côtés des soldats de Bachar el-Assad. REUTERS/Issam Kobeisy

Plusieurs pays dont les États-Unis ont appelé hier le président syrien Bachar el-Assad à s’engager pour la paix et quitter le pouvoir. Juste avant l’ouverture à Amman de la réunion des Amis du peuple syrien, qui rassemble les pays soutenant l’opposition, le secrétaire d’État américain John Kerry a appelé le président Assad à prendre un « engagement en faveur de la paix ». « Dans l’éventualité (...) où le régime Assad ne veut pas négocier de bonne foi (...), nous évoquerons également notre soutien incessant et croissant aux opposants », a averti M. Kerry. Ce dernier a par ailleurs fait état hier de la présence en Syrie de plusieurs milliers de combattants du Hezbollah disposant du soutien de l’Iran. Si le secrétaire d’État américain a reconnu que les forces loyalistes avaient ces derniers jours marqué des points sur le terrain, il a toutefois évoqué des « gains très provisoires », estimant dans la foulée que le Hezbollah, de par sa participation aux combats de Qousseir aux côtés du régime, entraînait le Liban dans la guerre.


De leur côté, le Qatar et la Grande-Bretagne ont également réclamé le départ de M. Assad. Le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague ainsi que le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius ont lié tout règlement en Syrie à un départ du président Assad, que ce dernier a de nouveau exclu récemment, alors qu’il s’agit d’une condition sine qua non pour l’opposition.

 

(Lire aussi : L’ONU invite les parties libanaises à ne pas s’impliquer en Syrie...)

 


Le Qatar virulent
Les Amis du peuple syrien étaient représentés hier par les ministres des AE de la Jordanie, de l’Arabie saoudite, des Émirats arabes unis, de l’Égypte, du Qatar, des États-Unis, de la Grande-Bretagne, de la France, de la Turquie, de l’Allemagne et de l’Italie. Le ministre qatari Hamad ben Jassem s’est montré particulièrement virulent à l’égard du président syrien. « Bachar el-Assad continue de tuer son peuple avec de l’aide extérieure et utilise des armes interdites », a-t-il dit à l’ouverture la réunion. « La Syrie est totalement détruite, tout ça pour que le régime reste en place », a-t-il ajouté. « Nous sommes avec vous, nous resterons avec vous », a-t-il assuré à l’adresse de l’opposition syrienne, également présente et représentée par son chef par intérim George Sabra. Au centre des discussions figure la conférence internationale dite de « Genève 2 », prévue en juin et initiée par les États-Unis et la Russie pour tenter de mettre fin à la guerre civile. Cette conférence de paix vise à « mettre fin au bain de sang qui a coûté des dizaines de milliers de vies », a souligné M. Kerry, ajoutant : « Je n’ai pas d’illusion quant à la difficulté de parvenir à emprunter cette voie. » Une première réunion à Genève en juin 2012 avait débouché sur un texte prévoyant un processus de transition politique, mais sans se prononcer sur le sort de M. Assad.

 


Lavrov et Moqdad
Parallèlement, l’ambassadeur syrien en Jordanie a fustigé hier la réunion à Amman. « C’est une réunion des ennemis de la Syrie, ou des amis d’Israël », a déclaré Bahjat Souleimane, affirmant que le régime du président Assad « se défendait et continuera à combattre les instruments d’Israël dans la région. Nous comprenons les pressions auxquelles la Jordanie fait face, mais le royaume ne devrait pas s’impliquer dans la guerre en Syrie. La sécurité d’Amman est liée à la sécurité de Damas », a-t-il encore estimé. Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov avait plutôt salué la réaction « constructive » du régime Assad de par sa participation à la conférence « Genève 2 » en recevant à Moscou le vice-ministre syrien des Affaires étrangères Fayçal Moqdad. « La situation exige la fin immédiate des combats et le début d’un dialogue politique », a ajouté M. Lavrov. Il a par ailleurs estimé que l’enlèvement la semaine dernière en Syrie du père octogénaire de M. Moqdad visait à « faire échouer » le dialogue politique. De son côté, l’opposition, minée par les divisions, doit se réunir aujourd’hui à Istanbul pour élire un nouveau chef et décider de sa participation à la conférence internationale.
 


Corridor humanitaire
La réunion des Amis de la Syrie devait être aussi l’occasion de discuter des moyens d’aider les rebelles qui subissent un assaut d’envergure de l’armée dans l’ouest du pays. Le chef de l’opposition syrienne George Sabra a en effet appelé l’ensemble de la rébellion à aller défendre Qousseir, ville stratégique tenue par les insurgés, face à l’assaut lancé dimanche par l’armée régulière, épaulée par le Hezbollah. « Nous appelons la communauté internationale à ouvrir un corridor humanitaire pour sauver les blessés et fournir des médicaments et une assistance » aux dizaines de milliers d’habitants qui sont assiégés, a encore plaidé M. Sabra. Actuellement, l’armée, forte de son aviation, de ses supplétifs et des troupes d’élite du Hezbollah, garde le dessus face aux rebelles faiblement équipés. Les pays occidentaux refusent d’armer les rebelles, de crainte que l’arsenal ne tombe entre les mains d’extrémistes. À ce sujet, le président François Hollande et le Premier ministre britannique David Cameron ont annoncé hier que Paris et Londres tenteront lundi de convaincre les Européens de lever l’embargo sur les armes à destination de l’opposition syrienne. Selon M. Hollande, « c’est cette pression militaire qui fera qu’il y aura une solution politique » en Syrie.
 


Le Hezb à Qousseir, « une erreur du matériel... »
Pendant ce temps, les forces loyalistes ont lancé hier encore un assaut contre un village au nord de la ville de Qousseir encore aux mains des rebelles, ont affirmé les militants de l’opposition sur le terrain. « Le village de Hamidiyé subit un assaut féroce de la part des milices de Bachar el-Assad et du Hezbollah », a affirmé le Comité de coordination de Qousseir. Les milices « essaient d’entrer dans le village, qui est la cible de violents bombardements et de tirs, mais l’Armée syrienne libre (ASL) résiste », a-t-il ajouté. Il s’agit d’une des trois localités encore aux mains des rebelles au nord de Qousseir, avec notamment l’aéroport militaire d’el-Dabaa. La correspondante de la télévision officielle syrienne à Qousseir a pour sa part affirmé que « la valeureuse armée continue d’avancer dans les quartiers est de Qousseir et mène des perquisitions maison par maison, ramassant les armes et les mines laissées par les terroristes ».

 

(Lire aussi : Le Hezb lève les couleurs du régime syrien rue Huvelin...)


Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), les affrontements se poursuivaient parallèlement à Qousseir où trois rebelles ont été tués. Au sujet de son intervention dans cette ville, le Hezbollah a affirmé hier qu’elle était due à... un matériel de navigation défectueux. Devant à l’origine se diriger vers le site de Sitt Zeinab, haut lieu du chiisme se trouvant au sud de Damas, les équipements défectueux auraient guidé un convoi du mouvement chiite dans la direction de Qousseir. Cette ville vivait depuis plusieurs jours déjà des combats opposant les rebelles aux troupes prorégime lorsque des centaines de membres armés du Hezbollah se sont retrouvés par erreur pris au piège entre les deux camps. Affirmant qu’ils avaient essuyé des tirs et qu’ils avaient été obligés d’y répliquer, le porte-parole du mouvement assure qu’il s’agit d’un malentendu et que le Hezb n’a aucune raison de combattre à Qousseir.
 


Prise d’un camp militaire
De même, quarante soldats et combattants prorégime ont été tués hier dans des combats avec les rebelles qui ont conquis un camp de l’armée proche de la localité de Nayrab, dans la province d’Idleb, d’après l’OSDH. L’armée utilisait cette base pour « bombarder de nombreuses localités de la région d’Idleb, faisant des centaines de morts et des milliers de blessés », selon l’OSDH qui précise qu’il servait également de centre de détention où « des dizaines de détenus sont morts sous la torture ».


Par ailleurs, l’ONU a une nouvelle fois appelé hier Damas à laisser ses experts enquêter en Syrie sur les armes chimiques, faisant état d’« informations de plus en plus nombreuses » sur l’utilisation de ces armes dans le conflit, sans toutefois donner de précisions sur ces informations ni sur leur fiabilité.

 

 

Pour mémoire

Mourir pour Qousseir, l'éditorial de Issa Goraieb

 

Deux batailles, un même K.-O., l'article d'Elie Fayad

 

De Qousseir à Beyrouth, un forcing pour encercler le Hezbollah, l'éclairage de Scarlett Haddad

Plusieurs pays dont les États-Unis ont appelé hier le président syrien Bachar el-Assad à s’engager pour la paix et quitter le pouvoir. Juste avant l’ouverture à Amman de la réunion des Amis du peuple syrien, qui rassemble les pays soutenant l’opposition, le secrétaire d’État américain John Kerry a appelé le président Assad à prendre un « engagement en faveur de la paix »....

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